Catégorie : Suisse

«Lors d’une médiation, la Suisse reste en contact avec toutes les parties»

Promouvoir la paix est une priorité de la diplomatie suisse. Mais cet engagement est récent. Longtemps homme du sérail, Markus Heiniger explique en quoi la Suisse s’est professionnalisée dans la gestion des conflits. Markus Heiniger a longtemps travaillé pour le compte de la cellule qui promeut une politique de la paix au sein du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Berne. En 2017, peu avant de prendre sa retraite, il s’est penché sur les efforts déployés par la diplomatie suisse dans ce domaine depuis 1990. swissinfo.ch: On se gargarise souvent de la tradition humanitaire et de la neutralité de la Suisse. Mais les engagements consentis pour promouvoir la paix ne datent que d’une trentaine d’années en réalité. Pourquoi si tard? Markus Heiniger: Après la Seconde Guerre mondiale, la Suisse a cultivé l’alleingang, le cavalier seul, plaçant sa défense au premier plan. Pendant la Guerre froide, sécurité et dissuasion ont primé. Dans ce climat, une politique axée…

Don d’organes explicite ou présumé: au peuple de décider

Les citoyennes et citoyens suisses sont appelés à voter le 15 mai sur la question sensible du don d’organes de personnes décédées. Ils et elles se prononcent sur une nouvelle définition du consentement qui permettrait d’augmenter le nombre de transplantations. De quoi parle-t-on? Actuellement en Suisse, il est possible de prélever les organes d’une personne décédée uniquement si celle-ci a explicitement donné son accord avant sa mort. Le peuple doit décider le 15 mai s’il veut renverser le procédé et considérer que tout le monde consent à donner ses organes. Les individus qui refusent devraient alors exprimer leur souhait de leur vivant. Pourquoi modifier la pratique actuelle? Tout part d’une initiative populaire déposée en 2019 par la Jeune Chambre Internationale Riviera, qui regroupe des entrepreneurs et entrepreneuses de la région romande Vevey-Montreux. L’organisation voulait réaliser un projet utile pour la société et la présidente de l’époque a choisi de militer en faveur…

Comment combattre le mensonge et la propagande en zones de conflit

L’information est une arme puissante. C’est le cas dans de nombreux conflits et bien sûr dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, où les technologies numériques font de la vérité une cible facile. Trois spécialistes de la promotion de la paix décryptent le chaos informationnel martial et tracent les voies de sortie. Des semaines avant ses premiers missiles russes sur les villes ukrainiennes, le Kremlin y est allé d’une série d’affirmations à propos du gouvernement de Kiev. Selon la télévision d’État de Moscou, les forces ukrainiennes commettaient un génocide dans les régions séparatistes de Donetsk et de Louhansk, le long de la frontière russe. Contribuant à dépeindre l’Ukraine comme l’agresseur, des vidéos trafiquées de prétendues victimes apparaissaient sur les réseaux sociaux. Une fois l’invasion lancée, l’offensive de désinformation est passée à la vitesse supérieure. Des comptes pro-russes de la messagerie Telegram ont diffusé de fausses informations alléguant que le…

Le message de Volodymyr Zelensky à la Suisse

Éloge de la démocratie suisse, critique des entreprises helvétiques: voici ce qu’a dit le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans son message à la Suisse. Le samedi 19 mars, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est adressé à la Suisse. La toile de fond était une manifestation à Berne à laquelle participait également le président de la Confédération, Ignazio Cassis. «Ici, sur la place fédérale à Berne, il y a plusieurs milliers de personnes, cher Volodymyr. Ils veulent tous te montrer que ton peuple n’est pas seul», a déclaré Ignazio Cassis. Le président ukrainien s’est exprimé en direct par liaison vidéo. Voici les passages les plus importants. La Suisse comme modèle pour l’Ukraine «Je suis souvent allé dans votre pays. Et je sais très bien comment vous vivez. Et un jour, alors que je me trouvais près du château de Chillon, j’ai demandé à mes amis – nous étions un groupe – pourquoi nous ne pouvions pas vivre exactement comme ça? Avec ce niveau de vie. Avec cette…

Pourquoi n’est-il toujours pas possible de mesurer l’immunité contre le Covid-19?

De nombreux pays parient que la fin de la pandémie est proche, mais les spécialistes de la santé publique se montrent plus prudents. L’une des raisons tient au fait que nous ne disposons toujours pas d’un véritable test pour évaluer l’immunité au coronavirus. Peu après le premier cas de Covid-19 signalé en Suisse le 25 février 2020, des entreprises technologiques et des scientifiques ont commencé à réfléchir à l’idée de certificats numériques prouvant l’immunité au virus Sars-Cov-2. L’idée a rapidement été mise en veilleuse, car les informations sur le type et le niveau d’anticorps permettant d’atteindre le seuil d’immunité se révélaient insuffisantes. Si la Suisse, comme de nombreux pays, a mis au point un certificat Covid attestant le statut vaccinal ou infectieux d’une personne, les responsables de la santé publique se sont montrés prudents quant à la prise en compte de ce document comme une sorte de laissez-passer immunitaire. Deux ans après le début de la pandémie, la mesure…

Les pompes à chaleur pour lutter contre le réchauffement climatique et Vladimir Poutine

Les thermopompes sont considérées comme une solution clé pour réduire les émissions de CO2. Elles permettraient également à l’Europe de réduire sa dépendance au gaz russe, estime un écologiste américain. En Suisse, le marché des pompes à chaleur est en pleine croissance, mais la plupart des bâtiments sont encore chauffés aux combustibles fossiles. Une armée de pompes à chaleur en Europe pour vaincre la dépendance aux énergies fossiles russes: voici la proposition de l’influent journaliste et environnementaliste américain Bill McKibben, qui estime qu’un fort et rapide développement de la production de pompes à chaleur pourrait porter un coup à Vladimir Poutine. Selon les estimations de l’agence de presse Bloomberg, la Russie engrange plus d’un milliard de dollars par jour grâce à ses exportations de pétrole et de gaz, dont une grande partie est exportée vers l’Europe. Selon Bill McKibben, les entreprises américaines pourraient accroître leur production de pompes à chaleur – qui…

Ce refuge où les hommes violentés retournent au calme

La Suisse compte 23 foyers d’accueil pour femmes. Mais les hommes sont eux aussi parfois victimes de violences domestiques. Deux maisons leur sont réservées en Suisse. Visite de l’une d’elles dans le canton de Berne. La tache bleue sur son bras a la taille du poing, elle vient d’une morsure. Sur d’autres photos qu’il nous tend, on identifie des griffures, des photos de famille en miettes, un grill renversé. «Nous n’avons plus beaucoup de tasses et d’assiettes à la maison», lance froidement Philipp (nom d’emprunt). Sa femme lui a interdit tout contact avec sa famille. Elle a fracassé son téléphone portable. Une fois, il a retrouvé son bureau dévasté, une autre, elle lui a griffé le visage. Il ne s’est jamais défendu physiquement. Les dates figurant sur les photos témoignent de sa résistance. C’est grâce à sa fille qu’il est parvenu à s’en sortir. Il voulait lui assurer calme et sécurité. L’artisan et sa petite peuvent maintenant respirer – au centre bernois pour hommes victimes de…

La Suisse vote sur sa participation à Frontex

La contribution de la Suisse au corps européen des garde-frontières est soumise au peuple le 15 mai. Les référendaires contestent la politique migratoire mise en œuvre par Frontex et demandent plus d’ouverture de la part de l’Europe. De quoi s’agit-il? La Suisse est membre de l’espace Schengen, dans lequel les personnes ont le droit de circuler librement. Elle participe donc au financement de l’agence Frontex, qui a pour mission de contrôler les frontières extérieures de l’Europe. Le budget global de l’agence a été augmenté, ce qui implique une hausse de la contribution de la Suisse. Le peuple vote le 15 mai sur ce nouveau crédit. Frontex, qu’est-ce que c’est? Frontex est l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Créée en 2004, elle surveille les frontières extérieures de l’espace Schengen, lutte contre la criminalité transfrontalière et gère les flux migratoires. L’agence est financée par l’Union européenne (UE) ainsi que par les pays non-membres de l’UE mais…

De Bornéo au Conseil national à Berne

Alois Wyrsch fut le premier parlementaire suisse de couleur. Le fait est largement méconnu et soulève des questions sur notre façon d’écrire l’histoire. Il n’y a pas si longtemps que je connais l’histoire d’Alois Wyrsch, le premier parlementaire de couleur de Suisse – peut-être même d’Europe. Il siégea au Conseil national pour le canton de Nidwald de 1860 à 1872. Je n’ai jamais entendu parler de lui durant ma scolarité à Stans. Il ne semble pas non plus avoir laissé de trace ailleurs dans le canton de Nidwald. C’est étonnant. L’histoire d’Alois Wyrsch fut étroitement liée aux activités coloniales de son père, Louis. Ce dernier s’engagea en 1814 comme mercenaire au service de l’armée hollandaise, participa à la bataille de Waterloo et devint dix ans plus tard commandant militaire et civil des côtes sud et est de l’île de Bornéo. C’est là qu’il rencontra Ibu Silla, une indigène qui lui servit de concubine, de gouvernante et d’esclave. Il eut avec elle trois enfants. Parmi eux, Alois.

L’espionne du Roi-Soleil

La Bernoise Catherine de Watteville fait sensation à la fin du XVIIème siècle. Ses accointances avec les services de renseignements de la couronne française lui valent la prison, la torture, et le bannissement. La vie et le destin de cette femme hors du commun fascinent aujourd’hui encore. Katharina Franziska Perregaux von Wattenwyl (1645-1714), s’est fait une place dans l’histoire suisse des temps modernes en tant que femme. Et ça n’est pas parce que l’historiographie dominée par les hommes a considéré que cette Bernoise fille d’un patricien méritait d’y figurer. Non, presque tout ce que nous savons aujourd’hui de Catherine, nous le devons à ses mémoires. Peu de temps avant sa mort, elle les a rédigées en exil depuis le Château de Valangin, à l’attention du roi de France Louis XIV. Mais qui était cette femme, dont la destinée a inspiré aussi bien des œuvres d’art que des romans, et qui continue de nous fasciner aujourd’hui? swissinfo.ch publie régulièrement d’autres articles…