Catégorie : Editeurs

Pas de caméra de télévision lors d’une enquête des agents de la consommation

Des agents de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) procèdent à un contrôle dans un restaurant. A l’issue de l’enquête, le restaurateur est condamné pour délit de pratique commerciale trompeuse en raison de la mention, sur les cartes et menus, d’une origine inexacte de certaines spécialités. Le restaurateur soutient que l’enquête est nulle car les agents ont violé le secret de l’enquête en permettant la présence, lors du contrôle, d’une équipe de télévision équipée d’une caméra. Cette présence a également porté atteinte à ses intérêts.

Une cour d’appel rejette cet argument. Certes, il résulte de l’article 11 du Code de procédure pénale imposant le secret professionnel aux enquêteurs que la présence d’une équipe de télévision aux côtés de ceux-ci serait de nature à vicier la procédure. Toutefois, les services de la DDPP procèdent non à des enquêtes mais à de simples contrôles qui aboutissent le plus souvent à de simples avertissements ou à des transactions et rarement à des poursuites, de sorte que, si la discrétion est souhaitable, le contrôle fait en présence d’une caméra ne viole ni le secret de l’enquête ni aucune forme prescrite par la loi à peine de nullité. La cour ajoute qu’il n’a pas été porté atteinte aux intérêts du restaurateur : celui-ci ne justifie d’aucun grief puisque le procès-verbal du contrôle, mené exclusivement sur pièces et documents, ne s’appuie sur aucun élément testimonial qui aurait pu être dicté par l’émotion due à la présence d’une caméra.

La Cour de cassation censure cette décision. Il résulte des articles 11 précité et 28 du même Code que les agents ou les fonctionnaires auxquels les lois spéciales mentionnées à ce second article attribuent des pouvoirs de police judiciaire sont soumis au secret de l’enquête. La présence d’un tiers ayant obtenu d’une autorité publique l’autorisation de capter, par le son ou l’image, fût-ce dans le but d’informer le public, le déroulement des actes d’enquête auxquels procèdent ces agents ou ces fonctionnaires constitue une violation de ce secret. Une telle violation porte nécessairement atteinte aux intérêts de la personne concernée.

A noter : Dans des décisions relativement récentes, la chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé que l’exécution d’une perquisition en présence d’un tiers qui, ayant obtenu d’une autorité publique une autorisation à cette fin, en capte le déroulement par le son ou l’image porte nécessairement atteinte aux intérêts de la personne qu’elle concerne (Cass. crim. 10-1-2017 n° 16-84.740 FS-PBI : Bull. crim. n° 11 ; dans le même sens, Cass. crim. 9-1-2019 n° 17-84.026 FS-PBI : Bull. crim. n° 8). Cette jurisprudence devait-elle être étendue aux opérations conduites en présence d’une équipe de tournage de film par des agents de l’administration habilités à constater les infractions au Code de la consommation, comme les fraudes en matière alimentaire ?

L’article 11 du Code de procédure pénale pose le principe du secret de l’enquête et de la soumission de toute personne qui concourt à celle-ci au secret professionnel. L’article 28 du même Code est relatif aux fonctionnaires et agents des administrations et services publics qui exercent des « pouvoirs de police judiciaire » en fonction d’habilitations législatives spéciales (chasse, pêche, consommation, etc.). La chambre criminelle déduit de ces textes que ces agents, dès lors qu’ils constatent des infractions pénales, exercent des pouvoirs de police judiciaire, ce qui entraîne soumission au secret de l’enquête et, par voie de conséquence, interdiction qu’un tiers puisse filmer les opérations. Elle distingue ainsi implicitement ces pouvoirs de police judiciaire des simples contrôles administratifs, tels ceux prévus notamment par l’article L 512-1 du Code de la consommation, dont le juge pénal n’a, en principe, pas à connaître.

Cette solution, inédite, est d’une portée très large puisqu’elle a vocation à s’appliquer à tous les agents visés par l’article 28 précité. La première chambre civile de la Cour de cassation avait d’ailleurs ouvert la voie en ce sens pour les agents de la concurrence (Cass. 1e civ. 9-3-1999 n° 96-16.560 FS-PBR : RJDA 8-9/99 n° 1023).

Dominique LOYER-BOUEZ

Pour en savoir plus sur cette question : voir Mémento Concurrence consommation 2021 n° 68150


Cass. crim. 9-3-2021 n° 20-83.304 FS-PBI

Chaufferie de la Défense : « Je pense que le tribunal a honte de cette procédure, qui est indigne »

Une procédure de corruption du marché public du chauffage et de la climatisation dans le quartier de la Défense, dont les faits remontent à plus de vingt ans, avait été intégralement annulée, à la surprise générale, le 11 janvier dernier. Vendredi 16 avril, la procédure passait devant la cour d’appel de Versailles. La décision sera rendue le 15 septembre.

en lire plus

Entrée en vigueur du protocole n° 15 à la Convention : réduction du délai de dépôt des requêtes

À la suite de sa ratification par l’Italie le 21 avril 2021, le protocole n° 15 portant amendement à la Convention européenne des droits de l’homme entrera en vigueur le 1er août. Le délai dans lequel la Cour peut être saisie après une décision nationale définitive passera de six à quatre mois le 1er février 2022.

en lire plus

Précisions sur l’appréciation de la proportionnalité du cautionnement

Pour apprécier la proportionnalité de l’engagement d’une caution au regard de ses biens et revenus, les biens, quoique grevés de sûretés, lui appartenant doivent être pris en compte, leur valeur étant appréciée en en déduisant le montant de la dette dont le paiement est garanti par ladite sûreté, évalué au jour de l’engagement de la caution.
Par ailleurs, la caution qui a rempli, à la demande de la banque, une fiche de renseignements relative à ses revenus et charges annuels et à son patrimoine, dépourvue d’anomalies apparentes sur les informations déclarées, ne peut, ensuite, soutenir que sa situation financière était en réalité moins favorable que celle qu’elle a déclarée au créancier.

en lire plus

Précisions sur l’appréciation de la proportionnalité du cautionnement

Pour apprécier la proportionnalité de l’engagement d’une caution au regard de ses biens et revenus, les biens, quoique grevés de sûretés, lui appartenant doivent être pris en compte, leur valeur étant appréciée en en déduisant le montant de la dette dont le paiement est garanti par ladite sûreté, évalué au jour de l’engagement de la caution.
Par ailleurs, la caution qui a rempli, à la demande de la banque, une fiche de renseignements relative à ses revenus et charges annuels et à son patrimoine, dépourvue d’anomalies apparentes sur les informations déclarées, ne peut, ensuite, soutenir que sa situation financière était en réalité moins favorable que celle qu’elle a déclarée au créancier.

en lire plus

Précisions sur l’appréciation de la proportionnalité du cautionnement

Pour apprécier la proportionnalité de l’engagement d’une caution au regard de ses biens et revenus, les biens, quoique grevés de sûretés, lui appartenant doivent être pris en compte, leur valeur étant appréciée en en déduisant le montant de la dette dont le paiement est garanti par ladite sûreté, évalué au jour de l’engagement de la caution.
Par ailleurs, la caution qui a rempli, à la demande de la banque, une fiche de renseignements relative à ses revenus et charges annuels et à son patrimoine, dépourvue d’anomalies apparentes sur les informations déclarées, ne peut, ensuite, soutenir que sa situation financière était en réalité moins favorable que celle qu’elle a déclarée au créancier.

en lire plus