Plusieurs langues, plusieurs façons d’être
De nombreuses personnes polyglottes passent d’une langue à l’autre. Elles se disputent avec plus de retenue en chinois qu’en suisse allemand, sont plus émotives en albanais ou préfèrent résoudre les problèmes en anglais. Que se cache-t-il derrière ce phénomène? Dans la cuisine familiale, la hotte aspirante bruisse, les enfants viennent de rentrer. «Avec eux, je parle presque exclusivement en italien», raconte, en dialecte bernois, l’auteure et professeure de yoga Elisa Malinverni. Ses deux enfants répondent en principe en allemand. Mais aujourd’hui, le fils aîné glisse: «Mängisch parleni o Italiano!» Il règne dans cette maison un va-et-vient coloré entre l’italien et le bernois. Et pourtant, pour Elisa Malinverni, chaque langue a sa propre fonction. «L’italien est pour moi, d’une part, la langue des phrases-chocs. Il y a cet esprit de flirt, et je peux laisser libre cours à la Sophia Loren qui est en moi. Mais l’italien a aussi une certaine rigueur, car il est profondément lié à…