Le non à l’accord-cadre est tout sauf une révolution
«Christoph Blocher – sauveur de la Suisse», titre la Weltwoche quand le Conseil fédéral dit non à l’accord-cadre et rompt les négociations avec Bruxelles. Mais c’est un malentendu. Les plus âgés s’en souviennent, les jeunes en ont certainement entendu parler: le 6 décembre 1992, le peuple et les cantons suisses refusaient l’entrée du pays dans l’Espace Économique Européen (EEE). C’était l’échec de la connexion économique durable de la Suisse à l’UE à un niveau juste en-dessous de celui de l’adhésion. Le deuxième essai entre la Suisse et l’UE, celui des bilatérales, a quand même réussi. Il apporta à la Suisse le statut «à la carte» qu’elle souhaitait: accès au marché unique sans implication institutionnelle. Mais l’Union n’y a vu qu’une étape préliminaire vers une adhésion pleine et entière, dont la Suisse n’a pas voulu. Après l’avoir gelée, elle a fini par retirer sa demande d’adhésion. Dès lors, l’attention s’est portée sur l’accord-cadre, qui devait chapeauter tous les autres.