Cabinet Philippe ALLIAUME

Avocat à la Cour d'appel de Paris

Le non à l’accord-cadre est tout sauf une révolution

«Christoph Blocher – sauveur de la Suisse», titre la Weltwoche quand le Conseil fédéral dit non à l’accord-cadre et rompt les négociations avec Bruxelles. Mais c’est un malentendu. Les plus âgés s’en souviennent, les jeunes en ont certainement entendu parler: le 6 décembre 1992, le peuple et les cantons suisses refusaient l’entrée du pays dans l’Espace Économique Européen (EEE). C’était l’échec de la connexion économique durable de la Suisse à l’UE à un niveau juste en-dessous de celui de l’adhésion. Le deuxième essai entre la Suisse et l’UE, celui des bilatérales, a quand même réussi. Il apporta à la Suisse le statut «à la carte» qu’elle souhaitait: accès au marché unique sans implication institutionnelle. Mais l’Union n’y a vu qu’une étape préliminaire vers une adhésion pleine et entière, dont la Suisse n’a pas voulu. Après l’avoir gelée, elle a fini par retirer sa demande d’adhésion. Dès lors, l’attention s’est portée sur l’accord-cadre, qui devait chapeauter tous les autres.

L’écriture inclusive subira-t-elle le verdict des urnes?

Toujours plus de médias, publics comme privés, cherchent à exprimer leurs contenus de manière inclusive ou neutre du point de vue du genre. C’est l’arbre qui cache la forêt des vrais enjeux, jugent certains. Votera-t-on un jour sur l’usage du langage épicène? Et faut-il légiférer en matière de langue? En février dernier, la RTS – média de service public de la Suisse francophone – a publié de nouvelles directives journalistiques portant sur le langage inclusif et épicène. Exemple: les émissions tv ou radio ne commencent plus par un «Bonsoir à tous» (un masculin pluriel impliquant les deux sexes) mais par «Bonsoir à toutes et à tous». L’annonce a engendré moult débats en ligne et nombre de critiques sur la façon de présenter la nouvelle politique (une vidéo enjouée) et sur la forme jugée peu esthétique des nouvelles formes d’écriture inclusive. Mais l’émoi découle aussi des enjeux plus fondamentaux du rôle d’un média de service public et du langage en démocratie. Le quotidien Le…