Catégorie : Suisse

Depuis peu sous la Coupole fédérale et déjà sous la pression des lobbies

La nouvelle législature a permis à 54 nouveaux parlementaires d’entrer en fonction à Berne. Forgées à la politique, ces personnalités ont su tirer profit de leur campagne. Quelle réaction attendre de leur part face aux lobbies? Le politicien écologiste suisse Felix Wettstein, spécialisé dans la finance, a un dada. Depuis quatre ans qu’il siège au Conseil national, la chambre du peuple du parlement suisse, il observe le lobbying à l’œuvre dans les arcanes à Berne. Et il décrit sur son blog à quel point les lobbies le flattent quotidiennement lui aussi. Son projet, qui a vu le jour après son élection en 2019, partait alors du constat qu’à peine élu on lui avait déjà fait la cour. Il avait pu dénombrer en deux mois à peine pas moins de 229 tentatives d’approche de différents groupes d’intérêt. Forte pression Aujourd’hui, l’élu écologiste considère que le lobbying fait partie du système. «Je n’ai rien contre pour autant bien sûr qu’il soit rendu public. Il ne faut pas se bercer de…

«L’industrie horlogère suisse est très secrète»

Dans l’industrie horlogère, bien plus que dans d’autres branches, il est coutumier de ne pas révéler l’identité de ses entreprises clientes ou de ses fournisseurs. La société Roventa-Henex, qui travaille dans l’anonymat le plus total pour des marques et des particuliers, en a fait son modèle d’affaires. À l’extérieur du monde de l’horlogerie, très peu de personnes connaissent Roventa-Henex. Pourtant, cette société sise à Tavannes, dans le Jura bernois, est un acteur clé de l’horlogerie suisse et les marques de montres qu’elle produit sont connues dans le monde entier. Roventa-Henex est ce que l’on appelle une société de «private label» (marque privée). Son rôle est de produire des montres pour d’autres entreprises, lesquelles commercialisent ces produits sous leur propre marque. Dans ce contexte, Roventa-Henex a l’interdiction formelle de révéler l’identité de ses clients. Fondée en 1959, Roventa-Henex, emploie 90 personnes dans son siège à Tavannes et 10 personnes dans une…

Elisa Shua Dusapin: «La diversité linguistique suisse trouve une résonance chez moi»

À 31 ans, la romancière jurassienne Elisa Shua Dusapin connaît une très belle réussite aussi bien dans son pays qu’à l’étranger. Traduite dans une trentaine de langues et couverte de prix, dont l’illustre National Book Award, elle garde pourtant les pieds sur terre. Portrait. Elle est l’une des meilleures ambassadrices de Suisse à l’étranger. Son ambassade est aussi délicate que petite: elle tient sur quatre romans (jusqu’à ce jour), d’une sobriété et d’une finesse marquantes. Traduits dans une trentaine de langues, ils lui ont ouvert très grandes les portes du monde culturel. Académies, librairies, bibliothèques, foires et festivals littéraires internationaux la sollicitent frénétiquement. Son agenda est surchargé, mais elle ne se laisse pas déborder par le succès. Elisa Shua Dusapin garde ses distances. Ce qui lui manque, c’est le temps, non la modestie. À 31 ans, elle aurait toutefois pu être grisée par son parcours brillant, mais cette tête bien faite n’aime pas les paillettes.

Sauvetage de Juifs: la «liste Lados» de Berne refait surface

De 1940 à 1943, des envoyés polonais en poste à Berne ont falsifié des passeports latino-américains à grande échelle, offrant ainsi une chance de survie à des milliers de Juifs et Juives. On connaît la «Liste de Schindler», l’histoire vraie d’Oscar Schindler, un national-socialiste qui a sauvé 1200 juifs des camps d’extermination durant la Seconde Guerre mondiale. En revanche, la «liste Lados» est pratiquement inconnue. Ce n’est qu’il y a quelques années que l’on a découvert que l’ambassade polonaise sise à la Elfenstrasse à Berne était le centre névralgique d’une opération clandestine qui a permis de sauver la vie d’au moins 859 Juifs et Juives. Faux documents d’identité «J’aimerais avoir un passeport pour l’Uruguay, un pour le Costa Rica, un pour le Paraguay, afin de pouvoir vivre en paix à Varsovie, car c’est ici qu’on se sent le plus libre», a un jour écrit Wladyslaw Szlengel. Cette chanson était chantée dans le ghetto de Varsovie. De nombreuses personnes persécutées…

La Suisse a-t-elle raté le train de la régulation de l’intelligence artificielle?

L’Union européenne vient de mettre sur pied la première loi visant à réguler l’intelligence artificielle. Avec quelles conséquences pour la Suisse, pays non-membre de l’UE et absente des négociations? L’Union européenne (UE) est parvenue à un accord sur le projet final de sa loi sur l’intelligence artificielle («AI Act»), considérée comme la première législation au monde visant à limiter le pouvoir croissant des systèmes d’intelligence artificielle (IA) et des entreprises qui les développent. Cette loi «tiendra la promesse européenne qui est de garantir que les droits et libertés soient au centre du développement de cette technologie révolutionnaire», a déclaré Brando Benifei, membre du Parlement européen et négociateur de cette loi spécifique, après son adoption. La nouvelle réglementation prévoit l’interdiction des systèmes d’intelligence artificielle qui présentent un risque «inacceptable» pour la citoyenneté et la démocratie. Soit, en premier lieu, l’utilisation de données…

Légal ou illégal? Le danger méconnu du couteau suisse

«Un vrai homme porte un couteau de poche dans la poche de son pantalon.» Ce dicton a longtemps été répandu en Suisse. Depuis, il est devenu une victime légitime du débat sur l’égalité des droits. Mais l’habitude de porter un couteau de poche perdure, et elle inclut aussi les femmes. En Suisse, les enfants possèdent souvent déjà un couteau de poche. Pas le couteau officiel de l’armée avec décapsuleur et tire-bouchon, mais des variantes plus petites et colorées avec une lame courte et des ciseaux. À part une petite coupure au doigt, ce modèle ne présente pas de grands risques. Il existe des modèles adaptés à chaque âge (et à chaque hobby). La situation est bien différente au Japon: un homme y a été condamné pour le port d’un couteau suisse. Il avait reçu le couteau en cadeau d’une connaissance dans les années 1990 et l’avait longtemps utilisé à des fins professionnelles. Il a ensuite continué à le porter sur lui, une habitude qui lui a causé des ennuis. Lors de son procès à Osaka,…

Pourquoi la médecine légale en Afrique a besoin d’un coup de pouce

La médecine légale est essentielle dans la recherche de la justice et la lutte contre l’impunité. Pourtant, de nombreux pays d’Afrique comptent peu de médecins légistes en exercice. Un institut médical suisse s’efforce de remédier à cette situation. Les jours où Tidianie Mogue doit procéder à une autopsie, le médecin légiste enfile sa tenue de protection, soit blouse jetable, gants, bonnet et couvre-chaussures. L’hôpital central de Yaoundé, où elle travaille, a beau être le plus grand du Cameroun, il ne dispose pas toujours des fonds nécessaires pour couvrir le coût de ces outils de base. «Chaque examinateur doit se battre pour obtenir le matériel dont il a besoin», explique Tidianie Mogue lors d’un appel vidéo avec swissinfo.ch. «Parfois, nous demandons aux familles [des défunts] de faire une contribution pour que nous puissions acheter des gants ou des scalpels.» Les défis ne s’arrêtent pas là. Le docteur Mogue et les trois autres médecins légistes de l’hôpital se contentent de…

Bernhard Russi: des hauts et des bas

L’ancien skieur Bernhard Russi est l’une des personnalités les plus connues de Suisse et jouit du statut de «trésor national». Les plus jeunes reconnaîtront son sourire insolent et ses yeux pétillants dans les publicités télévisées et les panneaux d’affichage, tandis que les plus âgés se souviendront d’avoir vibré à ses exploits aux Jeux olympiques et aux championnats du monde dans les années 1970. Après s’être retiré de la compétition à 29 ans, Bernhard Russi a mené une carrière fructueuse de commentateur TV et de concepteur de pistes de ski. Mais s’il semble avoir mené une vie enviable et charmante, il a dû faire face à de nombreuses tragédies personnelles. Sa sœur est gravement handicapée depuis sa petite enfance, l’un de ses frères est mort jeune d’une infection soudaine, sa première femme est décédée dans une avalanche, et il a foncé dans la foule alors qu’il s’efforçait de gagner une course pour son père, qui était sur son lit de mort. Dans ce documentaire de la télévision…

Le Conseil fédéral dévoile sa stratégie pour négocier avec l’Union européenne

Le gouvernement suisse a présenté vendredi son projet de mandat de négociation avec l’Union européenne. Il assure que Bruxelles s’est engagée à respecter les spécificités suisses. Les relations entre la Suisse et l’Union européenne entrent dans une nouvelle phase. Le projet adopté vendredi par le Conseil fédéral contient les lignes directrices des négociations. Après la consultation du Parlement et des cantons, le Conseil fédéral adoptera le mandat définitif. L’objectif du gouvernement est de stabiliser et développer la voie bilatérale avec l’UE. Il privilégie une approche globale basée sur un paquet d’accords de coopération et d’accès au marché. Ce paquet permet plus de flexibilité et de manœuvre pour soutenir les intérêts de la Suisse. >> Revoir notre débat sur les relations entre la Suisse et l’UE L’accès sans obstacle au marché de l’UE est le pilier central du paquet. Il s’agit d’assurer l’actualisation des accords existants sur le marché intérieur et de conclure de…

Quand un Népalais aidé de la Suisse bâtit des ponts… en Éthiopie

Début novembre, le Népal a inauguré un 10’000e pont suspendu, construit avec le soutien de la Suisse. Le programme est dorénavant entre les mains du gouvernement de Katmandou. Et comme Padam Gurung, des spécialistes de la nation himalayenne proposent savoir-faire et compétences dans onze pays. Padam Gurung est né dans un petit village népalais du district de Sindhupalchok, à 120 kilomètres de Katmandou, la capitale. Pour se rendre à l’école, il traversait un simple pont de bois. Mais à treize ans, le petit écolier s’est vu privé de classe pendant sept mois, car une inondation avait emporté l’ouvrage. Puis, au-dessus de la rivière, on a tiré un câble en acier muni d’une caisse en bois permettant de se tracter soi-même d’un côté à l’autre. «Chaque traversée coûtait des sous», se rappelle Padam Gurung. Et le dispositif était tout sauf sûr. Il a fallu attendre une année encore avant la construction d’un nouveau pont suspendu à même de lui garantir une traversée en toute sécurité. En…