L’exposition « Un combat capital » est prolongée au Panthéon
Ouverte au Panthéon depuis le 9 octobre 2021, l’exposition « Un combat capital – 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France » est prolongée jusqu’au 13 février 2022. Conçue et imaginée par le ministère de la Justice avec un objectif pédagogique et grand public, elle connaît un vif succès parmi les publics scolaires. Documents d’archives, entretiens, photos… permettent de découvrir 200 ans de combat abolitionniste de la fin de l’Ancien Régime au premier septennat de François Mitterrand. L’exposition évoque enfin les orientations actuelles en faveur de l’abolition universelle que le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé vouloir relancer lors de l’inauguration. Elle a été produite en partenariat avec le Centre des monuments nationaux. Un catalogue a été réalisé en collaboration avec la DILA.
La loi portant abolition de la peine de mort en France est le résultat d’un choix politique, celui du président François Mitterrand, il y a seulement 40 ans. Portée par l’avocat Robert Badinter, elle s’inscrit dans un long combat qui commence avec le juriste et philosophe italien Cesare Beccaria, à la fin du XVIIIe siècle. Dans son « Traité des délits et des peines », celui-ci déclare : « La peine de mort n’est ni utile, ni nécessaire » : un argument majeur que reprendront tous les grands abolitionnistes, notamment Lepeletier de Saint-Fargeau, Victor Hugo, Jean Jaurès ou Albert Camus.
Au cœur de la nef du Panthéon, le visiteur est invité à découvrir un parcours chronologique fait de légères avancées et de grands retours en arrière. Parfois, comme en 1908, l’abolition est près d’aboutir. Presque toujours, c’est un fait divers sanglant, l’émotion populaire et l’acharnement de la presse rétentionniste qui l’en empêchent.
>> Lire aussi : « Un combat capital » : une exposition à découvrir au Panthéon
La marche vers l’abolition
À l’automne 1969, pour la première fois, les sondages penchent en faveur de l’abolition quand l’affaire Buffet-Bontems fait tout basculer. Robert Badinter ne parvient pas à sauver la tête de son client, Roger Bontems, qui n’a pourtant pas de « sang sur les mains ». L’avocat se promet alors de défendre tout homme qui risquera la peine capitale. Un peu plus tard, les affaires Christian Ranucci et Patrick Henry retardent encore l’heure de l’abolition. Le sujet divise les familles. La littérature, le cinéma, la chanson s’emparent du débat.
Pendant la campagne présidentielle de 1981, face à une opinion publique majoritairement favorable à la peine de mort, François Mitterrand se prononce pour l’abolition. Portée par Robert Badinter devenu garde des Sceaux, la loi est promulguée le 9 octobre 1981.
Photos, unes de journaux, entretiens radiophoniques ou télévisés, chansons… permettent d’appréhender le climat de tension qui régnait à l’époque. La scénographie conçue par l’atelier Scenorama évoque l’hémicycle de l’Assemblée nationale où les visiteurs peuvent découvrir notamment des extraits du discours prononcé par Robert Badinter, le 17 septembre 1981.
Vers l’abolition universelle
La troisième partie de l’exposition propose une représentation du monde qui compte aujourd’hui, plus d’une centaine de pays abolitionnistes. En décembre 2020, 123 États se sont prononcés en faveur de la proposition de l’Assemblée générale de l’ONU visant à instaurer un moratoire sur les exécutions dans l’objectif d’abolir totalement la peine de mort.
Lors de l’inauguration de l’exposition, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé que dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, une rencontre au plus haut niveau rassemblant les sociétés civiles des États appliquant encore la peine de mort serait organisée à Paris pour convaincre leurs dirigeants de l’importance et de l’urgence d’abolir la peine capitale.
À travers le monde, de nombreuses associations mais aussi des individus continuent à se mobiliser pour l’abolition. Cette troisième partie de l’exposition en présente quelques-uns.
À découvrir au Panthéon jusqu’au 13 février 2022
Consulter le catalogue de l’exposition (La documentation française, 12 octobre 2021)