Catégorie : Suisse

Le rôle des «amis de la Suisse» à Bruxelles? Surcoté

Focalisée sur sa stratégie et ignorant l’évolution des pouvoirs au sein de l’Union européenne, la Suisse s’est engagée dans une impasse avec l’UE. Le conseiller fédéral Ignazio Cassis est attendu de pied ferme lundi à Bruxelles. Analyse. Dans le cénacle européen, la réputation de la Suisse n’est plus à faire. Elle souhaite participer au marché unique tout en préservant son indépendance politique et juridique. En bref, picorer ce qui lui convient («cherry picking»), dit-on à Bruxelles. En mai dernier, Berne a rompu ses négociations en vue d’un accord-cadre avec l’UE. Mais de l’avis de beaucoup en Suisse, les relations avec Bruxelles devraient cependant s’arranger à terme, sur fond de bonne volonté. «En optant pour l’accord-cadre, le Conseil fédéral a agi en conformité avec sa tradition dans le dossier européen, soit en voulant le beurre et l’argent du beurre», estime l’historien suisse Bastien Nançoz, auteur d’un ouvrage sur l’amitié qu’entretenait jadis l’ancien président français…

Vivian Suter: «Mes œuvres sont à l’image de la nature, elles continuent de vivre»

Le monde de l’art a pris son temps pour redécouvrir Vivian Suter, lauréate du Prix Meret Oppenheim, la plus importante récompense artistique helvétique. Mal comprise puis rejetée par la scène artistique, elle avait osé quitter la Suisse au début des années 1980. Une décision radicale qui, avec le recul, paraît aujourd’hui des plus judicieuses. Dans le monde l’art, on est souvent plus préoccupé par le changement climatique que par le marché de l’art. Ou alors cherche-t-on à combiner les deux dans un contexte repensé en fonction de critères de durabilité. Pour la jeune génération, Vivian Suter est une figure inspirante, apte à se confronter à son environnement dans le respect, et refusant toute concession. D’autres la perçoivent plutôt comme une écoféministe forte et indépendante. Ces dernières décennies pourtant, cette artiste suisse née à Buenos Aires (Argentine) en 1949, établie dans la forêt tropicale des bords du lac Atitlán, n’a guère suscité l’intérêt. Ce n’est que récemment…

La Suisse, pays de la cryptomonnaie propre

La Suisse, qui se rêve en «crypto-nation», a récemment adopté plusieurs réformes juridiques et instauré l’obligation d’obtenir un agrément pour faire du commerce sur blockchain. Elle se démarque ainsi à l’international.Ce contenu a été publié le 11 octobre 2021 – 16:0011 octobre 2021 – 16:00Matthew Allenswissinfo.chAutres langues: 8

Les blockchains sont des systèmes numériques, qui stockent et transmettent les cryptomonnaies. Certains milieux voient cette technologie comme une amélioration du système financier actuel.

Cette année, la Suisse a adapté plusieurs de ses lois commerciales et financières afin de doter le commerce sur blockchain d’une base juridique solide. Ces deux dernières années, l’organe de surveillance financière a donné son aval à deux crypto-banques, à une bourse d’échange et au premier fonds d’actifs dédiés aux cryptomonnaies en Suisse.

Objectif: rendre le monde des cryptomonnaies plus respectable, et le débarrasser de son image de «Far West» de la finance. Il s’agit, par l’intermédiaire des banques, de faire rentrer dans le rang les éléments perturbateurs tels que le bitcoin.Lire la vidéo

«Le marché est arrivé à maturité, le cadre juridique est prêt, on est en train de distribuer les licences et de créer de nouveaux produits financiers», explique Katie Richards, ex- responsable de l’unité cryptomonnaies de la banque privée Falcon. Elle développe actuellement l’antenne suisse de Cyber Capital, une société d’investissement en cryptomonnaies basée aux Pays-Bas.

«La Suisse devient plus innovante et plus compétitive. Nous attirons constamment de nouvelles entreprises étrangères.»

Les premières entreprises de cryptomonnaies ont commencé à apparaître en Suisse vers 2013, mais l’industrie ne s’est vraiment développée qu’avec l’explosion du prix du bitcoin, quatre ans plus tard.

La Suisse dispose déjà de fondations à but non lucratif, destinées à abriter les centaines de millions de dollars financés par des projets de blockchain. Des bunkers militaires ont été transformés en centres de stockage de cryptomonnaies. Désormais, le pays ambitionne de faire le pont entre le monde mystérieux de la blockchain et les entreprises conventionnelles.

Ces garanties juridiques et réglementaires sont du pain bénit pour l’industrie naissante de la blockchain, qui est vue d’un mauvais œil dans beaucoup d’endroits du monde. C’est notamment le cas aux États-Unis, où l’organe de régulation financière a remis sévèrement à l’ordre plusieurs protagonistes des cryptomonnaies.

Le dernier havre de paix

L’Irano-Britannique Amir Taaki a récemment choisi la Suisse pour établir son projet de finance décentralisée DarkFi. Il n’apprécie pas l’ingérence de l’État, mais juge la position réglementaire suisse bien plus favorable que les législations sur les cryptomonnaies en cours d’élaboration aux États-Unis et dans l’Union européenne.

«Les gouvernements font la guerre à l’argent, à la société et à l’économie», déclare-t-il. «La Chine est en train de devenir un modèle pour les États occidentaux. La Suisse est le dernier havre de paix.»

Amir Taaki fait référence ici aux contrôles stricts exercés sur le commerce et la finance par l’État chinois, et à la surveillance croissante des citoyens et citoyennes.

Diem, la cryptomonnaie controversée de Facebook, voyait elle aussi la Suisse comme une base arrière idéale – mais c’était avant de devoir être rapatriée aux États-Unis, les autorités américaines voulant surveiller de plus près ce projet iconoclaste.

Les sociétés de financement par blockchain, comme Fireblocks aux États-Unis et AllianceBlock aux Pays-Bas, font désormais le grand saut en Suisse. Deutsche Börse, qui gère la bourse de Francfort, a pris une participation majoritaire dans Crypto Finance, un fournisseur suisse de services pour les actifs cryptographiques.

Cela s’explique notamment par le fait que savoir ce que l’on a le droit de faire (ou non) donne une base solide au développement d’une entreprise. Et c’est aussi valable pour la tokénisation, c’est-à-dire le processus de création de titres compatibles avec une blockchain (des actions d’entreprises, ou des titres de propriété sur des objets d’art, par exemple). Aujourd’hui, les cryptomonnaies ne sont plus qu’un élément parmi l’univers plus vaste des «actifs numériques», qui sont créés et échangés sur des blockchains.

Par exemple, la crypto-banque suisse agréée Sygnum a tokenisé des actions d’un tableau de PicassoLien externe. Sygnum fait partie des plateformes suisses de tokénisation, de plus en plus nombreuses, qui ont vu le jour dans la foulée des réformes juridiques. Elles permettent aussi aux entreprises d’émettre des actions numériques.

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Les horlogers suisses survivront-ils au 21e siècle?On n’a plus besoin d’une montre pour savoir l’heure. Alors, pourquoi l’industrie horlogère suisse non seulement survit, mais en plus prospère?

Mais l’essor de l’industrie de la blockchain doit être mis en perspective. Parti de son bastion d’origine dans le canton de Zoug, en Suisse centrale (surnommé la «Crypto Valley»), le secteur compte désormais près d’un millier d’entreprises, qui emploient 5000 personnes à travers le pays.

Le secteur financier traditionnel, quant à lui, emploie 220’000 personnes en Suisse. La plus grande banque du pays, UBS, compte plus de 70’000 employés dans le monde. Bitcoin Suisse, l’une des plus anciennes sociétés suisses de cryptomonnaies, a augmenté ses effectifs de 120 à 260 personnes au cours des 18 derniers mois.

La méfiance subsiste

Quelques banques ont commencé à se lancer dans les services de cryptomonnaies, mais le secteur financier s’en méfie encore beaucoup. Les banques s’inquiètent du risque de blanchiment d’argent, raison pour laquelle de nombreuses start-ups actives dans les cryptomonnaies peinent encore à ouvrir un compte bancaire en Suisse.

D’un autre côté, des adeptes de la décentralisation s’opposent à une plus grande ingérence réglementaire. Selon ces personnes, habiller le bitcoin d’un costume-cravate pour le rendre plus acceptable revient aussi à affaiblir ses qualités intrinsèques.

Au lieu d’essayer de s’insérer dans l’infrastructure conventionnelle, les cryptomonnaies et la blockchain sont censées remplacer les banques et les règles rigides par une technologie plus agile, qui cède le contrôle opérationnel au plus grand nombre.

À première vue, la Suisse ne semble pas être l’endroit idéal pour adopter une stratégie visant à tuer les banques. Mais Amir Taaki pense que les deux mondes peuvent coexister dans le pays, quoique tant bien que mal.

«Le monde des cryptomonnaies va se scinder entre un domaine très réglementé, sans innovation, et la finance décentralisée, qui restera souterraine. Ils n’interagiront probablement pas l’un avec l’autre.»

Articles mentionnés

https://www.swissinfo.ch/fre/la-suisse-veut-faire-rentrer-les-cryptomonnaies-dans-le-rang/47018906

France-Suisse : un but partout, chacun contre son camp

Comme disait l’hôtelier de Messidor : « ici on mange à table et on paie en sortant ».

Michel Platini et l’ex-président de la FIFA Sepp Blatter ont été mis en accusation en Suisse pour plusieurs délits dont l’ »escroquerie« , dans l’affaire de paiement suspect qui les a placés depuis 2015 au ban du football mondial, a annoncé mardi le parquet. Il revient désormais au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone de valider cet acte d’accusation et de décider de la tenue d’un procès contre les deux anciens dirigeants, également poursuivis pour « gestion déloyale », « abus de confiance » et « faux dans les titres ».Après six ans d’enquête, ils sont accusés « d’avoir illicitement arrangé un paiement de 2 millions de francs suisses de la FIFA« , soit 1,8 million d’euros, « en faveur de Michel Platini« , écrit le parquet confédéral dans un communiqué. Le triple Ballon d’Or aurait en effet conseillé Sepp Blatter entre 1998 et 2002, lors de son premier mandat à la FIFA, selon un contrat écrit signé en 1999 et convenant d’une rémunération annuelle de 300.000 francs suisses, « facturée par Michel Platini et intégralement payée par la FIFA« .

Or en 2011, « plus de huit ans après la fin de son activité de conseiller« , l’ex-capitaine des Bleus « a fait valoir une créance de 2 millions de francs suisses« , acquittée par l’instance du football « avec le concours » de Sepp Blatter, et jugée « sans fondement » par le parquet. Les deux hommes martèlent depuis le début de l’enquête qu’ils avaient oralement décidé d’un salaire annuel d’un million de francs suisses pour ce travail de conseiller, sans que les finances de la FIFA n’en permettent à l’époque le règlement à Michel Platini, et ont simplement réglé le solde avec retard.

https://www.eurosport.fr/football/fifa-platini-et-blatter-renvoyes-pour-escroquerie-devant-la-justice-suisse_sto8612000/story.shtml

Comment la pandémie a creusé les inégalités dans l’horlogerie

Portée par la forte demande chinoise, l’horlogerie suisse retrouve des couleurs après avoir subi en 2020 l’un des plus gros chocs conjoncturels de son histoire. Mais la crise a encore accentué le fossé entre les quelques marques qui accaparent la majorité des profits et le reste de l’industrie. Confinement imposé à une grande partie de l’humanité, tourisme international à l’arrêt, boutiques fermées: le coronavirus a porté un coup très dur à l’horlogerie. Ce fleuron de l’industrie suisse, qui vend près de 95% de sa production à l’étranger, a connu en 2020 une chute de 22% de ses exportations, une baisse comparable à la récession qui a suivi la crise financière en 2009. Mais depuis le début de l’année, le monde horloger suisse retrouve peu à peu le sourire. Entre janvier et septembre, la valeur des exportations horlogères (16,1 milliards de francs) dépasse de 1% celle des trois premiers trimestres de l’année 2019, avant l’irruption de la pandémie. La Chine et les États-Unis, avec…

«Un affront»: la collection Bührle présentée au Kunsthaus de Zurich fait polémique

«Un affront aux victimes potentielles de biens spoliés»: l’exposition de la collection Bührle au Kunsthaus de Zurich suscite l’ire d’anciens membres de la Commission Bergier. La collection Bührle présentée au Kunsthaus de Zurich suscite la polémique. La Commission Bergier, qui regroupe des historiennes et historiens indépendants, la considère comme une insulte aux victimes du pillage nazi. Le Kunsthaus a ouvert une nouvelle extension en octobre pour accueillir notamment quelque 200 œuvres d’art prêtées par la collection d’Emil Georg Bührle. Cet industriel a fait fortune en vendant des armes à l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, acquis des œuvres d’art spoliées par les nazis et profité du travail forcé. La décision d’exposer la collection Bührle – y compris certains tableaux dont les droits de propriété sont contestés – a été largement attaquée dans la presse et dans un nouvel ouvrage d’Erich Keller, Das kontaminierte Museum («Le musée contaminé»).

Soins infirmiers: «La démocratie directe est notre dernier recours»

Applaudi pendant le confinement, le personnel soignant demande désormais au peuple de faire un geste dans les urnes, le 28 novembre. Pour Sophie Ley, la présidente de l’Association suisse des infirmières et des infirmiers, l’initiative sur les soins infirmiers permet de former, mais aussi de garder les gens dans la profession. Les chiffres sont impressionnants. 65’000 soignantes et soignants pourraient manquer en Suisse à l’horizon 2030, selon les estimations de l’Observatoire suisse de la santé. Pour remédier à la pénurie, l’Association des infirmières et des infirmiers (ASI) a déposé une initiative populaire fédérale. Liens utiles Texte de l’initiative Les explications du Conseil fédéral Le site web du comité en faveur de l’initiative L’argumentaire du Parti libéral-radical contre l’initiative Le texte demande à la Confédération et aux cantons de garantir qu’il y ait suffisamment de diplômés et diplômées. Il exige aussi d’inscrire dans la Constitution une réglementation des…

Soins infirmiers: «L’initiative n’apporte pas une réponse adéquate»

Les adversaires de l’initiative pour des soins infirmiers forts estiment que le texte fait fausse route. Le contre-projet apporte une réponse meilleure et plus rapide aux revendications de la branche, considère Anne-Geneviève Bütikofer, directrice de la faîtière des hôpitaux suisses H+. Il faut trouver un remède à la pénurie de personnel soignant qui touche la Suisse. Personne ne le conteste. Les opposantes et les opposants à l’initiative «Pour des soins infirmiers forts» ne sont toutefois pas convaincus par les solutions que propose le texte. Ce dernier demande non seulement à la Confédération et aux cantons de former suffisamment d’infirmières et d’infirmiers diplômés en Suisse, mais aussi de garantir de meilleures conditions de travail. Liens utiles Texte de l’initiative Les explications du Conseil fédéral Le site web du comité en faveur de l’initiative L’argumentaire du Parti libéral-radical contre l’initiative Le camp du non estime que les pouvoirs publics ne peuvent pas…

Un Suisse au Nicaragua: que faire quand l’argent vient à manquer?

Yanick Iseli vit au Nicaragua depuis six mois. Si la rénovation de sa maison progresse bien, son budget est, quant à lui, presque épuisé. Yanick Iseli peut enfin emménager. Il vient de terminer une pièce dans la cabane en bois qu’il a achetée à ses voisins il y a quelques mois. «De cette manière, j’économise sur plusieurs plans : le loyer, les trajets domicile-travail, et je peux consacrer plus de temps à la reconversion», explique ce Jurassien de 37 ans. La maison n’est pas encore terminée, mais il a déjà rénové tous les murs, car le bois était pourri. Pour éviter que le problème ne refasse surface, ce menuisier qualifié a érigé un petit mur de pierres sur lequel reposent les parois en bois. Sans contact direct avec le sol, elles sont mieux protégées des précipitations qui, en ce moment, compliquent les choses quotidiennement. La saison des pluies bat son plein au Nicaragua. « Il pleut souvent à verse l’après-midi », explique Yanick Iseli. Une situation qui ne le dérange pas, au…