Catégorie : Suisse

«L’initiative sur la burqa défend la dignité de la femme»

C’est masqué pour se protéger du coronavirus que le peuple suisse sera amené à voter sur l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage» de la droite conservatrice. «Le texte prévoit des exceptions adéquates pour des raisons de santé», souligne Jean-Luc Addor, député de l’Union démocratique du centre. La Suisse pourrait emboîter le pas à la France, la Belgique, les Pays-Bas ou encore la Bulgarie en interdisant le port de la burqa et du niqab sur son territoire. Le peuple votera le 7 mars sur une initiative populaire qui veut inscrire dans la Constitution l’interdiction de se dissimuler le visage dans l’espace public. Opposé au texte, le gouvernement a élaboré un contre-projet indirect, également soutenu par le Parlement. Il propose de créer une loi obligeant les individus à montrer leur visage lors d’une vérification d’identité effectuée par une autorité. Le Comité d’Egerkingen a lancé l’initiative pour interdire la burqa et le niqab en 2016. Composé de…

Micro-taxe: utopie ou proposition sérieuse?

Une initiative populaire entend introduire en Suisse une micro-taxe sur les transactions électroniques pour remplacer la TVA et les impôts fédéraux notamment. Une idée réaliste? Dans les années 1970, l’économiste américain James Tobin proposait de taxer les transactions financières sur les marchés internationaux des devises pour freiner la volatilité des taux de change et les risques de crise. Depuis, le projet de taxe Tobin a été repris par divers mouvements, mais n’a jamais abouti. La Suède a mené une expérience de courte durée dans les années 1980. Puis, après les crises financières asiatique en 1997, puis mondiale en 2007-2008, l’idée a refait surface. En 2013, l’Italie a imposé une taxe de 0,02% sur les transactions à haute fréquence pour réduire l’instabilité des marchés financiers. Au niveau européen, l’idée refait surface, après avoir été proposée voici dix ans: le budget de l’UE pour les sept ans à venir, une enveloppe de quelque 1800 milliards d’euros (1940 milliards de…

Trop de chefs d’orchestre désaccordés ont géré la pandémie

Passée d’élève quasi-modèle au rang de pays dont le taux d’infection reste l’un des plus élevés au monde, quelle évaluation – certes partielle – peut-on faire de la façon dont la Suisse a géré la pandémie? Entretien avec Andrea Arcidiacono, auteur du livre Le marathon de Berset. Au cours de la première vague, la Suisse a été présentée comme un exemple à suivre dans sa gestion de la crise sanitaire. Les autorités ont renoncé à un confinement strict, à l’inverse de plusieurs pays voisins. Lors de la deuxième vague, la «voie suisse», caractérisée par une approche libérale laissant des pouvoirs étendus aux cantons, a montré ses limites. La Confédération est l’une des zones les plus touchées, avec l’un des taux d’infection et de mortalité les plus hauts d’Europe. Nous l’avons évoqué avec Andrea Arcidiacono, consultant, économiste et journaliste, lequel a suivi quotidiennement le fil des événements. Son récit qui retrace le contexte de cette crise sans précédent est augmenté…

Numérisation et surveillance: votre patron est-il en train de vous espionner?

En 2020, on a enregistré une augmentation significative des demandes en technologies de surveillance des travailleurs. Également en hausse en Suisse, ce phénomène suscite des inquiétudes, notamment parce que le cadre légal n’est pas au point. La numérisation est en train de transformer le monde du travail. L’année 2020 a sanctionné cette transformation, en changeant les habitudes de nombreuses personnes encouragées ou forcées à travailler à distance. Même en Suisse, le phénomène du télétravail a pris une ampleur inconnue jusqu’alors et la tendance devrait rester importante en 2021. À lire certaines données, la rencontre entre la transformation numérique et le monde du travail pourrait être une très belle histoire avec une fin heureuse. Cela ne profiterait pas seulement à la productivité et au bien-être des travailleurs, mais aussi au climat, étant donné que télétravailler durant la moitié de la semaine pourrait réduire les émissions de gaz à effet de serre d’environ 54 millions de…

Les Suisses de Grande-Bretagne rentrent au pays le cœur lourd

Jusqu’à 1,3 million d’immigrants ont quitté le Royaume-Uni l’année dernière. Ces départs sont surtout dus à la crise sanitaire liée au coronavirus. L’histoire de trois personnes de retour en Suisse montre qu’un vol vers la mère patrie peut parfois s’avérer être la meilleure solution. Depuis l’automne, les choses sont claires pour Ramona Zimmermann: elle veut retourner en Suisse, loin du Pembrokeshire, au Pays de Galles, où elle a passé un an et demi à essayer de se construire une nouvelle vie avec sa famille. Ce désir est devenu évident après la naissance de sa seconde fille, l’été dernier: «Nous étions complètement seuls ici et nous ne pouvions guère nouer des relations à cause de la pandémie», affirme-t-elle. Importance des relations Une visite de plusieurs semaines en Suisse était censée suffire pour rétablir la situation. Au lieu de cela, ce séjour a montré encore plus clairement à cette Glaronaise de 28 ans ce qui lui manque au Pays de Galles. «À la maison, mes enfants…

1991, l’année où le dernier bastion masculin de Suisse est tombé

En 1990 encore, les hommes d’Appenzell Rhodes-Intérieures refusaient aux femmes le droit de vote au niveau cantonal. Swissinfo.ch s’est entretenu avec des Appenzelloises sur les raisons de ce refus et l’évolution de la situation depuis. Cela semble pourtant inconcevable: dans le demi-canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures, où vivent quelque 16’000 personnes, une majorité d’hommes refusaient il y a un peu plus de 30 ans d’accorder les droits politiques aux femmes. «Grüezi»: que ce soit sur la place ou devant le bâtiment du gouvernement, la commune d’Appenzell est probablement le seul chef-lieu cantonal où des inconnus vous saluent dans la rue. Les autochtones en parlent comme d’un village. 50 ans de suffrage féminin Le 7 février 1971, les hommes de Suisse ont dit oui au suffrage féminin. La Suisse est ainsi devenue un des derniers pays à introduire le suffrage universel. Volontiers présentée au niveau international comme un modèle de démocratie directe, la Suisse est donc en fait…

Les armes nucléaires sont-elles vraiment devenues illégales?

Le 22 janvier 2021, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur. Adopté par 122 pays aux Nations Unies en 2017, il a été jusqu’à présent signé par 86 États, dont 51 l’ont ratifié. Est-il pour autant effectif? Le point de vue de Marc Finaud, chef du service sur la Prolifération des armes au Centre de Politique de Sécurité de Genève (GCSP). Cette initiative de la société civile récompensée par le Prix Nobel de la paix a été soutenue par une majorité écrasante de pays, à l’exception de ceux qui possèdent des armes nucléaires et de leurs alliés. Des voix critiques soulignent que, de ce fait, le nouveau traité n’aura aucun effet sur le désarmement nucléaire. Dans tous les cas, il convient d’évaluer si et comment l’interdiction des armes nucléaires peut favoriser leur élimination L’adoption du TIAN a été accueillie en 2017 par la plupart avec joie et soulagement. Les Etats dotés d’armes nucléaires, eux, y ont réagi par un silence assourdissant ou manifesté…

Les expatriés actifs dans le tourisme, une espèce menacée

La crise sanitaire actuelle handicape lourdement l’activité touristique. La survie financière de nombreux Suisses de l’étranger actifs dans ce secteur est en jeu. Témoignage d’une expatriée qui gère un hôtel au Sénégal. Confinement, semi-confinement, fermeture… Dans le monde entier, la pandémie de coronavirus continue d’avoir des effets économiques néfastes, tout particulièrement sur le tourisme. Une branche dans laquelle beaucoup de Suisses de l’étranger sont actifs. Ruth Isenschmid en fait partie. «Le plus simple pour moi, ce serait de tout abandonner et de vivre de mon AVS», déclare-t-elle. En tant que Suisse de l’étranger, elle a pu cotiser au système suisse de retraite au cours de ces 20 dernières années. Sa pension est certes modeste, mais elle assure désormais sa survie financière. Pédagogue sociale de formation et âgée aujourd’hui de 68 ans, Ruth Isenschmid exploite son propre hôtel à Dakar. Celui-ci est situé sur la deuxième rangée de bâtiments depuis la mer. La capitale…

À quel point la Suisse est-elle vraiment neutre?

Alors que d’autres États disent adieu à la neutralité classique, la Suisse s’accroche obstinément à son rôle particulier. Toutefois, elle aussi s’est éloignée du concept traditionnel de neutralité. Et elle doit faire face à de nouveaux défis. Lorsque les puissances victorieuses de Napoléon ont accordé à la Suisse la neutralité perpétuelle lors du Congrès de Vienne en 1815, l’accord prévoyait que la Confédération ne participerait pas aux conflits et ne fournirait pas de mercenaires, en échange de quoi aucune autre guerre ne serait menée sur son territoire. Au cours du XXe siècle, le droit de neutralité, défini de manière plutôt étroite, fait place à une politique de neutralité volontaire: les États neutres se comportent en politique étrangère de manière à ce que les autres pays se fient à leur neutralité et croient qu’ils resteraient en dehors d’un potentiel conflit. De nombreux États européens auparavant neutres, comme la Belgique, le Luxembourg, le Danemark et la Norvège…

Micheline Calmy-Rey: «La Suisse et sa neutralité font face à des défis majeurs»

Une Union européenne neutre est-elle concevable? C’est la question que pose l’ancienne conseillère fédérale et ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey dans son nouveau livre. La neutralité suisse fait régulièrement l’objet de discussions. Dans un livre récemment sorti de presse, Micheline Calmy-Rey, qui a promu le terme de «neutralité active», compile l’histoire, la théorie et la pratique de la neutralité suisse et formule quelques propositions-chocs. swissinfo.ch: La Suisse est candidate à un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Pourquoi cette candidature est-elle, selon vous, compatible avec la neutralité? Micheline Calmy-Rey: Dans la grande majorité des situations, le Conseil de sécurité n’agit pas militairement, mais politiquement. Il a pris des décisions militaires dans quatre situations: la Corée, l’Irak, le Kosovo en 1999 et la Libye en 2011. Dans ces cas, le Conseil de sécurité a agi à l’unisson. C’est-à-dire au nom de la communauté…