Le secret d’e-barrow dévoilé
Un informaticien juriste s’est introduit dans la dernier formation sur le RPVA. » Client » anonyme du Barreau il témoigne et vous pourrez rire de notre bêtise qui décidément n’a pas de limite :
« Quelle chance. Chien d’informaticien ayant mis à sac à un poset de DSI les budgets de quelques grosses sociétés, j’ai pu m’introduire incognito à une réunion de la secte des adorateurs de e-barrow.
Je les entendais en parler depuis longtemps, certains avec des sanglots dans la voix, d’autres en rigolant, mais visiblement cette nouvelle divinité n’en laissait aucun indifférent. Quel costume mettre ? Difficile de passer inaperçu s’ils se vêtent de leur robe de cérémonie noire, mais . . qui sait .. la profession est tellement féminisée, peut-être leur maître de cérémonie a-t-il été formé à l’école de Eyes Wide Shut ?
Bref, je me glisse discrètement dans une salle, en slalomant entre deux ou trois qui, gênés de s’adonner à cette passion coupable, insistaient pour assurer à tous leurs voisins que, « rassurez-vous, moi, je n’y comprends rien ».Le ton est donné.
Le grand prêtre du jour est un avoué défroqué, qui rigole par avance du bon tour qu’il va jouer à l’assistance. L’assistance nombreuse, tripote fiévreusement ses talisman-phones, qui sont déjà coupés du réseau. Arrête toi visiteur, ici commence l’empire de la mort, et avant de te parler d’e-barrow, il faut déjà couper ton téléphone.
Devant une assistance médusée, qui avait déjà assisté antérieurement à l’initiation, commence le sacrifice. Et quel sacrifice. Camarades informaticiens qui avez réalisé cela, chapeau bas, vous avez, en quelques mois, vengé des milliers de semblables humiliés par des avocats.
C’est vrai, quel informaticien n’a jamais eu affaire à un de ces avocats à qui il tentait de faire accepter un contrat, mais qui avant de passer aux spécifications, s’obstinait à lui faire perdre des heures avec des mentions légales absconses ? Et bien voilà, retour du berger à la bergère, juste pour se constituer, il lui faudra maintenant remplir une armée de champs disposés un peu partout sur la page, en prévoyant soigneusement de rendre obligatoire des champs impossibles à remplir. Ah la fine idée de l’obliger à préciser Monsieur/Madame/Mademoiselle quand il se constitue pour une administration. Bien fait. Et puis chacun ses armes. Avoir omis dans les programmes de coder de manière appropriée les caractères spéciaux et la ponctuation, afin de les obliger à saisir dans une langue quasi étrangère. Bien fait. Ah ils ont voulu nous impressionner avec leur latin. Ben en latin, y’a pas d’accent. Vlan.
Et puis c’est bien connu, quand on pose une question simple à un avocat, il vous répond par une série de choix auxquels vous n’aviez pas pensé, et qui ne correspondent pas à la question. Et bien ce sera pareil dans les choix déroulants de e-barrow. Ca leur apprendra.
Non, sincères félicitations, camarades informaticiens. Vous avez su réunir l’équipe qu’il fallait. Visiblement le chef de projet a subi un divorce à ses torts exclusifs plaidés par l’avocat tordu de son ex, le directeur de projet a été mis deux ou trois fois en liquidation par un barrow boy adepte des procédures collectivistes, et l’assistant maîtrise d’ouvrage a du attendre trop longtemps en garde à vue que son avocat daigne rentrer de déjeuner. On les aura ! Vengeance.
Mais où cela touche au sublime, c’est la limitation à 4méga octet du total des pièces jointes assortie de l’avis que de toutes façons, dans deux ans, les serveurs de l’obédience seront débordés. Arriver à leur faire gober, en 2013, à l’heure où la moindre messagerie gratuite américaine offre des espaces qui se comptent en milliers de gigaoctets qu’ils doivent se contenter de 4 mégaoctets par message, ça frise le génie. Ah ils n’ont pas le temps de nous écouter, et bien .. à leur tour d’être brefs. Comprimez, écrivez petit, scannez en basse résolution et en noir et blanc. Zou, c’est trop gros, dehors.
Mais bon, il reste encore deux ou trois choses à parfaire comme ils disent. Pour le moment, sur une partie des usages, ils peuvent encore compléter par du papier et partiellement apostatiser e-barrow. Il faut encore travailler pour les contraindre complètement et leur interdire la sortie de la secte. Leur éradication est à ce prix. Et méfiez-vous, camarades informaticiens, on est entrain de leur faire el coup de la grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite, mais il m’a semblé repérer les plus séditieux d’entre eux qui commencent à soupçonner qu’on se soit un peu payé leur tête. Faut dire qu’en l’appelant Rien de Pire pour Votre Avocat, on les a un peu mis sur la voie.. «
« Alors que non, on ne s’est pas payé leur tête. On a simplement appliqué la méthode qui a permis déjà de faire disparaître d’autres professions derrière des écrans le moins efficaces possibles.
Ce n’est pas compliqué. Il suffit d’organiser un nombre suffisant de groupes de travail pour discuter politique, prix, couleur des écrans, choix purement techniques, afin d’amuser les commanditaires pendant que en douce et à la cave on fait développer le tout par des castrats à qui on a sévèrement interdit de connaître quoi que ce soit au code de procédure et à la réalité du métier.
De temps en temps, il y a bien un risque quand on finit par réunir un comité de pilotage mais là, une bonne mise aux voix d’un nombre suffisant de sujets, avec le moins de coordination logique possible permet de faire prendre le plus démocratiquement possible des décisions dont la stupidité est proportionnelle au carré du nombre de participants. Et là, avec la section de Paris au grand complet, le nombre ne pouvait manquer.
Voilà. Après quelques sacrifices humains la secte décida de reconvoquer un peu plus tard les éventuels survivants, et les membres les plus fanatiques en profitèrent pour aller solliciter au pied de l’autel des deux célébrants quelques indulgences plénières pour couvrir leurs dernières tentatives d’utiliser e-barrow.
Et quand on voit cette secte qui n’a rien à envier à celle des Davidiens de Waco, Texas, se réunir place de Harlay .. on comprend mieux que l’une des fidèles, qui préférait n’avoir besoin de personne, ait choisi la Harley-Davidson.
Ah si quand même un reproche, camarades informaticiens . Vous auriez pu donner un titre français à votre projet, parce que franchement l’appeler e-barrow (en français e-brouette), c’était prendre le risque que les barrow-boys (en français camelots) finssent par se méfier. Mais bon … »