Catégorie : Suisse

Giuliano da Empoli: «La guerre en Ukraine a largement contribué au succès de mon roman»

L’écrivain italo-suisse Giuliano da Empoli a reçu le 27 octobre le Grand Prix du roman de l’Académie française pour sa fiction politique «Le Mage du Kremlin». Une entrée étourdissante dans les coulisses du pouvoir russe qui lui vaut également une place dans le dernier carré du Goncourt. Il est finaliste de ce prestigieux prix qui sera proclamé le 3 novembre. En attendant, il se confie. Hauteur de vue, réflexion rapide, charisme intellectuel. Trois qualités attrayantes auxquelles il faut ajouter la modestie, et vous voilà en face de Giuliano da Empoli, désormais vedette, qui a séduit la presse et les milieux littéraires depuis la publication en avril dernier de son roman politique «Le Mage du Kremlin» (Gallimard). Il n’était donc pas étonnant que l’Académie française, à l’affût de perles rares, lui accorde l’une de ses plus prestigieuses récompenses: le Grand prix du roman. Pour ce même «Mage», écrit directement en français, l’auteur est également finaliste d’un autre prix illustre,…

Produire du biogaz au Bénin n’est pas toujours une sinécure

Au sud du Bénin, deux installations de méthanisation ont vu le jour grâce à des financements suisses. Elles permettent à la population de tirer le meilleur parti des déchets organiques qui souvent encombrent les rues et les marchés. Le succès de l’une et l’échec de l’autre offrent des pistes de réflexion pour de futures initiatives de ce type. Au bout d’un chemin de terre bordé de buissons, le rouge des drapeaux qui flottent au sommet du château d’eau saute aux yeux une fois franchi le grand portail d’entrée en fer. La couleur unit les étendards genevois, suisse et béninois qui dansent au rythme du vent. Après avoir parcouru les deux heures de route qui séparent Cotonou, la capitale économique du Bénin, de Houègbo, nous voici au Site de valorisation des déchets créé par la fondation genevoise ReBin en 2018. Mark Giannelli, le président de la fondation, nous accueille pour la visite des lieux. ReBin a vu le jour lors de la rédaction de son mémoire de Master of Business…

«Le Qatar est-il prêt à accueillir le monde entier? Je ne pense pas»

Plus que 20 jours avant le coup d’envoi de la Coupe du monde de football au Qatar. Comment vit-on en tant que Suisse dans un pays qui restreint la liberté d’expression et qui a été si fortement critiqué avant la Coupe du monde? L’enseignante Brigitte Gonzalez* nous donne un aperçu de cette culture pleine de défis. «Je vis dans le Golfe persique parce que j’ai reçu une offre d’emploi du Qatar il y a six ans, pour travailler à la Swiss International School. Mais cette école n’a de suisse que le nom. Elle est plus volontiers utilisée à des fins marketing. Aujourd’hui, je travaille comme enseignante dans une école qatarie. J’ai déjà vécu au Canada, en Grande-Bretagne, en République tchèque ou à Chypre. Je suis née en Suisse et j’ai passé les cinq premières années de ma vie à Zurich. Ensuite, ma famille a déménagé tous les trois ou quatre ans à cause du travail de mon père. C’est finalement en Amérique du Sud que j’ai fait mes études, que j’ai rencontré mon mari et que j’ai fondé une…

«Les clubs suisses ont encore un potentiel de croissance en Californie»

Autrefois, les clubs suisses étaient des points de contact centraux pour les nouveaux arrivants dans leur pays d’accueil. Aujourd’hui, ces clubs vivent du besoin de tradition de leurs membres. Mais Diane Wagner est convaincue que les clubs suisses ont un avenir. Une parade est en cours au Swiss Park de Newark, en Californie. Les drapeaux des 26 cantons suisses flottent, les cloches des vaches sonnent. C’est ainsi que les Sociétés suisses unies de Californie du Nord (USSNC) célèbrent la fête nationale. Depuis sa fondation à San Francisco en 1910, cette organisation faîtière des clubs suisses de Californie du Nord s’engage pour la culture helvétique. On sert des saucisses à rôtir, des spätzli et du chou rouge. Du chocolat, des vins et d’autres produits typiques sont proposés. Les émotions remontent à la surface Diane Wagner est la présidente de l’organisation. Depuis la scène, elle annonce la projection de la vidéo que le président de la Confédération Ignazio Cassis a enregistrée…

«Nous sommes dans une guerre de l’information»

La BBC a annoncé récemment son intention de supprimer près de 400 postes dans son service international pour accélérer sa transition vers le numérique. L’historienne Raphaëlle Ruppen Coutaz fait le parallèle avec l’histoire de swissinfo.ch. Raphaëlle Ruppen Coutaz Raphaëlle Ruppen Coutaz est maître d’enseignement et de recherche en histoire à l’Université de Lausanne. Elle a rédigé sa thèse «La voix de la Suisse à l’étranger. Radios et relations culturelles internationales (1932-1949)» sur Radio Suisse Internationale, qui est devenue par la suite SWI swissinfo.ch. swissinfo.ch: La BBC a récemment fêté son centenaire. La même année, le service public britannique ferme plusieurs de ses radios internationales. Que s’est-il passé? Raphaëlle Ruppen Coutaz: Le centième anniversaire de la BBC a été l’occasion de rappeler l’envergure et le rôle de modèle que le service public radiophonique britannique a pu jouer, mais il est vrai que ce centenaire est aussi marqué par un contexte…

Les familles des prisonniers de guerre ukrainiens exhortent le CICR à en faire plus

Des familles de prisonniers de guerre en Ukraine étaient présentes jeudi à Genève. Leur but: crier leur désespoir et en appeler à un renforcement de l’action des organisations internationales. «J’ai vécu l’enfer. C’est une douleur et un désespoir qui ne vous quittent pas et qui vous accompagnent toute la journée», a déclaré la mère d’un soldat ukrainien détenu lors d’une conférence de presse. Celui-ci a été capturé par les forces russes il y a cinq mois, lorsqu’il a quitté l’aciérie Azovstal de Marioupol. Depuis, plus de nouvelles. La délégation se composait de quatre femmes – deux mères, une épouse et une fille de prisonniers de guerre ukrainiens – qui n’ont pas souhaité être identifiées pour des raisons de sécurité. L’objectif de leur visite à Genève était de rencontrer des responsables du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), afin de «leur faire part de leurs histoires et de les appeler à l’action»,…

La «Marche sur Bellinzone» ou l’échec des fascistes suisses

Il y a cent ans, le spectre du fascisme planait sur le Vieux Continent. En Suisse, surtout dans sa partie latine, divers mouvements ont salué avec enthousiasme l’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini, dont ils partageaient les idéaux. Le 28 octobre 1922, l’enfer se déchaîne en Italie: quelque 50’000 fascistes marchent sur Rome et Benito Mussolini prend le pouvoir. Le roi Victor Emmanuel III ne lui fait pas obstacle; bien au contraire: nommé pour former le gouvernement, le Duce inaugure son régime totalitaire, qui durera plus de vingt ans. En Suisse, divers milieux accueillent l’ascension du Duce par un tonnerre d’applaudissements. Le cœur battant du fascisme suisse se trouve à Lausanne, où, en 1902, le transfuge socialiste Mussolini avait péniblement gagné sa vie en travaillant comme ouvrier et apprenti. Très vite, il était parvenu à se faire un nom au sein de la colonie italienne du canton de Vaud, se faisant remarquer grâce à des discours incendiaires et des articles cinglants…

Le budget participatif, un instrument en vogue

En Suisse, les citoyennes et citoyens se prononcent sur les décisions financières importantes au niveau local. En Argentine, une université donne aux étudiantes et étudiants, au corps enseignant et au personnel la possibilité de s’exprimer sur son budget. Deux approches différentes qui ont une longue histoire et un impact concret à l’échelle mondiale. Le budget participatif, qui permet au peuple d’avoir son mot à dire sur l’utilisation de l’argent public, est devenu une composante de plus en plus importante de la démocratie moderne à travers le monde. Les citoyennes et citoyens de Madrid et de Paris ont déjà eu plusieurs fois l’occasion de se prononcer sur la répartition de budgets de plusieurs millions d’euros. Mais, à ce jour, la Suisse est le seul pays du monde où la démarche participative est une règle contraignante, selon le groupe de recherche italien Politis. À Aarau (ville située entre Berne et Zurich) par exemple, le référendum est obligatoire si les dépenses dépassent…

La Marche sur Rome: «une situation tendue, mais pas alarmante»

Il y a cent ans exactement, la «Marche sur Rome» permettait à Benito Mussolini, le leader du fascisme italien, de prendre le pouvoir. La Suisse réagit avec prudence, motivée par le désir de maintenir de bonnes relations avec sa puissance voisine et de contenir ses pulsions irrédentistes. Fin octobre 1922, le conseiller fédéral Giuseppe Motta, chef du Département politique fédéral (le ministère des Affaires étrangères de l’époque), trouve sur son bureau la transcription d’une lettre provenant du Tessin. La missive décrit les événements des jours précédents à Côme, ville italienne pas très éloignée de la frontière suisse. «À Côme, la milice fasciste a occupé la préfecture et il y a eu des scènes de fraternisation entre les troupes affectées à la surveillance et les chemises noires. La collaboration entre l’armée régulière et les fascistes est de plus en plus ouverte.» Entre le 28 et le 29 octobre, de nombreux fascistes vivant à Chiasso, menés par le directeur de l’usine à gaz de…