Catégorie : Suisse

Les possibilités de paix entre Biden et Poutine

Prévu à Genève le 16 juin, le sommet entre les présidents américain Joe Biden et russe Vladimir Poutine ne s’annonce pas facile. Selon le spécialiste du GSPC Marc Finaud, il offre une occasion unique de réduire les tensions, relancer le désarmement et faciliter la coopération face aux menaces auxquelles le monde est confronté. Genève, ville de la paix, accueille de nouveau les dirigeants des États-Unis et de la Russie. Si l’on regarde dans le rétroviseur, l’optimisme pourrait s’imposer. En effet, les précédents sommets genevois avaient débouché sur d’importants accords. Celui de 1955 entre Eisenhower et Khrouchtchev n’avait pas pu régler la réunification de l’Allemagne dont l’Union soviétique demandait le retrait de l’OTAN, mais il avait ouvert la voie à la création, conjointement avec la France et la Grande-Bretagne, du Comité des Dix Puissances sur le Désarmement, lequel deviendra plus tard la Conférence du désarmement qui existe toujours à Genève. Le sommet de 1985 entre Reagan…

Le non à l’accord-cadre est tout sauf une révolution

«Christoph Blocher – sauveur de la Suisse», titre la Weltwoche quand le Conseil fédéral dit non à l’accord-cadre et rompt les négociations avec Bruxelles. Mais c’est un malentendu. Les plus âgés s’en souviennent, les jeunes en ont certainement entendu parler: le 6 décembre 1992, le peuple et les cantons suisses refusaient l’entrée du pays dans l’Espace Économique Européen (EEE). C’était l’échec de la connexion économique durable de la Suisse à l’UE à un niveau juste en-dessous de celui de l’adhésion. Le deuxième essai entre la Suisse et l’UE, celui des bilatérales, a quand même réussi. Il apporta à la Suisse le statut «à la carte» qu’elle souhaitait: accès au marché unique sans implication institutionnelle. Mais l’Union n’y a vu qu’une étape préliminaire vers une adhésion pleine et entière, dont la Suisse n’a pas voulu. Après l’avoir gelée, elle a fini par retirer sa demande d’adhésion. Dès lors, l’attention s’est portée sur l’accord-cadre, qui devait chapeauter tous les autres.

L’écriture inclusive subira-t-elle le verdict des urnes?

Toujours plus de médias, publics comme privés, cherchent à exprimer leurs contenus de manière inclusive ou neutre du point de vue du genre. C’est l’arbre qui cache la forêt des vrais enjeux, jugent certains. Votera-t-on un jour sur l’usage du langage épicène? Et faut-il légiférer en matière de langue? En février dernier, la RTS – média de service public de la Suisse francophone – a publié de nouvelles directives journalistiques portant sur le langage inclusif et épicène. Exemple: les émissions tv ou radio ne commencent plus par un «Bonsoir à tous» (un masculin pluriel impliquant les deux sexes) mais par «Bonsoir à toutes et à tous». L’annonce a engendré moult débats en ligne et nombre de critiques sur la façon de présenter la nouvelle politique (une vidéo enjouée) et sur la forme jugée peu esthétique des nouvelles formes d’écriture inclusive. Mais l’émoi découle aussi des enjeux plus fondamentaux du rôle d’un média de service public et du langage en démocratie. Le quotidien Le…

Le vote des étrangers et la preuve de l’intégration

Le passeport suisse doit-il être une condition pour se rendre aux urnes? Ce n’est pas le cas dans certains cantons et communes. D’autres – comme le Tessin – débattent actuellement pour savoir si cela est juste et si cela sera l’avenir du système démocratique suisse. Participer à la vie politique à l’endroit où l’on vit aide-t-il à se sentir membre de la communauté? Ou est-il nécessaire d’être déjà intégré pour avoir le droit de vote? Ces questions font penser à celle de l’œuf et de la poule, mais méritent d’être reposées de temps en temps – comme cela se fait en ce moment au Parlement cantonal tessinois. Ne serait-ce que parce que la Confédération elle-même encourage les personnes étrangères ou d’origine étrangère à s’intégrer, comme le prescrit l’article 53 de la Loi fédérale sur les étrangers et l’intégration. À tel point que le droit de vote et d’éligibilité fait partie des 34 indicateurs-clés qu’utilise l’Office fédéral de la statistique pour illustrer les progrès en matière…

Vers un monde de glaciers noirs

Le recul des glaciers dans les Andes et dans l’Himalaya menace l’existence de centaines de millions de personnes. Selon une chercheuse suisse, une nouvelle approche est nécessaire pour comprendre la dynamique de la fonte. Francesca Pellicciotti est impatiente. Presque deux ans après sa dernière expédition, elle a hâte de retourner sur le terrain. «En 2020, nous avons dû annuler les campagnes de mesures sur les glaciers en Inde et au Tibet à cause de la pandémie de coronavirus, et cette année, ce ne sera pas mieux», explique à SWI la glaciologue italienne, qui travaille depuis 2017 à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). «C’est une situation difficile, car il est important de pouvoir effectuer des mesures en continu. De plus, les crédits pour la recherche ont une date d’expiration». Également professeure associée à l’Université de Northumbria à Newcastle (Royaume-Uni), Francesca Pellicciotti participe à divers projets financés par le Conseil…

La pandémie révèle des difficultés à attirer les talents internationaux en Suisse

Le marché du travail helvétique est l’un des plus attractifs au monde, mais la place économique suisse est de plus en plus concurrencée par d’autres pays en raison de ses restrictions en matière d’immigration. La pandémie peut-elle être un tournant? En avril, l’entreprise de biotechnologie suisse Lonza a été pointée du doigt à cause de retards dans sa toute nouvelle usine, qui produit les ingrédients du vaccin anti-Covid de Moderna. Des lenteurs en partie liées à la difficulté de recruter de la main-d’œuvre spécialisée – notamment en ingénierie des bioprocédés et en contrôle qualité – en Valais. Lonza prévoit de pourvoir 1200 nouveaux postes à Viège, une ville d’environ 8000 habitants située dans ce canton du sud de la Suisse. Selon certains médias suisses, les quotas appliqués à la main d’œuvre étrangère – plafonnés à 42 permis de résidence (permis B) pour le Valais en 2021 – ont compliqué les embauches. Tout en se refusant à confirmer cette analyse, un porte-parole de Lonza…

Plongée dans l’étang vert fluo d’Olafur Eliasson à Bâle

Olafur Eliasson fait littéralement tomber les murs de la Fondation Beyeler à Bâle. Avec son installation surprenante, l’artiste dano-islandais laisse entrer l’eau, les plantes et les animaux dans le musée aux côtés des visiteurs. Il plonge ainsi le spectateur dans une réflexion sur la coexistence de la nature et de la culture. 21 avril 2021, 19h30: Ce vert perturbe l’idylle. Il y a peu, je me promenais encore le long du chemin sinueux qui traverse le jardin paysager anglais de la Fondation Beyeler. Des groupes d’arbres, des clairières et des plans d’eau disposés avec précision me donnaient l’impression d’un paysage naturel. Mais maintenant, c’est un vert poison qui se dégage de l’étang devant le musée. Le vert aussi est une question de perspective. C’est la première impression que je retire de ma visite de l’exposition d’Olafur Eliasson. Le bassin fluorescent fait partie de l’installation «Life» que l’artiste a créée à la Fondation Beyeler. Il a ajouté de l’uranine à l’eau, un…

«En Suisse, seuls les grands criminels vont en prison»

Les différentes peines prévues par le Code pénal suisse ne sont pas cohérentes entre elles. Les politiques veulent y mettre de l’ordre. Y parviendront-ils? Nous avons demandé l’avis de la juriste et députée UDC Barbara Steinemann. En Suisse, une personne qui tue en se trouvant «dans un état de profond désarroi» ou qui commet un viol peut, suivant les circonstances, s’en sortir avec un an de prison. Qui se rend coupable de lésions corporelles n’écope souvent que d’une amende. Par rapport à ce qui est infligé dans d’autres pays, ces peines sont remarquablement légères. Et ce n’est pas tout: les différentes peines ne sont pas cohérentes entre elles. Par exemple, une dénonciation calomnieuse peut vous valoir jusqu’à vingt ans de prison, alors que des lésions corporelles graves ou un viol ne sont punis que de dix ans au maximum. Avec l’harmonisation des peines, le monde politique entend remettre de l’ordre et de la logique dans tout cela. Harmonisation des peines Le gouvernement…

Les jeunes europhiles gardent espoir malgré la gueule de bois

Que pensent les forces pro-européennes en Suisse de la fin de l’accord-cadre? Conversation avec deux jeunes adultes qui ne veulent pas se voiler la face. Peu de sujets polarisent autant en Suisse que la relation avec l’Union européenne. Cela s’est vu pendant les années de dissensions internes entourant l’accord-cadre, et cela continue à se voir même après sa fin, que le gouvernement suisse a annoncée le 26 mai. Reste à savoir si ce jour entrera dans l’histoire comme le «mercredi noir» — en référence au «dimanche noir» de 1992, lorsque les Suisses avaient rejeté l’adhésion à l’Espace économique européen (EEE). La Suisse s’emploie pour l’heure à limiter les dégâts diplomatiques, de premiers avertissements étant déjà venus de Bruxelles. Quelles sont maintenant les options? Le gouvernement a été incapable de présenter un plan B valable, selon les critiques unanimes des médias. Seule l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice), qui est de toute façon engagée sur une…

Des masques chinois au prix fort venus de Suisse

Qu’est-ce qui a incité, au pic de la pandémie, des ministères allemands à se procurer des kits de protection contre le Covid auprès de deux jeunes entrepreneurs suisses au prix exorbitant de 684 millions d’euros (750 millions de francs)? Qui en a profité outre-Rhin ? La sortie de crise laisse de nombreuses questions ouvertes. Entamée voici 15 mois, cette affaire est loin d’avoir accouché de son épilogue. Dès que le virus est apparu au printemps 2020 en Europe, les Suisses Jascha Rudolphi et Luca Steffen ont activé leurs contacts en Chine pour se procurer, entre autres, des millions de masques de protection FFP2, une denrée rare. Avant que ces masques ne prennent le chemin de la Suisse et de l’Allemagne, de grandes quantités de matériel de protection ont ainsi été commandées puis payées au prix fort à la société Emix, propriéeé des deux Suisses. Réagissant dans l’urgence, les gouvernements n’hésitaient pas à ce moment-là à ouvrir grand leur portemonnaie, l’argent étant devenu…