Catégorie : Suisse

L’insolent bilan de la saison de ski en Suisse

La saison n’est pas encore finie que les médias régionaux s’en gargarisent déjà : l’ouverture des remontées mécaniques cet hiver serait «un pari réussi». Et du côté français des Alpes, la jalousie bat son plein… Alors, mission accomplie ?Par Paul SugyPublié le 15/04/2021 à 19:00, mis à jour le 15/04/2021 à 19:00

Ce n’est plus de l’impertinence, c’est carrément de la provocation. Dans un article intitulé «L’ouverture des stations de ski, un pari réussi», le journaliste Alexandre Beney du Nouvelliste, un quotidien d’information locales dans le canton suisse du Valais, s’amuse à faire cette comparaison : «la semaine passée, le taux d’incidence était de 141 personnes infectées pour 100 000 habitants en Valais et de 299 en Haute-Savoie». Le Valais où, contrairement à la Haute-Savoie, les remontées mécaniques ont ouvert dès la fin novembre – alors même qu’au début de l’hiver, les Helvètes étaient majoritairement hostiles à l’ouverture, selon un sondage Tamedia publié par 20 minutes.

S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan général de la saison 2020/2021 qui n’est pas encore tout à fait terminée, certaines stations d’altitude étant encore ouvertes à la mi-avril, les grands domaines skiables du pays commencent déjà à communiquer des chiffres. Certes ils ne sont pas très bons (la Suisse applique à ses frontières un contrôle sanitaire strict, imposant des restrictions aux voyageurs ne disposant pas d’un passeport ou d’un titre de séjour) ; ils sont néanmoins loin d’être catastrophiques, se rassurent les acteurs du secteur. Auprès de la RTS, les domaines des Portes du Soleil et de Verbier, en Suisse romande, reconnaissent tout de même des pertes de 20 % à 30 % de chiffre d’affaires par rapport à une saison normale.PUBLICITÉ

«Ce sont des chiffres logiques» commente Laurent Vanat, consultant et auteur chaque année d’un rapport international sur le tourisme de neige, «puisque cette année la plupart des skieurs étrangers ne sont pas venus. Cela dit ils représentent 35 % des clients d’habitude, or les pertes pour les stations sont inférieures à cette proportion : c’est donc qu’en compensation, les Suisses ont davantage skié au cours de cette saison.» Le spécialiste de l’économie des sports d’hiver rappelle en outre que la France, l’Allemagne et l’Italie ont fait figure d’exceptions : dans la plupart des autres pays du monde, on a continué à skier malgré la pandémie.

Pas de foyers de contamination déclarés

Reste que malgré une saison «économiquement compliquée» d’après les mots mêmes du président des Portes du Soleil Enrique Cabarello, les autorités sanitaires du pays ne recensent selon lui aucun foyer d’infection dans les stations de ski. Surtout, alors que la France et l’Allemagne, qui ont pourtant toutes deux laissé leurs remontées mécaniques fermées cet hiver, ne parviennent pas à maîtriser la nouvelle vague épidémique provoquée par la diffusion des nouveaux variants du virus, la Suisse a annoncé mercredi qu’elle comptait rouvrir très largement ses lieux publics : «il sera de nouveau possible d’organiser des manifestations accueillant du public, par exemple dans les stades, les cinémas ou les salles de concert et de théâtre. Les activités sportives et culturelles à l’intérieur seront aussi à nouveau autorisées, y compris certaines compétitions. Enfin, les restaurants pourront rouvrir leurs terrasses» a précisé notamment le Conseil fédéral.

Il faut dire que les stations de ski helvétiques s’étaient préparées depuis longtemps à prendre les précautions drastiques qui s’imposaient. Dès l’été, elles avaient mis sur pied un plan sanitaire d’ampleur, prévoyant l’embauche de personnels supplémentaires (10 % à 15 % de plus que d’habitude) pour gérer les flux de skieurs dans les stations, ainsi que des infrastructures spécifiques permettant de circuler sans (trop) se croiser, comme des filets ou des barrières. Pour un surcoût total de plusieurs centaines de milliers de francs dans les grandes stations. Devant le succès de l’entreprise, objectivé par l’absence de clusters, les responsables du tourisme et des sports d’hiver n’en finissent plus de s’autocongratuler dans la presse.

En lisant le bilan que tirent les Suisses de leur saison, je ne peux qu’éprouver des regrets.Nicolas Rubin, maire de Chatel

De quoi faire pâlir d’envie leurs voisins haut-savoyards, qui avaient accueilli froidement la décision de laisser fermées les remontées françaises. «En lisant le bilan que tirent les Suisses de leur saison, je ne peux qu’éprouver des regrets» confie au Figaro le maire de Chatel Nicolas Rubin. «On a sacrifié la liberté et les grands espaces, pensant à tort que l’on protégerait davantage la santé des Français alors qu’en fin de compte cela leur aurait peut-être été profitable de prendre l’air cet hiver. Nos voisins suisses, eux, ont osé, ont tenté et ont réussi leur coup.» L’élu a néanmoins tempéré depuis quelques mois ses critiques à l’égard de l’exécutif, saluant à présent les efforts accomplis pour débloquer des aides importantes auprès des professionnels du secteur. Entre 500 et 700 millions d’euros devraient en effet être reversés aux exploitants, et le feu vert donné par l’Europe devrait accélérer le versement des chèques compensant la perte de chiffre d’affaires.

Nicolas Rubin souligne toutefois que des trous dans la raquette demeurent, en ce qui concerne par exemple les sous-traitants, sociétés d’entretien des remontées mécaniques ou fournisseurs. Ainsi, les projets d’investissement ou d’achat de matériel (comme de dameuses par exemple) ont été, sinon suspendus, du moins différés, menaçant l’ensemble d’un écosystème local qui emploie en outre fréquemment des travailleurs saisonniers, sitôt l’hiver passé. Sans aide de l’État, ceux-ci risqueraient donc de subir une double peine.

«Mission accomplie»

En Suisse cependant, comme la perte de chiffre d’affaires a été bien moindre, les aides fédérales se font davantage attendre et les domaines s’en sortent péniblement. De l’autre côté des Alpes, on a aussi reporté quelques projets d’investissement d’ampleur.

Qu’importe, le jeu en valait la chandelle : pour le directeur des remontées mécaniques de Villars-les-Diablerets, c’est même une «mission accomplie», rapporte la journaliste suisse Anouk Pernet. Outre en effet la sensation de liberté donnée aux skieurs en des temps où la tendance est plutôt à l’enfermement et à la morosité, les Suisses auront de nouveau prouvé qu’on peut faire l’inverse de ses voisins et s’en tirer quand même à bon compte – et ça, ça n’a pas de prix.

https://www.lefigaro.fr/international/l-insolent-bilan-de-la-saison-de-ski-en-suisse-20210415

Un haut responsable de l’OMS sous enquête de la justice italienne

Ex-directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé, Ranieri Guerra est toujours conseiller spécial du directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il est accusé par le parquet de Bergame d’avoir menti. La nouvelle provoque une onde de choc en Italie et à Genève. C’est une bombe à fragmentation qui a déjà de fortes répercussions aussi bien à Genève qu’en Italie. Ranieri Guerra, qui fut encore voici peu l’un des 11 directeurs généraux adjoints de l’Organisation mondiale de la santé et qui demeure un conseiller spécial du patron de l’institution, Tedros Adhanom Ghebreyesus, est sous enquête du parquet de Bergame. Celle-ci s’inscrit dans le cadre de la pandémie de Covid-19 qui a décimé cette région du nord de l’Italie lors de la première vague du SARS-CoV-2. Connivence entre Rome et l’OMS Dans une commission rogatoire du parquet de Bergame que Le Temps s’est procurée, Ranieri Guerra est accusé d’avoir menti à la justice. La demande d’aide judiciaire des…

L’utilisation des pesticides: un vrai dilemme dans les urnes

Deux propositions distinctes exigent une réforme radicale des secteurs de l’agriculture et de la production alimentaire du pays, en éliminant progressivement l’utilisation de pesticides de synthèse. Les deux initiatives populaires partagent le même objectif, mais diffèrent dans leur approche. Elles ciblent l’agriculture intensive et visent des méthodes de production plus durables. L’une des caractéristiques des deux textes est que les membres des comités de campagne sont particulièrement préoccupés par la pollution de l’environnement, la biodiversité, la sécurité alimentaire et la qualité de l’eau potable. Les deux initiatives populaires font partie des cinq objets soumis en votations fédérales le 13 juin. Quel est l’enjeu? L’initiative populaire «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse» demande l’interdiction pure et simple de l’utilisation de désherbants, d’insecticides et de fongicides de synthèse dans le secteur agricole suisse ainsi que pour un usage privé ou…

Beyrouth, écrin du design oriental

Co-directeur du Musée de design et d’arts appliqués contemporains (Mudac) de Lausanne, Bruno Costantini met sur pied une exposition qui présentera deux cents pièces d’une vingtaine d’artistes libanais, méconnus sous nos latitudes. Une façon de sortir de la définition très eurocentrée du design. Malgré la guerre civile des années 1970-80, et malgré tous les problèmes politiques, économiques et sociaux que vit aujourd’hui le Liban, ce petit pays du Proche-Orient reste un creuset de la création artistique dont le dynamisme se perçoit loin à la ronde. Et le design n’échappe pas à l’effervescence créatrice libanaise qui, il y a quelques années déjà, a attiré l’attention de Marco Costantini. Co-directeur du Mudac à Lausanne, ce dernier prépare depuis quatre ans une exposition qui accueillera quelque deux cents pièces d’une vingtaine d’artistes libanais. Son titre: «Beyrouth. Les temps du design». L’exposition se tiendra au Mudac au printemps 2023, lorsque l’institution, aujourd’hui…

Accord-cadre avec l’UE: la version suisse du «remain or leave»

L’Union européenne presse la Suisse de signer un accord-cadre pour assurer l’avenir de leurs relations bilatérales. La politique intérieure helvétique menace de faire échouer le projet. Quels sont les enjeux? Bien que la Suisse ne soit pas membre de l’Union européenne (UE), elle est intégrée à l’Espace économique européen (EEE) par le biais d’accords bilatéraux. L’UE souhaite que les questions institutionnelles de cette voie bilatérale soient réglées dans un accord-cadre. La RTS avait expliqué ce qu’est l’accord-cadre dans un éclairage en trois épisodes en mars 2019: Entre 2014 et 2018, la Suisse et l’UE ont négocié un texte. L’UE a poussé pour une signature, mais le gouvernement helvétique a d’abord mené des consultations, qui ont révélé trois points litigieux de l’accord: Protection des salaires: Les salaires et le coût de la vie en Suisse étant plus élevés que la moyenne de l’UE, les syndicats et l’industrie helvétiques craignent le dumping salarial. Aides d’État: L’UE ne…

La loi contre le terrorisme, abusive ou nécessaire?

Le peuple suisse se prononce le 13 juin sur une nouvelle loi de lutte contre le terrorisme, qui crée la controverse au-delà des frontières helvétiques. Pour certains, elle menace l’honnête citoyen. Pour d’autres, elle protège mieux la population. En 2015, à la suite des attentats contre le journal satirique français Charlie Hebdo à Paris, la Suisse a adopté une stratégie de lutte contre le terrorisme. La loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT) est l’un des piliers de celle-ci. La vague d’attentats d’envergure qui a secoué l’Europe au cours des dernières années n’a jusqu’ici pas touché la Suisse. L’an dernier, le pays a toutefois connu ses deux premières attaques djihadistes: un meurtre à l’arme blanche commis dans la ville vaudoise de Morges et une attaque au couteau au Tessin. Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) considère que la menace terroriste reste élevée en Suisse. Dans ce contexte, le peuple suisse devra décider s’il…

Le directeur commercial de Swiss Miss est mort

5 mn

Condamné pour avoir mis au point la plus grande escroquerie financière pyramidale jamais découverte, Bernard Madoff est mort mercredi à 82 ans dans le pénitencier fédéral américain où il purgeait une peine de 150 ans de prison

L’auteur de la plus grande escroquerie financière de l’histoire, à hauteur de 64,8 milliards de dollars (54,2 milliards d’euros au cours actuel), est mort à 82 ans dans le pénitencier de Caroline du Nord où il purgeait une peine de 150 ans de prison, ont rapporté mercredi 14 avril plusieurs médias américains. Bernard Madoff souffrait depuis plusieurs années de diverses affections, notamment rénales.

Condamné en 2009, l’ex-financier véreux avait fait reparler de lui en 2017, lorsqu’il s’était adonné en prison au trafic de chocolat en poudre. Achetant tous les produits de la marque Swiss Miss à l’intendant de la prison, il les revendait plus cher dans la cour de la prison, faisant en sorte qu’il faille absolument passer par lui pour en avoir au sein du pénitencier américain.

Quelque 16 000 victimes

L’affaire portant son nom avait commencé le 11 décembre 2008 avec son arrestation. Bernard Madoff venait d’avouer à ses fils avoir monté une gigantesque escroquerie depuis la fin des années 1970 et avoir spolié des milliers d’investisseurs qui lui avaient confié leur argent.

L’ancien roi de Wall Street et ancien président du conseil d’administration de la bourse électronique, le Nasdaq, avait reçu quelque 13 milliards de dollars, un portefeuille qu’il a avoué n’avoir jamais investi alors qu’il assurait à ses clients des retours supérieurs à 1 % par mois.

La fraude pyramidale – « à la Ponzi » – de cette figure de la finance new-yorkaise consistait à piocher dans les finances de ses nouveaux clients pour rétribuer ou rembourser des investisseurs plus anciens.

Au total, quelque 16 000 victimes ont perdu plusieurs dizaines de milliards de dollars confiés au financier américain. Certaines personnes ont été totalement ruinées.

Un avant et un après-Madoff dans la finance américaine

L’affaire avait mis au jour des failles dans les mécanismes de surveillance de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme des marchés américains, accusée d’avoir bâclé des enquêtes, par incompétence ou négligence, malgré des signaux d’alerte répétés et des plaintes dès les années 1990. Les systèmes de surveillance ont fini par être améliorés après le scandale provoqué par l’affaire.

Selon Bernard Madoff, la fraude avait débuté au début des années 1990 mais certaines victimes et l’accusation lors du procès ont affirmé qu’elle avait démarré bien plus tôt.

Les sommes détournées permettaient à Bernard Madoff et à sa femme de mener grand train puisqu’ils possédaient un « penthouse » à Manhattan, une villa en France, plusieurs yachts et des voitures de luxe, leur fortune étant estimée au total à 825 millions de dollars.

Avec AFP

https://www.france24.com/fr/amériques/20210414-bernard-madoff-ancien-financier-et-plus-grand-escroc-de-l-histoire-est-mort

Dana Grigorcea porte l’art comme un parfum

Bucarest, Vienne, Berlin ou Zurich: l’art ne connaît pas de frontières, selon l’écrivaine roumano-suisse Dana Grigorcea. Dans son troisième roman Die nicht sterben, le comte Dracula est le miroir de notre monde. De Berlin, elle est venue à Zurich avec son futur mari pour venir recueillir un prix littéraire qu’il avait gagné. Avec l’argent reçu, Perikles Monioudis a invité ses amis artistes. Ils ont pris un bateau sur le lac de Zurich, récité des poèmes et bu du champagne au coucher du soleil. «Tu vois, c’est Zurich», a dit l’écrivain à son épouse. Laquelle a répondu: «Restons-y.» Nous sommes assis devant l’opéra, sur la Sechseläutenplatz à Zurich. Dana Grigorcea rit. Elle écarte les bras comme pour embrasser le monde. «La générosité est ce qui caractérise l’artiste», s’exclame-t-elle. A Zurich, le couple a vécu un temps dans l’appartement de Marianne Oellers, la seconde épouse de Max Frisch. Dana Grigorcea a écrit son premier roman sur le bureau de l’écrivain zurichois où des…

Vieillesse, alcool et déprime: un cocktail toxique

La dépendance à un âge avancé se vit généralement en secret. Les Nations unies parlent d’une «épidémie cachée». Portrait d’un retraité qui y a plongé insidieusement – et qui ne peut désormais plus s’en défaire. Neuf heures et demie du matin et après deux cafés Lutz (café arrosé d’eau-de-vie), la paix revient lentement dans l’esprit de Hans-Peter Koller*. Une heure plus tard, il se sent comme dans du coton. Ensuite, c’est l’heure du déjeuner, avec un verre de vin rouge et un autre de schnaps, les nouvelles, une sieste, puis il sort faire du shopping. Le lundi et le jeudi, il rencontre une connaissance avec qui il prend un verre ou deux. Pour le dîner, il y a de l’eau minérale gazeuse mais, plus tard, quand sa femme va se coucher, il sort une autre bouteille, principalement du vin rouge et du plus lourd. Trois cafés Lutz, un ballon de blanc, ¾ d’une bouteille de rouge: c’est plus ou moins la dose quotidienne, résume ce retraité de 69 ans. «Mais bon, parfois, c’est le double avec en…

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Qu’ont en commun Brexiters et adversaires suisses de l’Union européenne? Dans leurs rangs figurent de riches entrepreneurs et des gérants de fortunes, unis autour d’un pari incertain. Un constat aussi surprenant qu’explicable. «Souveraineté ou prospérité». C’est, aux dires sans cesse réitérés du gouvernement, de politiciens et représentants des médias, le dilemme auquel fait face la Suisse en matière de rapprochement avec l’UE. Autrement dit, la Confédération devrait renoncer à une partie de sa souveraineté pour maintenir son aisance économique, les entreprises dépendant du libre accès à la zone économique européenne. Ce narratif est désormais ancré dans l’esprit des Suisses. Il peut donc apparaître surprenant que des entrepreneurs, banquiers et gérants de fortune s’unissent contre l’accord-cadre (accord institutionnel). N’a-t-on pas répété à l’envi que l’économie bénéficierait d’une intégration à l’UE? Ce front du refus rappelle la situation outre-Manche. En fers de lance du…