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Des fêtes de fin d’année sans ski? La Suisse réagit aux propos de Macron

Emmanuel Macron a déconseillé aux Français d’aller skier à l’étranger pendant les fêtes de fin d’année. En Suisse, on hésite entre rire et énervement.

POLITIQUE – Redoutant une reprise de l’épidémie de Covid-19 au retour des congés de fin d’année, Emmanuel Macron a ciblé les vacanciers français en mal de poudreuse qui voudraient slalomer en dehors du territoire national où les domaines skiables resteront fermés. “S’il y a des pays de l’Union européenne et hors UE qui maintiennent des stations de ski ouvertes, il y aura des contrôles pour dissuader les Français” a averti le chef de l’État lors d’une conférence de presse ce mardi 1er décembre.

Dans le viseur d’Emmanuel Macron se trouve particulièrement la Suisse où cette annonce a été mal ressentie, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-suisse-fait-de-la-resistance-face-aux-gesticulations-de-macron-sur-le-ski_fr_5fc92470c5b68107712701f8

“On est assez résistants à la pression. Cela n’a pas d’impact sur nous. Nous attendons que l’on respecte nos décisions, c’est-à-dire de rester ouvert”, a ainsi réagi Bruno Huggler, le directeur de Crans-Montana, station touristique située dans le canton du Valais, interrogé mercredi 2 décembre par France 3 Alpes. Si la Suisse a déjà décidé d’ouvrir certaines stations, le détail et l’application du protocole sanitaire font encore débat.

“Les plus sévères parlent d’intimidation”

Mais c’est surtout au travers des journaux télévisés helvètes que s’est exprimé l’agacement. Le JT de la télévision publique RTS a ouvert ses deux dernières éditions du soir en pointant un soupçon d’ingérence de la France et en soulignant des contradictions dans la gestion de cet épisode. Seulement “8% des Français partent aux sports d’hiver” ironise le commentaire de la correspondante à Paris de la RTS qui se demande aussi “comment distinguer les [travailleurs] frontaliers des touristes frondeurs?”

Si aucune personnalité politique suisse n’intervient face caméra, le correspondant à Berne de la télé suisse, “ville fédérale” du pays, décrit ce qui se raconte en coulisses, entre rire et énervement. “Ici, on sourit gentiment tout en rappelant que la Suisse est un pays souverain (…) Alors c’est vrai, Emmanuel Macron agace. Les plus sévères parlent de gesticulation et d’intimidation”. Et d’annoncer qu’afin de ne pas refroidir ses relations avec ses voisins européens et pour que “la Suisse ne passe pas pour une profiteuse cet hiver si les stations sont ouvertes”, il a été décidé de ralentir “la promotion touristique pour éviter la polémique et la provocation”.

À la frontière suisse, côté français, le maire Les Républicains de Châtel, commune française partageant un domaine skiable avec la Suisse, exprime sa solidarité à l’égard de ses voisins montagnards. Interrogé à la fois par le JT de la chaîne locale Léman bleu et lors d’un long duplex sur la RTS, Nicolas Rubin s’en prend aux décisions françaises. “Pourquoi fixe-t-on le ski comme sanction lors du retour de Suisse? On pourrait aussi s’interroger sur les départs en vacances vers les plages à l’autre bout du monde et peut-être assigner aussi à résidence les Français au retour de ces endroits. C’est la montagne qui est pointée du doigt, et nous, on n’apprécie pas forcément”, peste-t-il.