A Bienne, la vie déchirante des saisonniers se lit dans les murs

Durant de longues décennies, la Suisse et son économie ont fait appel à des travailleurs saisonniers venus d’Italie et d’ailleurs en Europe. Une main-d’œuvre qui vivait dans la précarité, comme à Bienne. Visite des baraquements de l’Unterer Quai 30, rare témoignage encore debout de ce sombre chapitre de l’histoire suisse. Une dizaine de pas suffisent à vous entraîner dans le passé, les années cinquante et soixante du siècle dernier. Les chambres sont vides. Lits de camp, armoires parées d’un miroir et valises en attente du retour ont disparu. Restent les cuisinières à gaz recouvertes de pages de la Neue Zürcher Zeitung datant de 1991, les armoires numérotées pour accueillir casseroles, vaisselle et alimentation; les crochets destinés aux habits de travail imprégnés de sueur et de poussière, un lavabo de métal pour se nettoyer, laver la vaisselle, égoutter les pâtes; un urinoir et une toilette à la turque. Ainsi que le poêle à bois, ultime trace d’un triste chapitre de l’histoire …