Catégorie : Suisse

«Nous refusons que le gouvernement restreigne notre liberté vestimentaire»

Alors que les électeurs et électrices suisses doivent se prononcer le 7 mars sur l’initiative controversée dite «anti-burqa», Anila Noor et Maria Khoshy expliquent pourquoi elles s’opposent à cette idée, en tant que féministes et réfugiées musulmanes. Nous sommes féministes, nous militons pour les droits des femmes et nous avons des responsabilités dans nos communautés. Nous sommes aussi musulmanes. L’une d’entre nous vient du Pakistan et est depuis peu réfugiée aux Pays-Bas. L’autre a quitté l’Afghanistan pour la Suisse à l’âge de 13 ans. Les gouvernements de nos pays d’origine dictaient ce que nous portions pour restreindre nos droits fondamentaux. Nous ne voulons pas que la même chose se produise en Suisse, un pays démocratique qui s’enorgueillit de son respect des droits humains et de l’état de droit. Il est temps que le gouvernement et les personnes au pouvoir cessent de nous dire comment nous habiller. L’oppression dans nos pays d’origine «Gardez bien votre duppata…

Les opérateurs du secteur funéraire, héros oubliés de la pandémie

Depuis le début, ils sont en première ligne auprès des victimes de la pandémie de Covid-19, s’exposant aux risques liés à la propagation du virus. Leurs services sont essentiels à la société. Mais les collaborateurs des pompes funèbres n’ont eu droit ni aux applaudissements ni aux remerciements officiels. Pourquoi cet oubli? Le 25 février 2020, cela fait exactement un an que la Suisse a enregistré son premier cas de coronavirus confirmé en laboratoire. Un Tessinois dans la septantaine infecté dix jours plus tôt à Milan. La contagion s’est rapidement étendue et, peu après, le pays a commencé à compter ses morts, le premier décès intervenant le 5 mars. Une femme de 74 ans, dans le canton de Vaud. Ce n’était là que le prélude à une pandémie qui balaie toujours la planète et dont la Suisse aussi fait les frais, comme le confirment les chiffres, mis à jour quotidiennement. Deux poids, deux mesures En lien avec ces innombrables drames humains, derrière les chiffres se cache l’effort…

Les Suisses pourraient refuser de bannir la burqa

Le soutien à l’initiative pour l’interdiction de se dissimuler le visage dans l’espace public s’est érodé en cours de campagne. Alors que le oui était donné gagnant en janvier, les partisans du texte ne sont plus que 49%, selon le second sondage en vue de la votation du 7 mars. Et si la Suisse ne suivait pas l’exemple de ses voisins? Contrairement à la Belgique, la France ou l’Autriche, la Confédération pourrait refuser de bannir la burqa et le niqab de son territoire. À quelques semaines des votations fédérales du 7 mars, le second sondage de la SSR, réalisé en février par l’institut gfs.bern, tend vers un refus de l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage». 49% des personnes interrogées ont l’intention de soutenir le texte, 47% sont contre et 4% sont encore indécis. Les partisans du texte ont perdu l’avance qu’ils détenaient lors du premier sondage, fin janvier. 56% des sondés se disaient alors en faveur de l’interdiction de la burqa et du niqab. Même si…

Sans leurs petits boulots, les étudiants souffrent

Avec la crise sanitaire, de nombreux étudiants plongent dans la précarité. Les mesures de lutte contre le coronavirus les ont privés de leur travail à temps partiel, souvent nécessaire pour boucler les fins de mois. Il n’existe pas en Suisse de programme national d’aide aux étudiants en difficulté, comme en Allemagne ou en France. Employés dans un bar, dans un restaurant ou pour aider lors de manifestations, jusqu’à trois quarts des étudiants en Suisse ont un emploi à temps partiel pour contribuer au financement de leurs études, selon l’Office fédéral de la statistique. Mais le semi-confinement actuel, qui a vu la fermeture temporaire de magasins non essentiels ainsi que des bars et des restaurants, signifie que ces sources de revenus ne sont plus disponibles. De plus en plus d’étudiants dépendent de l’aide financière de fondations privées, a rapporté la télévision publique suisse alémanique SRF. Les universités offrent également des fonds de secours. Les universités suisses…

eID: la loi est imparfaite, mais vaut-il la peine d’attendre?

L’identité électronique (e-ID) est considérée comme la clé d’accès au monde numérique et aux services en ligne fournis par les administrations publiques et toute une série d’acteurs privés. Mais le modèle proposé par la Suisse est loin de la perfection. Sur internet, nous possédons tous de nombreuses identités, identifiants ou «logins» que nous utilisons pour accéder aux sites de commerce ou de banque en ligne, de poste électronique ou de réseaux sociaux, pour ne citer que quelques exemples. Mais aucune loi ne protège ni ne vérifie ces identifiants. Les partisans de la technologie e-ID soutiennent qu’une identité numérique contrôlée et encadrée par la loi apporterait un peu d’ordre dans les dédales du web. «L’identité numérique électronique est fondamentale pour toutes les questions pratiques et pour les interactions entre la population et les gouvernements», affirme Jean-Henry Morin, professeur de systèmes d’information à l’Université de Genève. Le paiement des impôts ou la santé…

Les défis qui attendent la nouvelle directrice générale de l’OMC

L’entrée en fonction le 1er mars de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) marque le début de la convalescence du gendarme du commerce mondial. Reste à rétablir son organe de règlement des différends pour que l’organisation soit pleinement fonctionnelle, afin de répondre aux nombreux défis qui l’attendent. C’est par consensus que les 164 membres de l’OMC ont élu Mme Okonjo-Iweala, qui possède la double nationalité du Nigeria et des États-Unis. Un consensus rendu possible par l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche. Son prédécesseur avait tout fait pour paralyser l’organisation, y compris la nomination de la première femme et première Africaine, acquise l’année dernière par les autres membres de l’OMC. Reste encore à réactiver le renouvellement des juges du tribunal d’appel de l’organe de règlement des différends – bloqué par Washington dès la présidence Obama – pour que l’institution retrouve sa pleine capacité à se réformer. «Une OMC…

Rendre l’argent sale proprement – mais comment?

Pour éviter que l’argent des potentats ne retourne dans le circuit de la corruption, la Suisse rend les fonds en finançant des projets de développement. Mais cette forme de paternalisme n’est pas toujours bien perçue. Pendant longtemps, la Suisse a été considérée comme un refuge pour l’argent des potentats et de la corruption. Elle veut se débarrasser de cette image. Et dans ce domaine, elle va plus loin que n’importe quel pays: elle fournit une aide juridique spontanée, ce qui veut dire qu’en cas de suspicion sur des fonds qui pourraient provenir de la corruption, elle s’annonce auprès de l’État concerné, sans attendre une demande d’entraide. Et elle a trouvé une solution pour la restitution de l’argent des potentats quand les procédures ont échoué ou qu’il s’agit d’un pays défaillant dans lequel les fonds risquent de retourner dans le circuit de la corruption: l’argent est rendu sous forme de financement de programmes d’intérêt public. Il n’y a que peu de pays dans le monde qui…

Le danger de la neutralité suisse

Pour le professeur de littérature Simon D. Trüb, la neutralité de la Suisse doit être remise en question d’un point de vue moral. La neutralité peut suggérer une supériorité morale, alors que la Suisse agit souvent d’abord dans son propre intérêt, écrit-il dans ce papier d’opinion. Simon Trüb est chercheur indépendant dans les domaines de la philosophie continentale et de la littérature anglaise. Il a obtenu son doctorat à l’université d’Édimbourg et a enseigné aux universités d’Édimbourg et de Friboug-en-Brisgau. Adopter une position politiquement neutre devient toujours plus difficile dans un monde de plus en plus polarisé. Dans un «point fort», swissinfo.ch montre de manière édifiante à quels défis pratiques la neutralité suisse fait face. Mais la neutralité suisse doit également être remise en question d’un point de vue moral. Mérite-t-elle au moins ce nom? Pour en rester aux exemples donnés dans l’article de swissinfo.ch: est-ce vraiment de la neutralité si la Suisse…

Pia Zanetti: «S’il vous plaît, ne faites pas de moi une héroïne»

La Fondation suisse pour la photographie de Winterthour expose actuellement l’œuvre de la Suissesse Pia Zanetti, en l’absence de visiteurs – mesures anti-Covid obligent. Swissinfo.ch a donc rencontré la photographe chez elle à Zurich. Pas moins de soixante ans de métier dans l’objectif… Pia Zanetti, née à Bâle en 1943, est l’une des photojournalistes suisses les plus marquantes de sa génération. Et l’une des rares femmes à s’être imposées dans ce métier des décennies durant. Très jeune déjà, elle croque le monde à pleines dents. Avec son mari, le journaliste Gerardo Zanetti, elle réalise des reportages engagés. Son travail témoigne de la résistance contre l’injustice tout comme des moments fugaces du quotidien – dans la rue, le jeu ou la réflexion. Sa photographie traduit une vision bienveillante et ouverte au monde qui place l’humain au premier plan. swissinfo.ch: Sur la première image du livre, trois jeunes hommes dansent sur scène. Elle date de 1960. Vous aviez 17 ans. L’image…

Inazio Cassis: «La Suisse doit savoir dans quelle direction elle veut aller dans le monde»

L’E-ID et les Suisses de l’étranger, la nouvelle stratégie pour l’Afrique et le rôle de la Suisse au Proche-Orient: le ministre suisse des Affaires étrangères Ignazio Cassis fait le point dans une interview à swissinfo.ch. swissinfo.ch: Le vote sur l’E-ID (identité électronique) sera serré. Vous nous avez invités à un entretien pour en parler. Le Conseil fédéral a-t-il besoin des Suisses de l’étranger pour obtenir un oui? Ignazio Cassis: Oui, bien sûr, le Conseil fédéral a besoin des Suisses de l’étranger. Il a besoin d’une majorité. Que cela vienne de Suisse ou de la Cinquième Suisse n’est pas décisif. Mais les Suisses de l’étranger ont une raison supplémentaire de voter en sa faveur, car ils veulent des services consulaires de qualité et orientés clients. Orientés clients, cela veut dire qu’ils n’aient pas besoin de se déplacer pendant deux heures pour présenter leur identité à un guichet ou remettre laborieusement leur passeport ou une copie de leur passeport par la poste.