À la redécouverte des sculptures écorchées d’Heidi Bucher

De fil en aiguille, la couture l’avait conduite aux beaux-arts puis à la création de sculptures malléables. Heidi Bucher s’était ensuite frottée à l’architecture via le dépeçage de lieux chargés d’histoire. Une vaste rétrospective retrace cette œuvre méconnue du public. Venice Beach, Los Angeles, 1972. Quatre grandes sculptures en mousse synthétique glissaient sur le sable, dansaient puis tournoyaient, scintillant dans un halo de mystère. Émergeaient-elles de la mer ou d’une autre galaxie? De ces œuvres surgissaient des pieds, là une main, ici une tête qui dodelinait quand ces sculptures mouvantes s’inclinaient. L’application de ces nouvelles peaux leur donnait maintenant l’apparence d’un vêtement, d’une maison, d’un récipient. En arrière-fond, l’océan Pacifique se dissipait dans la brume tandis qu’Heidi Bucher filmait ces scènes animées avec le clapotis des vagues pour bande-son. Avec son mari Carl et ses fils Mayo et Indigo, elle avait exploré sur cette plage les possibilités…