Catégorie : Editeurs

Indemnité de licenciement : le remboursement des frais professionnels est exclu de son assiette

Une indemnité de licenciement est calculée à partir d’un salaire de référence

Sauf disposition conventionnelle plus favorable, le salarié titulaire d’un contrat de travail à durée indéterminée, licencié alors qu’il compte 8 mois d’ancienneté ininterrompus au service du même employeur, a droit, sauf en cas de faute grave, à une indemnité de licenciement dont l’assiette est égale, selon la formule la plus avantageuse pour lui, soit au douzième de la rémunération brute des 12 derniers mois précédant le licenciement, soit au tiers de la rémunération brute des 3 derniers mois. Dans ce dernier cas, toute prime ou gratification de caractère annuel ou exceptionnel, versée au salarié pendant cette période, n’est prise en compte que dans la limite d’un montant calculé à due proportion (C. trav. art. L1234-9 et R 1234-4).

Un arrêt du 3 février 2021 confirme que doit être exclu du salaire de référence retenu pour le calcul de l’indemnité légale de licenciement le remboursement des frais professionnels exposés par le salarié (Cass. soc. 29-5-1991 n° 87-44.297 D : RJS 7/91 n° 834).

En l’espèce, un voyageur, représentant, placier (VRP) comptant plus de 28 ans d’ancienneté et dont la rémunération est exclusivement composée de commissions dont les taux englobent l’ensemble des frais qu’il est susceptible d’engager pour les besoins de sa fonction est licencié pour motif économique. Il saisit la juridiction prud’homale afin de réclamer notamment un solde d’indemnité légale de licenciement, arguant que son employeur a pris en compte la moyenne des 12 derniers mois de salaire pour calculer l’assiette de l’indemnité alors que celle des 3 derniers mois lui est plus favorable.

La cour d’appel fait droit à sa demande mais déduit du salaire servant de base au calcul de l’indemnité le montant des commissions de 30 % pour les frais professionnels.

Le salarié se pourvoit en cassation. Il considère en effet que, dans la mesure où le contrat conclu avec l’employeur ne précise pas quel pourcentage de sa rémunération couvre ses frais professionnels, aucune déduction forfaitaire à ce titre ne peut être appliquée sur le salaire servant de base au calcul de son indemnité de licenciement.

Le salaire de référence ne comprend pas le remboursement des frais professionnels

La Cour de cassation ne partage pas cette analyse et approuve la décision des juges du fond. Ayant relevé à bon droit que, s’agissant d’évaluer le salaire de référence pour le calcul de l’indemnité légale de licenciement, doit être exclu le remboursement des frais professionnels exposés par le salarié, la cour d’appel a pu retenir que doit être déduit du montant des commissions comprises dans la rémunération l’équivalent de 30 % au titre des frais professionnels qui y sont inclus.

A noter : Rappelons que, selon la Cour de cassation, lorsque les frais professionnels d’un VRP sont compris dans ses commissions, les juges du fond évaluent souverainement le taux de ces frais en cas de litige (Cass. soc. 19-2-1959 n° 5763 ; Cass. soc. 22-5-1964 n° 63-40.004). Ils retiennent généralement le taux de 30 %, qui correspond au taux de la déduction forfaitaire spécifique pour frais professionnels pratiquée pour le calcul des cotisations de sécurité sociale (voir par exemple CA Aix-en-Provence 27-6-1995 n° 92-1984).

Valérie DUBOIS

Suivez les dernières actualités en matière sociale et assurez la relance d’activité pour vos clients ou votre entreprise avec Navis Social :

Vous êtes abonné ? Accédez à votre Navis Social à distance.

Pas encore abonné ? Nous vous offrons un accès au fonds documentaire Navis Social pendant 10 jours.


Cass. soc. 3-2-2021 n° 19-15.556 F-D

Du bon usage de la demande d’avis consultatif adressée à la CEDH

Le collège de cinq juges de la Cour européenne des droits de l’homme vent de rejeter la première demande d’avis adressée par la Cour suprême slovaque au titre du Protocole n° 16. La décision, qui précise les conditions de mise en œuvre de la demande d’avis, pourrait à terme dissuader les hautes juridictions des États de jouer la carte du dialogue.

en lire plus

Interview – Du darknet aux cyberattaques des hôpitaux

Ces derniers temps, pas une semaine sans que l’on entende parler de la cyberattaque d’un hôpital dont le système informatique est bloqué, pas un article sans que soit évoqué la cybersécurité et la cybercriminalité. Cybercriminel, darknet, rançongiciels, cryptomonnaie, c’est tout un univers que découvre le grand public et avec lequel la communauté des juristes, des magistrats et des avocats doit se familiariser. Jacques Martinon, magistrat, décrypte cet univers et délivre aux auditeurs ses précieux conseils pour faire face à ces situations dans deux épisodes.

en lire plus

Saisie des rémunérations : notion de titre exécutoire

Ne constitue pas un titre exécutoire, un jugement rendu par le juge du tribunal d’instance, à l’occasion de la procédure de saisie des rémunérations, qui n’a pas pour objet de constater une créance liquide et exigible, mais, à défaut de conciliation, de vérifier le montant de la créance en principal, intérêts et frais et, s’il y a lieu, de trancher les contestations soulevées par le débiteur.

en lire plus

ICC au 4[SUP]e[/SUP] trimestre 2020 : hausse de 1,47 % sur un an

L’indice du coût de la construction (ICC) du quatrième trimestre 2020, publié par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Informations rapides de l’INSEE n° 70, 19 mars 2021) s’élève à 1 795, soit une hausse de 1,47 % sur un an, de 7,68 % sur trois ans et de 9,58 % sur neuf ans.

Avertissement : même si l’ICC est publié au Journal officiel, la date officielle de sa parution est celle de sa publication dans les Informations rapides de l’INSEE.

en lire plus