«Quand on a peur, on est reconnu»

Déguisé en domestique polonais, Bronislaw Erlich a survécu au régime nazi, dans une ferme allemande. Grâce à de faux papiers, son identité juive est restée secrète. Bronislaw Erlich ne porte depuis longtemps plus son bonnet de fourrure à grandes oreillettes. Mais, comme il doit être photographié à l’extérieur, sur un banc dans le jardin d’une maison de retraite de la ville de Berne, et que c’est novembre… Il observe le bonnet sous tous ses angles, l’enfile, le retire, le remet, rit: «Maintenant, je ressemble à un Russe». Dans sa biographie, il est question de sa vraie et de sa fausse identité, du rôle qu’il a dû jouer pour survivre. Pendant la guerre, dit Bronislaw Erlich, il détestait ses initiateurs «comme la peste. Mais quand les premiers chars américains ont roulé dans notre village, toute cette haine m’a en quelque sorte quitté». La seule chose qu’il a ressentie lorsqu’il a été libéré, c’est une joie irrépressible: «Je suis vivant!» Peu après, il a ramassé des aliments…