Quand notre crise d’identité devient une crise d’État
Jusqu’où la neutralité s’accorde-t-elle avec la liberté? Quand devient-elle une prison consentie? Sanija Ameti, d’Operation Libero, s’exprime sur l’état de la Suisse. «Celui qui vit de manière dialectique se heurte à des difficultés psychologiques». Lorsque Dürrenmatt décrit, dans son célèbre discours sur la prison de 1990, comment nous, les Suisses et les Suissesses, nous nous sentons, c’est comme s’il avait prédit de manière algorithmique la crise d’identité actuelle du pays: «Plus libres que tous les autres hommes, libres comme des prisonniers dans la prison de leur neutralité». C’est parce que nous sommes si libres que nous faisons des affaires avec le monde entier. Et comme nous sommes à notre tour prisonniers, nous ne trouvons pas de solution avec l’Union européenne. Notre Suisse se voit volontiers comme un espace de liberté, un défenseur du droit international humanitaire et une patrie pour les organisations internationales. Conscients que notre propre existence en tant…