Réparation pénale : un outil clé de la justice de proximité
Par son côté concret, la réparation pénale est bien adaptée aux jeunes pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse. Elle s’inscrit par ailleurs pleinement dans l’objectif de développement de la « justice de proximité ». Aussi, avec la réforme de la justice pénale des mineurs, le ministère de la Justice prévoit un renforcement des moyens financiers qui lui sont consacrés. Présentation du dispositif.
Réparer un préjudice vite et bien tout en donnant du sens à la peine pour éviter la récidive. Mission impossible ? Pas pour la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)… En 2019, 36.000 mesures de réparation pénale ont été suivies, contre 15.000 en 1999.
L’outil est bien adapté aux jeunes qui ont commis un premier acte de délinquance. « C’est une mesure concrète, pragmatique, qui apporte une réponse réactive et de proximité à l’acte commis », définit Christophe Smajda, directeur du pôle éducatif judiciaire de l’Association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte (ADSEA) de l’Oise. « Parler dans un bureau longtemps après les faits, cela n’est pas pertinent pour un jeune de 15 ans. Il faut une réponse qui ait un lien direct et rapide avec l’infraction pour que les adolescents prennent conscience de leurs actes. Et donc des modules diverses et adaptés », complète Valérie Longueira, éducatrice à Toulouse, qui enseigne la conduite et la sécurité routière.
Réfléchir puis agir
La réparation pénale peut être ordonnée à tous les stades de la procédure : par le parquet dans le cadre des alternatives aux poursuites ou par le juge des enfants, prononcée dans le cadre pénal. Elle est mise en œuvre par des services territoriaux de milieu ouvert ou par des services associatifs.
Concrètement, comment cela se passe ? Dans un premier temps, un travail de réflexion est mené sur l’acte commis avec l’adolescent, sa famille et un éducateur référent dans un service de réparation pénale. Les entretiens permettent de parler responsabilité, droits et devoirs du citoyen, impact sur la victime… « Le jeune va lui écrire une lettre d’excuse. Celle-ci sera jointe au rapport final à destination du parquet, qui pèsera en cas de jugement », explique Christophe Smajda.
Faire don de soi et réparer
L’éducateur définit ensuite le contenu individualisé de la mesure, l’activité en elle-même. Selon la faisabilité et le « timing », celle-ci peut donc être directe – le jeune répare directement les dommages commis, ou indirecte, au bénéfice de la société. « Pendant un à quatre ou cinq jours, le jeune fait don de soi et répare son acte. Il peut participer à des actions pour une association, une collectivité locale, etc. » explique Christophe Smajda. Ainsi, à Toulouse, des adolescents qui ont commis un délit routier peuvent aider des victimes d’accident de la route. En complément, ils suivent une session pédagogique au service territorial éducatif et d’insertion. « Ils ont deux questionnaires à remplir. L’un permet de resituer les circonstances du délit, de se mettre à la place de la victime. L’autre leur apporte des connaissances de base sur le code de la route, la mécanique, les risques encourus », détaille Valérie Longueira.
Un pas vers la réinsertion
Mais au-delà de l’aide apportée aux autres, les jeunes apprennent aussi le respect des consignes, le travail en équipe, des gestes techniques… Un pas vers la réinsertion. « Ils peuvent découvrir des métiers, des champs méconnus », ajoute Laurène Sergent, directrice de service du service territorial éducatif de milieu ouvert et d’insertion (STEMOI) Sud Seine-et-Marne. Dans ce service, des activités ponctuelles en forêt se sont peu à peu mues en actions soumises à convention avec l’Office national des forêts (ONF). Au programme : sensibilisation aux risques d’incendie, à la biodiversité et l’environnement… Pour aller plus loin, un partenariat a été signé en décembre 2020 pour mener des projets sur l’année, plus formalisés, avec un planning anticipé.
Vers une justice de proximité
Aujourd’hui, les réparations pénales s’inscrivent pleinement dans l’objectif de développement de la « justice de proximité » souhaité par Éric Dupond-Moretti. Pour y parvenir, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a prévu un renforcement des moyens financiers. En 2021, le budget de la protection judiciaire de la jeunesse augmente de 50 millions d’euros. L’autre levier – intimement lié aux moyens – est juridique : il s’agit du projet de code de la justice pénale des mineurs . La réforme vise, entre autres, à déployer les alternatives à la détention provisoire, être plus réactif dans les réponses apportées, à prendre mieux en compte la victime. Ce sera tout l’objet du module réparation et médiation de la mesure éducative judiciaire unique.