La neutralité suisse, une notion à géométrie variable

On a parfois le sentiment que la neutralité suisse est monolithique et intangible. Mais un regard sur le passé laisse entrevoir une réalité bien plus nuancée, comme l’analyse l’historien Christophe Farquet. Alors que le débat sur la neutralité suisse a désormais repris de plus belle, une clarification historique s’impose. Il s’agit de dépasser les simplifications politiques, qui oscillent entre une vision monolithique de la neutralité et une appréciation où la malléabilité et l’opportunisme prédominent. Or, ni l’une, ni l’autre de ces perceptions n’est correcte. La neutralité suisse a recouvert, en fait, trois dimensions différentes à l’époque contemporaine. Les distinguer est impératif pour comprendre la césure engendrée par la guerre en Ukraine. Être neutre, d’abord, cela signifie demeurer à l’écart des alliances militaires et ne pas faire la guerre. En cela, la Suisse est bien restée invariablement neutre depuis 1815. On ne s’attardera pas ici sur les quelques imperceptibles…