Catégorie : Suisse

Les italophones laissés-pour-compte dans l’administration fédérale

Les minorités linguistiques sont défavorisées au sein de l’administration fédérale, majoritairement germanophone. Trois chercheurs ont publié un ouvrage qui montre que les italophones sont particulièrement négligés. Contrairement à ce qui est souvent proclamé dans les discours officiels, l’administration fédérale suisse n’est pas un «miroir» du plurilinguisme du pays. Elle est le «reflet» déformé des quatre communautés linguistiques nationales. Les germanophones sont surreprésentés dans les postes de direction et dans les deux tiers des unités administratives (45 sur 67), selon une étude du Centre pour la démocratie à Aarau (ZDA). Les résultats et ceux d’autres recherches scientifiques dans ce domaine figurent dans la récente publication «Les langues du pouvoir». L’analyse statistique révèle également que 60% des quelque 35’000 employés fédéraux travaillent dans une unité où les communautés latines sont sous-représentées. Législation sur les langues nationales L’utilisation des…

Giacometti/Beckett, le dépouillement en ligne de mire

L’artiste suisse et l’écrivain irlandais ont vécu à Paris au début du siècle dernier. Et c’est à Paris qu’une exposition leur est consacrée. Son commissaire, Hugo Daniel, parle ici de l’amitié qui liait les deux hommes, de leur complicité culturelle et de la parenté de leurs œuvres. Entretien. «Parmi les amitiés littéraires d’Alberto Giacometti (1901-1966), celle qui le lie à Samuel Beckett (1906-1989) n’est pas la plus connue, mais c’est l’une des plus durables. Elle remonte à 1937 et se développe dans l’après-guerre», écrit Hugo Daniel. Chargé de mission curatoriale à l’Institut Giacometti, à Paris, Hugo Daniel est commissaire de l’exposition «Giacometti/Beckett. Rater encore. Rater mieux», programmée audit Institut, qui ouvrira ses portes une fois les restrictions sanitaires levées. En attendant, nous avons voulu en savoir davantage sur cette amitié entre deux artistes majeurs du XXe siècle, sur la parenté de leurs œuvres, sur leurs affinités et leur collaboration, sur leur…

Le long chemin vers le droit de vote des femmes

Les premiers pays à avoir introduit le suffrage féminin l’ont fait à la fin du XIXe siècle. Depuis 1948, le droit de vote est considéré comme un droit humain universel. Mais en Suisse, les hommes ont continué à tenir les femmes à l’écart de la vie politique pendant des décennies. Pourquoi l’introduction du suffrage féminin a-t-elle pris autant de temps? Les femmes suisses ont obtenu le droit de vote au niveau fédéral en 1971. Mais les citoyennes du canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures ont dû attendre jusqu’à la fin de la Guerre froide. Le gouvernement suisse est finalement intervenu pour obliger les autorités locales à donner aux femmes des droits politiques égaux à ceux des hommes. En comparaison internationale, le suffrage féminin a été introduit tardivement en Suisse. La Confédération est très en retard par rapport aux autres pays occidentaux. Parmi les arguments avancés par les opposants au suffrage féminin revenait souvent l’idée que la femme n’était pas faite pour la…

Financement climatique: qu’en est-il de la solidarité internationale?

Les pays industrialisés sont les principaux responsables des émissions de CO2. Cependant, ils ne font pas assez pour aider les pays les plus pauvres, qui sont les plus touchés par le réchauffement climatique, à faire face à la crise climatique. Un nouveau rapport critique le laxisme des pays européens. Pour Benjamin Vargas, il s’agit d’une question de «vie ou de mort». Lorsque nous l’avons rencontré en 2018 sur ses terres à Tiquipaya, en Bolivie, l’agriculteur nous a expliqué de manière concrète l’importance de la gestion durable de l’eau, une denrée que le changement climatique rend de plus en plus rare. Grâce à un petit lac artificiel creusé sur le flanc de la montagne, Benjamin Vargas et les autres agriculteurs de la région peuvent recueillir l’eau de pluie et irriguer leurs champs pendant la saison sèche. Le projet a été financé par la coopération suisse et s’inscrit dans le cadre de l’aide que la Confédération apporte aux populations les plus vulnérables au changement…

Novartis peut-il rendre ses médicaments accessibles à tout le monde?

Novartis veut rendre ses médicaments accessibles à tous, même ses thérapies géniques à plusieurs millions de dollars. Mais est-ce réaliste? Le géant suisse de la pharma a lancé voici cinq ans ce que personne n’avait jusqu’ici tenté dans l’industrie pharmaceutique: essayer de vendre une corbeille de médicaments génériques et brevetés au prix d’un dollar pour des traitements mensuels, tarif facilitant leur accès à des ménages pauvres du Kenya. Un an après son lancement, des évaluateurs de l’Université de Boston ont pourtant dû constater que cette expérience n’avait presque pas eu d’impact, le tarif de certains médicaments restant plus élevé que des alternatives disponibles. Ce projet n’a pas résolu la carence d’accès de ces produits aux ménages pauvres. Pour la pharmacienne Veronika Wirtz, membre de l’équipe d’évaluation qui s’est chargée de ce cas à l’Université de Boston, c’est pourtant vers ce genre d’études que la pharma doit orienter aujourd’hui ses recherches. « Mais ce n’est…

«Sans interdiction de la mendicité, on pourra se concentrer sur l’intégration»

L’interdiction générale de la mendicité a été suspendue dans le canton de Genève après la condamnation de cette pratique par la Cour européenne des droits de l’homme. Un soulagement pour les personnes concernées et les travailleurs sociaux qui les accompagnent. Le 19 janvier dernier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rendu un jugement très attendu: elle devait se prononcer sur le cas d’une femme rom amendée et mise en prison pour avoir mendié dans la rue à Genève. Le verdict est clair: la sanction était disproportionnée et a «atteint la dignité humaine d’une personne extrêmement vulnérable». La Suisse a donc violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme qui prévoit le respect de la vie privée et familiale, et par conséquent le droit de s’adresser à autrui pour obtenir de l’aide. Surtout, la CEDH a condamné le principe d’une interdiction générale de la mendicité dans le cadre d’une disposition pénale, car elle implique une «sanction grave…

Le putsch des généraux birmans mobilise l’ONU

Face au coup d’État de l’armée birmane, le Conseil des droits de l’homme tient ce vendredi une réunion d’urgence. Le projet de résolution porté par le Royaume-Uni et l’Union européenne presse notamment les généraux de s’abstenir de réprimer violemment les nombreux manifestants qui protestent chaque jour contre la destitution d’Aung San Suu Kyi et de son gouvernement. Après la résolution que le Conseil de sécurité de l’ONU a réussi à adopter à New York, c’est au tour du Conseil des droits de l’homme basé à Genève de se prononcer sur le putsch des militaires birmans perpétré le 1er février. Le texte du Conseil de sécurité appelle à la libération des détenus, mais ne condamne pas le coup d’État, le prix pour que la Chine et la Russie n’opposent pas leur veto. Une condamnation réitérée dans la première version du projet de résolution qui sera soumis au Conseil des droits de l’homme, sans garantie qu’elle s’y maintienne à l’issue de la session spéciale de vendredi. La position du…

#AskTheEmbassy, le format qui séduit les Suisses de l’étranger

Nul doute que l’ensemble des représentations diplomatiques suisses dans le monde mettent un point d’honneur à offrir le meilleur service possible à leurs concitoyens. Mais il en est une qui sort du lot: l’ambassade de Suisse en Thaïlande a conquis les expatriés qui vivent au pays du sourire. Dès le mois de juin 2020, alors que le monde sortait à peine de la première vague de coronavirus, l’ambassadrice de Suisse en Thaïlande, S.E. Helene Budliger Artieda, et son équipe ont mis en place une série de conférences à suivre en direct sur Facebook. Cette idée a immédiatement séduit les quelque 11’000 Suisses qui résident dans la circonscription consulaire de Bangkok, à savoir la Thaïlande, le Cambodge et le Laos. Appelée #AskTheEmbassy (en français: «Demandez à l’ambassade»), la séance d’information en est à sa huitième édition. Durant ces sessions, l’ambassadrice est accompagnée de deux membres de son équipe. Tous trois se relaient en allemand, français et anglais pour faire le point…

Les aumôniers militaires sur le front de la pandémie

Comme le monde civil, l’armée suisse a vu ses activités chamboulées par la pandémie de coronavirus. Les missions d’appui aux cantons ainsi que la limitation des mouvements ont été parfois psychiquement éprouvantes. Pour soutenir le moral des troupes, l’aumônerie de l’armée a multiplié ses interventions. Désormais, la tâche des aumôniers tient en effet plus de l’accompagnement de la personne que de l’encadrement spirituel. Au printemps dernier, l’armée a mobilisé des troupes pour appuyer les autorités civiles dans le cadre de la première vague de coronavirus. C’était la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que des soldats suisses étaient ainsi mobilisés. Et une nouvelle mission d’appui – cette fois essentiellement basée sur des volontaires – est en cours jusqu’à la fin mars pour faire face à la deuxième vague. Face à la mort C’est ainsi que des troupes sanitaires ont notamment été envoyées dans des hôpitaux pour épauler un personnel civil à la limite de la rupture. Une…

«Une décision qui renforce les pires stéréotypes sur la justice suisse»

Le Ministère public de la Confédération a notifié en novembre son intention d’abandonner l’enquête sur l’affaire Magnitsky – une arnaque à 230 millions de dollars aux dépens des autorités fiscales russes. Figure centrale de l’affaire, le financier Bill Browder est indigné. Pour certains, c’est un activiste anticorruption, pour d’autres un homme d’affaires qui s’est vengé en lançant une campagne de propagande guidée par des intérêts géopolitiques contre la Russie. Ce qui est sûr, c’est que Bill Browder, PDG et cofondateur du fonds Hermitage Capital, est la figure centrale de l’affaire Magnitsky. Ce dossier porte le nom de l’avocat russe Sergeï Magnitsky, mort en prison à Moscou en 2009 dans des circonstances peu claires. Engagé par Browder, il avait révélé l’implication de hauts fonctionnaires russes dans une fraude présumée de 230 millions de dollars d’impôts versés à la Russie par Hermitage Capital puis soustraits au fisc. Une somme ensuite ventilée sur les comptes à l’étranger…