Catégorie : Suisse

«L’hiver prochain, l’Europe pourra difficilement se passer de gaz russe»

A l‘heure où les Etats-Unis veulent se passer des hydrocarbures russes, René Bautz, directeur général de Gaznat et président du Global Gas Centre ne cache pas ses craintes pour l’Europe et la Suisse. swissinfo.ch: En Suisse, les prix du gaz ont été multipliés par 12 depuis l’été. De toute votre carrière, avez-vous déjà vu une telle envolée des prix? René Bautz: C’est un record jamais atteint. Les cours ont grimpé jusqu’à 345 euros par mégawattheure (MWh) au lieu de 30 euros en moyenne. Pourtant, l’Europe a encore assez de gaz; les stocks sont remplis à 30%. La Russie fournit encore 250 millions de m3 chaque jour. L’envolée des prix est avant tout émotionnelle. Il ne fait pas très froid et les températures vont se réchauffer avec le printemps. Nos prévisions montrent que les tarifs augmenteront considérablement cet été et diminueront l’hiver prochain. Gaznat est la société anonyme qui assure l’approvisionnement et le transport du gaz à haute pression en Suisse occidentale. Basé à…

La Suisse, un géant discret de la robotique

C’est ici que naissent les robots de demain, souples, agiles, collaboratifs et aussi intelligents qu’une machine peut l’être. Visite à un laboratoire de l’EPFL à Lausanne et à une start-up qui en est issue. Ce n’est pas un slogan marketing, c’est un fait: en robotique, la Suisse est championne du monde. «Si l’on prend le top 20 des labos dans le monde, pratiquement un quart sont en Suisse, alors que nous n’avons que huit millions d’habitants», confirme Aude Billard, qui dirige le Laboratoire d’algorithmes et systèmes d’apprentissage (LASA), de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Au premier étage d’un des bâtiments futuristes du vaste campus, cette pionnière suisse de l’Intelligence artificielle (IA) et son équipe font cohabiter les robots avec les humains, souvent en écrivant des logiciels pour des robots existants. Car la Suisse n’est pas d’abord un pays qui fabrique des robots. Ceux-ci sortent plutôt des usines japonaises, coréennes, chinoises, allemandes ou…

La Suisse octroie une protection spéciale aux victimes de la guerre en Ukraine

Les Ukrainiennes et Ukrainiens qui fuient la guerre obtiendront le statut de protection «S» en Suisse, encore jamais activé par le passé. La Suisse fait ainsi preuve d’une ouverture sans précédent, saluée par la professeure de droit à l’Université de Fribourg Sarah Progin-Theuerkauf. Plus de 2,5 millions de personnes ont déjà fui l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, et elles pourraient bientôt être quatre millions sur les routes de l’exil, selon l’ONU. La grande majorité d’entre elles se trouvent actuellement dans les autres pays limitrophes, en grande partie en Pologne. Pour l’heure, plus de 2100 victimes de la guerre ont déjà été enregistrées en Suisse, mais la Confédération est prête à en accueillir quelque 60’000 à bras ouverts. Le Conseil fédéral a décidé aujourd’hui de leur accorder une protection collective, en leur octroyant un statut particulier, intitulé «S». Il emboîte ainsi le pas à l’Union européenne (UE), qui a activé sa directive de protection temporaire…

La Suisse restera neutre jusqu’au cas d’urgence

La Suisse est officiellement neutre. Pourtant, elle collabore depuis des années avec l’OTAN et l’UE dans le domaine de la sécurité. Cela est-il vraiment compatible avec la neutralité? Et surtout: pourquoi le fait-elle? La Suisse est neutre. Cela signifie qu’elle se tient à l’écart des conflits armés et ne soutient aucun belligérant. Le mercenariat – une branche importante de l’économie suisse jusqu’au 18e siècle – est tabou. Mais la Suisse ne conçoit plus la neutralité comme une action solitaire et aveugle. Au contraire, elle coopère depuis longtemps de manière ponctuelle avec l’OTAN et les pays voisins dans le domaine militaire. Collaboration avec l’UE L’Union européenne n’a pas encore d’armée commune. Certains pays de l’UE coopèrent sur le plan militaire dans le cadre de la coopération structurée permanente (PESCO). Mais jusqu’à présent, il s’agit plutôt de projets d’armement et de formation peu structurés. Depuis peu, les pays tiers peuvent également adhérer à un projet PESCO.

«La neutralité de la Suisse est l’un des fondements de notre partenariat avec l’OTAN»

Face à la guerre en Ukraine, l’ambassadeur de Suisse auprès de l’OTAN, Philippe Brandt, explique l’importance du partenariat de la Suisse avec l’Alliance, qu’il juge parfaitement compatible avec la neutralité suisse. Entretien. swissinfo.ch: Votre rôle de chef de mission auprès de l’OTAN a-t-il changé depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine? Philippe Brandt: Nous vivons une période très intense. Notre rôle en tant que mission n’a pas fondamentalement changé. Nous suivons de près les décisions prises par l’OTAN ainsi que l’évaluation de la situation par l’Alliance. Cette crise le montre: l’OTAN est un acteur central dans le domaine de la politique de sécurité, et de bons accès à notre réseau de contacts sont essentiels.  Notre partenariat avec l’OTAN est stable et fructueux. De nombreuses activités intéressantes pour la Suisse se poursuivent, notamment en matière de formation. Notre relation avec l’Alliance est empreinte d’une grande confiance, qui s’est construite au…

L’invasion russe en Ukraine suscite un nouveau débat sur la neutralité

Vladimir Poutine veut imposer par les armes la neutralité de l’Ukraine, tandis que la Suisse vient de réinterpréter la sienne. Des pays comme la Suède ou Taïwan ajustent leur neutralité. Le point sur le délicat principe de non-intervention. Ces jours-ci, tout ce qui tombe entre les mains du maître du Kremlin vole en éclats. Mais bien que Vladimir Poutine ait justement fait de la «neutralité» de son voisin ukrainien un des objectifs de sa guerre contre lui, la neutralité reste «une inspiration et un idéal pour de nombreux États, même au 21e siècle». C’est du moins ce qu’affirme Johanna Rainio-Niemi, politologue, chercheuse et enseignante à l’Université d’Helsinki*. À la suite de l’attaque russe contre l’Ukraine, plusieurs pays ont «abandonné» leur neutralité aux yeux de la communauté internationale. La Suisse et la Suède font partie de ces États traditionnellement neutres: «La Suède abandonne la neutralité», résume la chaîne de télévision publique allemande ZDF après la décision…

Pourquoi la Suisse devrait-elle redéfinir maintenant sa neutralité

«Un grand pouvoir implique une grande responsabilité». La maxime ne vaut pas que pour Spiderman, mais également pour la Suisse. Elle devrait redéfinir sa neutralité, demande l’éthicien de l’économie Thomas Beschorner. La neutralité est un principe fortement ancré dans l’histoire et la culture suisses. En cas de conflit, on ne veut prendre parti ni pour l’un ni pour l’autre camp. De cette manière, le pays s’en est bien sorti pendant des siècles, y compris sur le plan économique. Mais aujourd’hui, la Suisse pourrait bien être au seuil d’un changement d’époque. Cela se manifeste par le fait que les politiques suisses ont pu consentir, après de trop longues hésitations, à prendre à leur tour des sanctions économiques contre la Russie. En alignant leurs mesures sur celles de l’UE, ils ont aussi décidé de geler les avoirs russes en Suisse. Bien! Quant à savoir quelles mesures et sanctions seront prises à l’encontre de la Russie sur le marché des matières premières, c’est encore le silence.

Ukraine: la guerre s’approche de l’ancienne colonie suisse de Chabag

C Cela aurait pu être une année de commémoration, mais la guerre vient tout chambouler: il y a 200 ans exactement, des Suisses fondaient la colonie viticole de Chabag, en Ukraine. Les viticulteurs suisses avaient été chassés pendant la Seconde Guerre mondiale, mais la culture suisse du vin a survécu dans la région. La progression semble inéluctable. Au sud de l’Ukraine, le long de la côte, les forces russes parties de Crimée font leur jonction avec celles venues du Dombass via le port de Marioupol. Plus à l’ouest, leur prochain objectif semble être la ville portuaire d’Odessa, dont la prise couperait l’Ukraine d’un accès à la mer, portant un rude coup à l’économie du pays. C’est dans cette région âprement disputée, à environ 70 kilomètres au sud-ouest d’Odessa, que se trouve l’ancienne colonie suisse de Shabo (Chabag en français), fondée en 1822. À l’époque, des Suisses qui tentaient de fuir la misère économique de leur pays avaient répondu à l’appel du tsar russe Alexandre…

«Avec une adhésion à l’ONU, les dégâts seraient énormes», disait l’UDC il y a 20 ans

Il y a vingt ans, l’électorat helvétique votait en faveur de l’adhésion de la Suisse à l’ONU. Un résultat qui mettait un terme à une anomalie de 50 ans mais laissait un pays divisé. Retour sur les faits. «Nous rappellerons avec force ce que signifie la neutralité.» Conseiller national et leader charismatique de l’Union démocratique du centre (UDC), Christoph Blocher s’exprime devant les médias, flanqué de deux figures de son parti: son président Ueli Maurer, aujourd’hui conseiller fédéral, et le député Christoph Mörgeli. Nous sommes le 10 août 2001. Le parti de la droite nationale-conservatrice a convoqué une conférence de presse visant à expliquer sa position dans le débat parlementaire sur l’initiative populaire demandant l’adhésion de la Suisse à l’ONU. «La vocation de la Suisse ne consiste pas à faire comme les autres États mais à demeurer plus libre, plus indépendante et plus démocratique que les autres», affirme Christoph Mörgeli. Pour lui, le Sonderfall («cas…