Cabinet Philippe ALLIAUME

Avocat à la Cour d'appel de Paris

Portage salarial : le salarié porté peut-il bénéficier des congés pour événements familiaux ?

Le salarié porté qui effectue une prestation pour une entreprise cliente lorsque survient un des événements familiaux ouvrant droit à une autorisation exceptionnelle d’absence bénéficie de jours d’absence dans les conditions prévues par la loi et sans réduction de sa rémunération. Ces jours d’absence étant assimilés à du temps de travail effectif, ils doivent être pris en compte pour la détermination de la durée du congé annuel.

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Des modèles pour que les associés de SAS participent aux décisions collectives au temps du Covid-19

La pandémie de Covid-19 empêche la tenue des assemblées générales, y compris d’approbation des comptes, selon les modalités habituelles. Le Gouvernement a mis en place des dispositifs dérogatoires complexes pour permettre la consultation des associés sans avoir à les réunir physiquement.

Un supplément au BRDA 5/21 du 1er mars 2021 est consacré à ces dispositifs. Rédigé par Bruno Dondero et François Gilbert, de CMS Francis Lefebvre Avocats, il est assorti de nombreux modèles qui devraient aider les entreprises et leurs conseils à rédiger leurs actes. 

Voici deux modèles, destinés aux SAS :

l’un pour convoquer l’assemblée générale d’une telle société ;

l’autre pour provoquer la consultation écrite des associés.

Pour découvrir d’autres modèles et accéder à des commentaires détaillés sur ces dispositifs complexes, commandez le numéro spécial du BRDA « Assemblées et organes sociaux en période de pandémie ».

Le temps de trajet lié à l’exercice d’un mandat peut ouvrir droit à heures supplémentaires

Un salarié, titulaire de plusieurs mandats au titre desquels il bénéficie d’un crédit mensuel de 55 heures de délégation, conteste la rémunération versée par l’employeur au titre de ses temps de trajet liés à l’exercice de ses fonctions représentatives. Ceux-ci ont été rémunérés, lorsqu’ils dépassaient ses horaires habituels de travail, comme du temps de travail effectif. Mais ils n’ont pas été décomptés comme du travail effectif et, de ce fait, ne lui ont pas ouvert droit aux majorations pour heures supplémentaires.

La cour d’appel l’ayant débouté de ses demandes, le salarié s’est pourvu en cassation. La chambre sociale de la Haute Cour lui a donné raison, complétant ainsi sa jurisprudence.

Des temps de trajet rémunérés comme du travail effectif…

Depuis 1997, la Cour de cassation considère que le temps de trajet effectué en exécution des fonctions représentatives des salariés doit être rémunéré lorsqu’il est pris en dehors de l’horaire normal de travail et dépasse en durée le temps normal de déplacement entre le domicile et le lieu de travail (Cass. soc. 30-9-1997 n° 95-40.125 PB). Elle a depuis confirmé ce principe à de nombreuses reprises (voir notamment Cass. soc. 5-11-2003 n° 01-43.109 FS-PBRI ; Cass. soc. 18-5-2011 n° 09-70.878 F-D). La même règle s’applique au temps de trajet s’inscrivant dans un dépassement de crédit d’heures pour circonstances exceptionnelles (Cass. soc. 10-12-2003 n° 01-41.658 FS-P).

A noter : A contrario, lorsque le temps de trajet est compris dans l’horaire normal de travail, il ne peut pas donner lieu à retenue sur salaire (Cass. soc. 20-2-2002 n° 99-44.760 F-D).  

En 2013, la Cour de cassation a précisé ce principe : le temps de trajet pris en dehors de l’horaire normal de travail et effectué en exécution des fonctions représentatives doit être rémunéré comme du temps de travail effectif pour la part excédant le temps normal de déplacement entre le domicile et le lieu de travail (Cass. soc. 12-6-2013 n° 12-12.806 FP-PB et n° 12-15.064 FP-PB : RJS 8-9/13 n° 615).

A noter : Ainsi, le temps de déplacement du représentant du personnel est distingué du temps de déplacement domicile-lieu de mission, qui selon l’article L 3121-4 du Code du travail n’est pas un temps de travail effectif, mais fait l’objet d’une contrepartie soit sous forme de repos, soit sous forme financière lorsqu’il excède le temps normal de trajet domicile-travail.

… et pris en compte comme du travail effectif

En l’espèce, la cour d’appel avait admis que le temps de trajet du représentant du personnel devait être rémunéré comme du temps de travail effectif. Mais selon elle, cela ne signifiait pas pour autant que ce temps doive être décompté comme du temps de travail effectif et, par suite, déclencher le cas échéant le régime des heures supplémentaires. Elle s’appuyait notamment sur la définition légale du temps de déplacement professionnel visée ci-dessus, et sur le fait que les heures supplémentaires sont accomplies à la demande de l’employeur dans le cadre de l’activité professionnelle du salarié, pendant laquelle il est à la disposition de ce dernier. Or, dans l’exercice de son mandat, le représentant du personnel se trouve hors lien de subordination avec l’employeur.

L’argument est balayé par la Cour de cassation : en retenant cette solution, la cour d’appel a violé le principe selon lequel les représentants du personnel ne doivent subir aucune perte de rémunération en raison de l’exercice de leur mandat. En conséquent, si les temps de trajet imposés par l’exercice de ce mandat excèdent les temps normaux domicile-travail, ils doivent être pris en compte pour apprécier si le seuil de déclenchement des heures supplémentaires a été atteint, et rémunérés comme tels.

A noter : La solution, rendue à propos des délégués syndicaux, délégués du personnel et membres du comité d’entreprise, est transposable aux membres du comité social et économique.

Laurence MECHIN

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Cass. soc. 27-1-2021 n° 19-22.038 F-P, B.

8 mars : « L’autorité, on l’obtient par notre capacité à rassurer

Être éducatrice auprès de jeunes confrontés à la justice, mission impossible ? Pas pour Lolita. À 34 ans, elle exerce son métier à Auxerre depuis 2013 et raconte ce qu’implique le fait d’être une femme dans son métier. Interview à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

8 mars : « L’autorité, on l’obtient par notre capacité à rassurerRessentez-vous des inégalités dans votre vie professionnelle ?

Non… Dans le service éducatif ou au tribunal, éducateurs ou éducatrices, on a tous notre place. Je n’ai pas l’impression que ce soit un métier où l’on soit en grande difficulté par rapport aux collègues ou à la hiérarchie.

De quoi êtes-vous le plus fière ?

Quand on est une jeune éducatrice, on peut craindre que les familles ne nous trouvent pas à la hauteur. Quand j’ai commencé le métier, je n’étais pas encore mère. Malgré tout, j’arrivais à tisser des liens avec les familles. Les mamans ne me disaient pas : « Vous ne savez pas, vous n’avez pas d’enfants ». Je suis fière de cela, de cette reconnaissance. Si on ne prend pas les gens de haut, on arrive à obtenir leur confiance.

En tant que fille, j’avais également la crainte de ne pas réussir à m’imposer face aux jeunes. Comment allais-je faire ? En fait, l’autorité, on l’obtient par notre capacité à rassurer, par l’apaisement, la confiance.

Quelle(s) femme(s) vous inspirent ?

Quand je suis arrivée dans mon unité éducative, en 2013, ma tutrice m’emmenait partout. Elle m’a énormément apporté. Je suis également très admirative de ma responsable d’unité qui chapeaute tout, gère les éducateurs, connaît toutes les mesures. Elle était éducatrice auparavant. Si je deviens comme elle, je serais fière.

 

La polémique enfle après des accusations de «dictature» dans la gestion de la pandémie

L’UDC, plus grand parti de Suisse, accuse depuis quelques semaines le gouvernement d’avoir viré en «dictature» dans sa gestion de la pandémie. Une rhétorique qui peut étonner les lectrices et les lecteurs à l’étranger, mais qui peut facilement s’expliquer par le contexte politique. Analyse. Mécontente des mesures prises par le gouvernement suisse pour réduire la transmission du coronavirus, l’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) monte au front depuis quelques semaines. Le plus grand parti du pays accuse le Conseil fédéral, et plus particulièrement le ministre socialiste de la Santé Alain Berset, d’avoir un comportement dictatorial. Cette rhétorique est l’équivalent helvétique de l’affirmation sans cesse répétée par Donald Trump: «l’élection a été truquée». Ces deux déclarations ne reposent sur aucun fait avéré, mais font partie de manœuvres politiques. En Suisse, l’objectif de l’UDC est d’affaiblir le fonctionnement général du gouvernement. Et pas uniquement…