Quand la Suisse voulait gommer la culture yéniche
La fondation Pro Juventute et son Œuvre d’entraide pour les enfants de la grand-route ont séparé pendant des décennies parents et enfants de Yéniches. Comment se portent aujourd’hui ces enfants? Retour sur ce chapitre sombre de l’histoire suisse. Le passé a fait d’Uschi Waser une archiviste en puissance. À Holderbank, dans le canton d’Argovie, où cette Yéniche réside, les dossiers s’empilent sur la table de sa salle à manger. Et il ne s’agit-là que d’une sélection parmi la foule de documents accumulés toute sa vie. Avec précaution, elle extrait d’un classeur une feuille dactylographiée un peu déchirée et jaunie. Il semble que celle-ci ait été pliée jadis comme un mouchoir de poche. On y lit distinctement ceci: «Amour maternel?». «J’ai écrit ce poème à l’âge de quinze ans sous l’emprise de la solitude et me trouvant dans un fichu pétrin», confie-t-elle, 56 ans après la rédaction de ces lignes. Aujourd’hui âgée de 71 ans, elle se remémore pour nous son parcours de vie tortueux.