Catégorie : Suisse

Le côté obscur d’un pionnier suisse au Far West

De héros de la conquête de l’Ouest à colon raciste: la renommée du pionnier suisse Johann August Sutter s’est drastiquement transformée aux cours des dernières décennies. Johann August Sutter, le pionnier Suisse immigré aux États-Unis, a longtemps été placé sur un piédestal solide et inébranlable. Il était déjà célèbre de son vivant. En 1848, un Nissenan (autochtone californien) trouva sur le terrain du Suisse Johann August Sutter la pépite qui déclencha la ruée vers l’or. Ce travailleur indigène donna le morceau de métal précieux à son supérieur James Marshall et fit ainsi naître une véritable hystérie. Sutter, né à Kandern en 1803, devint célèbre grâce à la découverte d’une mine d’or. Mais il était loin d’être un héros. Il fut toutefois érigé plus tard en tant que tel dans la culture mémorielle de deux nations. Des échecs en Suisse comme aux États-Unis Toutes les entreprises de Sutter se soldèrent par des échecs, en Suisse comme aux États-Unis. En 1834, il mena à la faillite…

Quand la Suisse abattait les éléphants au canon

Le phénomène des animaux stars ne date pas d’aujourd’hui. Dans son livre Du pâté d’éléphant chez Calvin, l’auteur Pierre-Yves Frei conte l’histoire insolite d’un éléphant qui a brûlé les planches au 19e siècle, avant d’être abattu au canon à Genève. C’est l’occasion d’apporter un éclairage historique sur notre rapport avec les animaux exotiques. Tout commence en novembre 2019. Collaborateur du Muséum d’histoire naturelle de Genève, Pierre-Yves Frei déplace des objets pour la préparation d’une exposition consacrée au bicentenaire de l’institution. Il tombe alors sur un étrange crâne d’éléphant: les défenses semblent avoir été raccourcies et l’os est criblé de trous, dont un de grande taille. Des collègues lui indiquent qu’il s’agit des restes d’un éléphant abattu au canon à Genève en 1837. Il apprend aussi que le pachyderme a un nom – Miss Djeck – et qu’il a connu une carrière artistique. Fasciné par cette histoire, cet ancien journaliste scientifique décide de la raconter sous la…

Les exclus de la vie démocratique suisse

Trop jeunes, trop étrangers, trop différents? Cinquante ans après l’introduction du droit de vote et d’éligibilité des femmes, la question de la participation à la vie politique reste d’actualité. Voici un aperçu de l’évolution historique de ces droits en Suisse. Moins de 18 ans? Non titulaire d’un passeport suisse? Sous curatelle de portée générale? Si vous répondez par «oui» à au moins une de ces trois questions, vous faites partie de ces quelques 37 % de la population suisse qui sont exclus du droit de vote et d’éligibilité au niveau fédéral. Tous les hommes sont égaux et doivent donc jouir des mêmes droits: ce principe inspiré par la Grèce antique, la guerre d’indépendance des États-Unis et la Révolution française est inscrit dans la Constitution fédérale de 1848. En réalité, l’égalité fut toujours réservée à un groupe limité de personnes. En 1848, «chaque citoyen suisse ayant atteint l’âge de vingt ans» avait le droit de vote et d’éligibilité. Comme chacun sait, cette…

Que sont et à quoi servent les obligations ESG?

La demande pour les obligations ESG ne cesse de croître, mais de quoi s’agit-il et pourquoi sont-elles achetées et vendues? Depuis que la Banque européenne d’investissement a émis la première obligation ESG en 2007, de nombreuses entreprises ont suivi en émettant les leurs. Les obligations ESG sont qualifiées de vertes, sociales, durables, ou liées à la durabilité en fonction des objectifs qu’elles visent. Les trois premières sont des prêts destinés à financer des projets spécifiques, les dernières sont utilisées pour atteindre les objectifs de durabilité d’une entreprise. Aujourd’hui, les obligations ESG représentent 10% de toutes les obligations dans le monde, mais elles attirent une palette diversifiée d’investisseurs et d’entreprises. Les obligations ESG contribuent à la réalisation des objectifs climatiques et sociaux mondiaux, mais il n’existe pas encore de directives claires pour évaluer leur crédibilité et leur impact.

Pandémie: un vent d’optimisme souffle sur la Suisse

Réalisé quelques jours avant la levée des mesures sanitaires, le 10e sondage Sotomo / SSR montre que les dernières décisions du Conseil fédéral avaient déjà le soutien d’une population qui semblait avoir retrouvé le moral. L’institut de sondage ne peut être plus clair: «depuis le début de la pandémie, il y a près de deux ans, jamais l’optimisme quant à l’évolution et à l’issue de la crise du coronavirus n’a été aussi élevé qu’en ce début de février 2022», écrit-il. Optimisme prudent La moitié exactement des personnes interrogées se déclarent désormais très ou plutôt optimistes, alors que 16% seulement sont très ou plutôt pessimistes. Pour bien comprendre l’évolution de cet état d’esprit, il faut se rappeler que le taux d’optimisme avait plongé jusqu’à 21% en octobre 2020. Il s’agit toutefois d’un optimisme prudent. La majorité des personnes interrogées estiment que la page de la pandémie n’est pas définitivement tournée, mais qu’il faudra vivre avec le coronavirus, comme on le…

«Cela fait toujours mal quand un pan de l’histoire disparaît»

On trouve aux quatre coins du monde des vestiges suisses d’une importante valeur culturelle. Pourtant, ces traces de l’émigration suisse sont peu considérées par le monde politique. Nous avons interrogé à ce sujet le directeur de Présence Suisse, Nicolas Bideau. SWI swissinfo.ch: Il existe de nombreuses traces de l’émigration suisse dans le monde. Connaissez-vous à l’étranger un lieu, un bâtiment ou encore un monument à l’histoire suisse? Nicolas Bideau: Oui, beaucoup. Je voyage souvent pour mon travail, y compris dans des pays exotiques. J’ai été particulièrement impressionné par les traces qu’ont laissées les Suisses à Nova Friburgo, au Brésil. La ville a été fondée en 1819 par des familles d’émigré-es suisses. L’architecture ne rappelle certes plus grand-chose de cette époque fondatrice. Mais on trouve encore quelques traces immatérielles à Nova Friburgo, comme une laiterie ou des fabriques de chocolats. Et il existe toujours un lien avec la région suisse d’origine. Lorsque…

L’intelligence artificielle est-elle réellement si futée?

Les ordinateurs prennent toujours plus de décisions à notre place. A-t-on tout intérêt à les laisser faire? Une équipe de l’institut de recherche suisse Idiap montre en quoi l’intelligence des machines tient dans une large mesure de l’illusion. Les machines pensent-elles? C’est la question qui ouvre le plus fameux article du mathématicien britannique Alan Turing. Publié en 1950, il jette les bases de la manière de concevoir et de définir l’intelligence artificielle (IA). Pour répondre à la question, Turing invente le «jeu d’imitation», utilisé aujourd’hui encore pour juger de l’intelligence d’une machine. Ce jeu, connu plus tard sous le nom de «test de Turing», implique trois joueurs. Le joueur A est un homme, la joueuse B une femme et le ou la joueuse C, assumant le rôle de l’interrogateur-trice, est de l’un ou l’autre sexe. L’interrogateur-trice ne voit pas les deux autres joueur et joueuse et pose une série de questions écrites afin de déterminer laquelle des deux personnes est…

Des doutes autour d’un outil d’emprunt durable lancé par Novartis

À la rentrée 2020, l’obligation liée à la performance durable (sustainability-linked bond ou SLB) émise par Novartis constituait une première mondiale dans l’industrie pharmaceutique. Mais son objectif prétendu – rendre les médicaments plus accessibles aux pays pauvres – ne semble pas convaincre tout le monde. En septembre 2020, le géant pharmaceutique suisse Novartis a été le premier du secteur et le troisième toutes branches confondues à émettre un emprunt obligataire lié à la performance durable. En jargon, un «sustainability-linked bond» (SLB). Mais contrairement aux deux autres, dont l’obligation est liée à des objectifs environnementaux, Novartis a ancré son emprunt de 1,85 milliard d’euros (1,95 milliard de francs) à des ambitions sociales dans le cadre de son cœur de métier, à savoir la fabrication et la vente de médicaments. Il s’agit concrètement d’accroître la disponibilité de certains traitements dans les pays à revenus faible ou intermédiaire inférieur. C’est le…

Comment une plantation suisse de noix de coco est devenue un conglomérat international

L’entreprise du Suisse Alfred Baur fait des affaires depuis 125 ans au Sri Lanka. Le développement de ses activités et la construction de son siège à Colombo ont marqué l’histoire de l’île. Le Zurichois Alfred Baur est un pionnier à l’origine d’un échange durable et enrichissant entre la Suisse et le Sri Lanka. Son entreprise fête cette année ses 125 ans. En 1884, Alfred Baur a 19 ans et entreprend un voyage au Ceylan (aujourd’hui le Sri Lanka) pour travailler dans une plantation de noix de coco. Il est employé par une entreprise suisse spécialisée dans le commerce des aliments avec l’Asie du Sud. Après six ans sur place, le jeune homme achète sa propre plantation dont il s’occupe en dehors des heures de travail. Il fait preuve d’une grande habileté, notamment avec les engrais, et se met à son compte en 1897. «Nous nous considérons comme une entreprise suisse» Naît alors l’entreprise «A. Baur, The Ceylon Manure Works», qui arbore encore aujourd’hui un cocotier sur son logo.

De la neige artificielle pour sauver les Jeux olympiques et les stations alpines

La neige artificielle utilisée pour les Jeux olympiques d’hiver de Pékin suscite de nombreuses discussions en raison de son impact sur l’environnement. Cependant, elle est indispensable pour faire vivre de nombreuses stations de ski en Suisse et dans le monde. Voici les réponses aux principales questions. Les Jeux olympiques d’hiver de cette année seront les premiers de l’histoire à être «verts» et à présenter un bilan net d’émissions nul: telle est la promesse faite par le comité d’organisation de Pékin 2022, selon lequel les installations olympiques sont alimentées à 100% par des énergies renouvelables. Cependant, certaines associations environnementales, et probablement les personnes qui ont suivi les courses de ski alpin, se sont interrogées sur la durabilité réelle des Jeux chinois. Si les Suisses Beat Feuz, Lara Gut-Behrami, Marco Odermatt et Corine Suter ont pu remporter la médaille d’or, c’est uniquement parce que quelque 200 canons à neige ont été activés dans la station…