Catégorie : Suisse

Quand le manuel d’utilisation commence à parler

Dans l’incubateur de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), la start-up Rimon Technologies développe le manu el du futur. À l’aide de lunettes de réalité augmentée (AR), l’utilisateur apprend à faire fonctionner des machines complexes sans difficulté. Serait-ce la fin des manuels de 100 pages en petits caractères? L’aspirateur est cassé. Comment le réparer? J’ouvre le manuel d’instructions et j’essaie de comprendre le défaut. Cela semble facile, mais il y a 50 pages à étudier et la machine comporte probablement plus de 500 pièces différentes, y compris de minuscules vis. J’abandonne et je me mets à rêver: et si le fabricant lui-même était à côté de moi pour m’expliquer où visser ou quelle pièce remplacer? Ce qui semble être une utopie existe déjà. Cela fonctionne grâce à des lunettes de réalité augmentée (AR), la technologie qui nous permet de superposer des éléments virtuels à notre vision de la réalité. Deux étudiants de l’EPFZ, David Shapira et Kordian Caplazi, ont eu…

Comment la guerre influence les artistes russes établis en Suisse

Comment les artistes russes vivent-ils la guerre entre leur pays et l’Ukraine? Et comment évolue leur relation avec la culture russe? SWI swissinfo.ch s’est entretenu avec trois musiciens. Il est difficile de déterminer le nombre de personnes qui ont quitté la Russie depuis le début de la guerre. Beaucoup sont parties avec des visas de tourisme. Celles et ceux qui étaient déjà à l’étranger ont décidé de ne pas revenir. Parmi ces personnes, des artistes. swissinfo.ch s’est entretenu avec trois d’entre eux pour savoir comment la guerre a changé leur travail. Lorsque la guerre a commencé, Anton Ponomarev et sa femme suisse rendaient visite à ses parents à Moscou pour leur présenter leur petite-fille de deux mois. Le 27 février, ils ont pris le dernier vol direct pour la Suisse. Le lendemain, Anton Ponomarev descendait dans la rue au centre de Zurich pour manifester son soutien à l’Ukraine. Avant d’arriver à Zurich en 2021, il avait travaillé comme psychologue et musicien: «Le…

«Le système de santé ukrainien résiste, mais je ne sais pas jusqu’à quand»

La Suisse soutient, depuis plusieurs années, la réforme du secteur de la santé en Ukraine. D’importantes mesures ont pu être mises en place pour améliorer un système coûteux, inefficace et corrompu. Malgré la guerre, le projet garde tout son sens, explique Priska Depnering, directrice adjointe de la coopération à l’ambassade de Suisse en Ukraine. «Le but est désormais de maintenir les acquis de la réforme du système de santé, malgré la guerre», explique Priska Depnering. La Suisse épaule le gouvernement ukrainien dans cette transformation importante depuis 2017. Elle le fait à travers un projet de la Direction du développement et de la coopération (DDC), en partenariat avec la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé. L’engagement de la Confédération dans cette vaste réforme est parti d’un constat: les contributions de la DDC dans le domaine de la santé en Ukraine ne permettaient pas d’assurer des résultats sur le long terme, car elles se heurtaient à l’inefficacité…

Comment la Suisse a géré la crise pétrolière de 1973

La Suisse a fait face à la crise pétrolière de 1973 en incitant sa population à économiser l’énergie, en érigeant des derricks et en édictant une loi sur l’énergie, qui inspire la politique actuelle face aux nouveaux défis. Les comparaisons avec la crise pétrolière de 1973 sont revenues à la surface depuis que la Russie de Vladimir Poutine a envahi l’Ukraine en février dernier, menaçant de fermer les robinets du gaz et du pétrole. A l’époque, en 1973, la Suisse avait dû subir la pression des pays producteurs de pétrole dans le monde arabe. Dans toute l’Europe, les gouvernements avaient appelé alors à limiter la consommation de carburants et de mazout. >> Reportage de la télévision publique alémanique lors du premier des trois dimanches sans voitures Finie la balade dominicale en voiture Au début des années 1970, dans la foulée des Trente Glorieuses (1945-1975), la demande énergétique était à son paroxysme en Occident. Surtout pour le pétrole, dont le prix n’avait cessé…

Quand le bilinguisme est un atout

L’Université de Fribourg est l’une des rares universités bilingues français/allemand au monde et la seule en Suisse. Mais étudier dans deux langues n’est pas toujours simple, même si les débouchés professionnels sont nombreux. «Venant de Suisse et qui plus est du canton de Fribourg, maîtriser le français et l’allemand était pour moi une évidence», raconte Katia Dubey, étudiante qui vient de terminer son Master en histoire à l’Université de Fribourg avec mention bilingue. C’est pour pouvoir étudier dans les deux langues qu’elle a choisi cette université – la seule qui offre cette option en Suisse – qui se situe dans un canton à cheval entre la Suisse alémanique et francophone. Le bilinguisme fait partie intrinsèque de Fribourg. La ville médiévale a été fondée comme une ville bilingue en 1157. Depuis, elle demeure un lieu de rencontre des cultures francophone et germanophone; une identité multiculturelle qui évolue en permanence tant dans la ville qu’à l’Université. L’Université…

Au milieu des collines suisses où Soljenitsyne se dérobait au KGB

Après son expulsion d’URSS, Alexandre Soljenitsyne a vécu deux ans en Suisse. Pour échapper au KGB, le Nobel de littérature russe s’est même caché dans un village isolé de la campagne zurichoise. Des touristes reviennent sur ses traces aujourd’hui encore. En 2007, Vladimir Poutine décerne le prix d’État de la Fédération de Russie à un écrivain de 88 ans. La plus haute distinction du pays. La nouvelle n’a rien d’exceptionnel hormis l’identité du lauréat. Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne, le plus connu des dissidents d’URSS durant la Guerre froide. Après le second conflit mondial, en raison de ses critiques à l’encontre de Staline, l’homme a passé de nombreuses années en camp de travail pénitentiaire. Il n’a ensuite cessé de revenir sur cette expérience dans ses ouvrages. Notamment en 1962 avec Un jour dans la vie d’Ivan Denissovitch et plus tard Le Premier cercle ou Le Pavillon des cancéreux. Après une longue odyssée, Soljenitsyne est rentré en Russie en 1994 où, peu après avoir…

Ni capitaliste, ni communiste, le village modèle Freidorf

Il y a cent ans, le mouvement coopératif international s’enthousiasmait pour le Freidorf de Bâle, un lieu qui se définissait comme une troisième voie entre la lutte des classe et le marché, aussi bien dans le travail, l’habitat que la consommation. Un habitat entre utopie et contrôle petit-bourgeois. Officiellement, il s’agit d’une fête pour une pierre qui attira, en 1921, des gens d’une vingtaine de pays à la périphérie de Bâle. Le président de la Confédération suisse était présent, ainsi que le président de l’Alliance Coopérative Internationale. Devant la foule, le Néerlandais G.J.D.C. Goedhart expliqua que la crise du logement était un problème mondial. Pour les délégués, le «souvenir de cette journée (…) donne un nouveau courage» dans la conviction que le mouvement coopératif est le meilleur moyen d’ «améliorer le sort de l’humanité». Fin août 1921, l’inauguration de la «pierre commémorative», une sculpture en forme de pyramide, a permis aux locataires et aux invités…

La nouvelle directrice du musée des beaux-arts de Zurich ne craint pas l’échec

Un vent de fraîcheur a soufflé cette année sur l’un des plus anciens établissements culturels de Zurich. La conservatrice belge Ann Demeester a repris la direction artistique du Kunsthaus, le musée des beaux-arts. SWI swissinfo.ch l’a rencontrée pour échanger sur sa vision de l’institution. Après vingt ans passés à la tête du musée des beaux-arts de Zurich, le mandat de Christoph Becker aurait dû se terminer sur un triomphe. En octobre 2021, l’ouverture d’une immense extension réalisée par l’architecte star David Chipperfield a fait du Kunsthaus le plus grand musée d’art suisse. Sa dernière exposition, centrée sur l’œuvre de l’artiste française Niki de Saint Phalle et actuellement à l’affiche, se veut un contrepoids à un programme faisant la part belle aux artistes masculins. Pourtant, depuis l’année dernière, les gros titres consacrés au musée zurichois – une institution privée détenue par une association de 25’000 membres – ont assombri son héritage. La nouvelle extension a été…

Füssli, «lanceur d’alerte» à Zurich devenu prince de la peinture anglaise

Peintre de la nuit au siècle des Lumières, Johann Heinrich Füssli fait l’objet d’une grande exposition à Paris. Ses rapports avec son pays natal la Suisse furent… compliqués. Johann Heinrich Füssli (1741-1825) aurait sans doute été surpris de voir ses œuvres affichées sur les bus de Paris. Et ses peintures et dessins accrochés sur les murs du musée Jacquemart-André, temple du XVIIIe siècle, lui qui se méfiait de la France et de son classicisme et n’était pas très à l’aise dans son siècle des Lumières. Dans le décor très chargé du musée, où l’on a toujours peur de déranger les propriétaires, il faut traverser d’immenses salons «italiens» et monter au 1er étage pour finalement pouvoir profiter du monde étrange, surnaturel, parfois sanglant de Füssli. Le musée du Boulevard Haussmann parle de Füssli comme d’un «peintre britannique d’origine suisse». Et sur les nombreux panneaux explicatifs, il n’y a que quelques lignes sur sa jeunesse zurichoise. Un tableau du maître, bien mieux que…

«Le rôle de la Russie est remis en question»

Guerre en Ukraine, conflits armés entre plusieurs pays: les trois décennies qui ont suivi la dissolution de l’Union soviétique n’ont guère laissé de répit aux Etats qui lui ont succédé. L’analyste en sécurité Benno Zogg fait le point sur le rôle de la Russie et l’influence de la Chine. Interview. Benno Zogg est chercheur au Center for Security Studies de l’École polytechnique fédérale de Zurich, où il dirige l’équipe Sécurité suisse et euroatlantique. swissinfo.ch: Les choses bougent dans l’espace postsoviétique. La Russie est-elle en train de perdre son influence en tant que puissance garante de l’ordre? Benno Zogg: La première question qui se pose est de savoir dans quelle mesure elle était réellement une puissance qui maintenait l’ordre. Du moins vis-à-vis des Etats alliés de la région, elle servait souvent de médiateur en cas de litige ou encore de sorte de garant de la sécurité. Plusieurs conflits armés aigus le montrent aujourd’hui: le rôle de la Russie est remis en question.