Non, la Suisse n’aura pas droit à son champagne
Le village de Champagne, situé près du lac de Neuchâtel, réclamait le droit d’utiliser son nom pour du vin. Mais le puissant comité interprofessionnel des vins de Champagne ne l’a pas entendu de cette oreille.
Par Le Parisien avec AFP Le 17 avril 2021 à 15h14
Le petit village suisse de Champagne n’a pas le droit d’utiliser l’appellation « commune de Champagne » pour ses vins, a décidé la justice suisse, donnant raison aux producteurs français de champagne, a rapporté samedi l’agence de presse ATS.
Après des années de combat pour défendre l’utilisation de son nom, la petite commune du canton de Vaud aux 28 hectares de vignes près du lac de Neuchâtel (ouest de la Suisse), avait obtenu le 13 janvier dernier du Conseil d’Etat (gouvernement) du canton, la création d’une appellation d’origine contrôlée (AOC) baptisée « Commune de Champagne ».
Pour justifier sa décision, le Conseil d’Etat jugeait qu’il n’y avait « pas de risque que le public croie qu’un vin blanc tranquille, vendu dans une bouteille vaudoise étiquetée Commune de Champagne et Vin Suisse, puisse être un vin mousseux de la région viticole de Champagne (France) ».
Une protection exclusive à « la dénomination française champagne »
Mais le puissant comité interprofessionnel des vins de Champagne, qui défend les producteurs français de champagne (plus de 34 000 de vignes), ne l’a pas entendu de cette oreille et a déposé un recours demandant l’annulation de cette nouvelle appellation, considérant qu’elle nuisait à ses intérêts.
Dans un arrêt du 1er avril rendu public par la presse locale et l’agence de presse suisse ATS, la cour constitutionnelle du canton de Vaud a donné raison aux Français, jugeant que la création de l’AOC par le gouvernement local était contraire aux accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne.
L’Accord bilatéral relatif aux échanges de produits agricoles accorde en effet « une protection exclusive à la dénomination française champagne », rappelle la cour constitutionnelle, dans son arrêt que l’AFP a pu consulter. « La protection exclusive déploie ses effets à l’encontre de tout usage de la dénomination protégée pour des vins qui ne proviennent pas de la Champagne française », précise-t-elle encore pour décider de l’annulation de la disposition litigieuse.
https://www.leparisien.fr/economie/non-la-suisse-naura-pas-droit-a-son-champagne-17-04-2021-5XWPUTUI5NATLCTBRAK7YFBLHI.php
Pendant ce temps là aux Etats Unis
https://www.lesechos.fr/2015/12/le-faux-champagne-freine-la-hausse-des-ventes-sur-le-marche-americain-264503
De nombreuses discussions ont eu lieu avec les autorités américaines sur le sujet, qui ont abouti à une situation intermédiaire qui ne satisfait pas du tout l’interprofession. Les étiquettes portent la mention « Californian champagne » ou « American champagne ». De ce fait, les Américains considèrent qu’il n’y a pas tromperie du consommateur. Pour le CIVC, il ne peut s’agir que d’une étape mais en aucun cas du règlement d’un différend. « Vendues pour moins de 10 euros, ces bou teilles sèment la confusion dans l’esprit du consommateur, qui ne peut pas comprendre pourquoi il devrait payer le champagne élaboré en France quatre fois plus cher. » L’enjeu est majeur pour la filière car les Etats-Unis sont, avec 19 millions de bouteilles, le deuxième plus gros client étranger après le Royaume-Uni. Mais le commerce pourrait être encore plus florissant s’il n’y avait pas ce problème, estime le CIVC.
En n’oubliant pas l’arnaque ancestrale du champagne, qui, pour qui oublie d’aller lire les petites lettres en bas à droite ne permet pas de savoir si vous achetez à un « vigneron » ou à un « pur marchand »
https://www.champmarket.com/magazine-champagne/conseils-du-sommelier/etiquette-de-champagne/