Catégorie : Suisse

Covid-19: Pourquoi la vaccination à grande échelle n’est pas pour demain

Les campagnes de vaccination contre la Covid-19 ont déjà débuté dans quelques pays, mais il faudra probablement plusieurs années pour fabriquer les doses nécessaires à une vaccination à grande échelle, en Suisse comme dans une grande partie du monde. Une lumière est apparue au bout du tunnel de la pandémie début décembre, le jour où une nonagénaire britannique a reçu la toute première dose du vaccin contre la Covid-19 de Pfizer/BioNtech, en dehors d’un essai clinique. Les fabricants ont accompli en une dizaine de mois ce qui n’avait jamais été réalisé auparavant en moins de quatre ans. En Suisse, les vaccinations devraient commencer en janvier si le processus d’approbation se déroule comme prévu pour les vaccins de Moderna ou de Pfizer. Toutefois, il faudra encore attendre pour que ces vaccins soient disponibles à grande échelle. Le gouvernement suisse estime que les trois quarts de la population seront vaccinés d’ici l’été 2021. Mais d’après une projection calculée par…

Tourisme, sports de neige, l’«or blanc» pèse lourd dans l’économie alpine

Alors que les pays voisins imposent des mesures restrictives à leurs stations de ski pour lutter contre la pandémie de Covid-19, la Suisse s’est distinguée jusqu’à présent en les laissant ouvertes. L’économie des régions alpines dépend très fortement de l’activité des remontées mécaniques et du tourisme hivernal. Les stations de ski suisses ont fait l’objet ces dernières semaines d’une attention particulière de la presse étrangère. Tandis que tous les pays limitrophes ont décidé d’empêcher, ou au moins de dissuader leurs citoyens de skier pendant la période de Noël, Covid oblige, le gouvernement suisse a jusqu’à présent permis l’ouverture des stations, à certaines conditions. La pression exercée par les Etats voisins n’a pas fait le poids face à la levée de boucliers interne des acteurs du secteur, des représentants des cantons alpins et de la plupart des parlementaires. Dans ce contexte inédit, l’activité des stations suisses promet d’être scrutée de près. Les polémiques ont…

La cigarette électronique devient un produit du tabac comme un autre

La Suisse s’aligne sur l’Union européenne et édicte de nouvelles règles pour les e-cigarettes, désormais considérées comme des produits du tabac. Ce qui ne l’empêchera pas de rester le pays d’Europe où la cigarette est la moins régulée. Vente interdite aux moins de 18 ans, consommation prohibée dans les espaces fermés accessibles au public et limitation de la publicité: la cigarette électronique, avec ou sans nicotine, sera soumise aux mêmes exigences que la cigarette classique. Le Parlement suisse est actuellement en train d’examiner la nouvelle Loi sur les produits du tabac et a souhaité y inclure toutes les alternatives disponibles sur le marché: e-cigarette, tabac à chauffer et snus. Les deux Chambres ont encore d’importantes divergences à régler avant d’entériner le projet, mais elles ont déjà rejeté toutes les tentatives d’exclure la cigarette électroniques de ces nouvelles contraintes. Elles ont ainsi suivi l’Union européenne, qui a édicté en 2014 une série d’exigences…

«Nous devons sanctionner de manière plus cohérente ceux qui enfreignent les règles»

De nombreuses stations de ski resteront fermées pendant la période des Fêtes, dans les pays voisins de la Suisse. Mais en terres helvétiques la saison a déjà commencé. Comment le pays fait-il face à la pression extérieure? Et quel genre de saison hivernale nous attend? Entretien avec Hans Wicki, sénateur et président des Remontées Mécaniques Suisses. La Suisse étonne les pays voisins: alors que l’Allemagne, par exemple, a décrété le week-end dernier un nouveau confinement, de nombreuses stations de ski suisses ont lancé la saison ces derniers jours. Et ce, malgré le nombre encore élevé de cas – aucun pays voisin ne compte autant de nouvelles infections au coronavirus par habitant que la Suisse. Pendant ce temps, l’Italie et la France font pression pour que les stations de ski ferment dans toute l’Union européenne. Markus Söder, le ministre-président de Bavière, la région allemande qui abrite les plus importants domaines skiables du pays, préconise lui aussi une ligne stricte.

La crise, l’occasion d’améliorer le frein à l’endettement?

La Suisse se distingue au niveau international par la faiblesse de sa dette, obtenue grâce à l’introduction du frein à l’endettement. Un mécanisme qui se retrouve au cœur du débat à l’heure du bilan financier de cette première année de pandémie. En 2017, la dette de la Suisse ne s’élevait qu’à 29% de son produit intérieur brut (PIB), l’un des taux les plus bas d’Europe. Ce bon résultat, la Confédération le doit au mécanisme du frein à l’endettement, entré en vigueur en 2003 après avoir été accepté par le peuple à près de 85%. Le principe est simple: sur l’ensemble d’un cycle conjoncturel, le montant total des dépenses ne doit pas dépasser le montant total des recettes. Les comptes peuvent être parfois positifs, parfois négatifs, mais ils doivent s’équilibrer sur plusieurs années. La crise provoquée par la pandémie de coronavirus vient mettre son grain de sable dans ces rouages bien huilés et relancer le débat sur une éventuelle adaptation du frein à l’endettement. Avec près de…

«Aucun pays n’a atteint un très haut niveau de développement humain sans mettre la planète à rude épreuve»

Le nouveau rapport des Nations unies sur le développement humain, qui mesure le niveau de bien-être de l’humanité, prend pour la première fois en considération l’impact environnemental sur la planète. Aucun pays, pas même la Suisse, qui a pourtant un indice de développement humain parmi les plus élevés au monde, ne prospère de manière durable, affirme le responsable du rapport Pedro Conceição. La pandémie de coronavirus est la crise la plus récente à laquelle la planète est confrontée. Mais si les humains ne relâchent pas leur emprise sur la nature, ce ne sera pas la dernière. C’est ce qu’indique le Rapport sur le développement humain 2020 publié mardi par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui pour la première fois prend en compte les émissions de CO2 et l’empreinte matérielle dans sa définition du progrès. Comment l’humanité évolue-t-elle dans le monde? Le Rapport mondial sur le développement humain est publié chaque année par le Programme des Nations…

La Suisse, une médiatrice honnête dans le monde numérique

La Suisse a formulé sa «politique numérique extérieure». Elle montre comment le pays se comprend et entend se positionner à l’ère numérique. À ses débuts, Internet a éveillé l’espoir de voir se développer un espace global ouvert à tous. Mais depuis longtemps déjà, il est devenu le théâtre de nouvelles luttes de pouvoir où la géopolitique classique se poursuit avec des moyens numériques. La liberté d’Internet recule, a constaté récemment le Center for Security Studies de l’ETH Zurich dans une étude. Le réseau ouvert mondial se fragmente en raison de l’établissement de frontières numériques – la Chine en est l’exemple le plus connu, mais certainement pas le seul – et les règlements nationaux se multiplient. Alors qu’au moment du Printemps arabe les réseaux sociaux étaient encore considérés comme des moteurs de la révolution, de nombreux régimes autoritaires bloquent maintenant l’accès à Internet en période d’agitation civile. Les instruments numériques de contrôle font désormais…

Malgré la méfiance des médecins, les autorités achètent du remdesivir

Les médecins suisses restent prudents quant à l’usage du remdesivir pour traiter la Covid-19. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de publier des données sur l’inefficacité de ce médicament. Pourtant, les autorités suisses vont de l’avant vers l’autorisation de ce traitement et s’efforcent d’en obtenir plus. Le 25 novembre, Swissmedic, l’organe d’approbation des médicaments, a délivré une autorisation temporaire pour le remdesivir (vendu sous le nom de Veklury). Cinq jours plus tôt, l’OMS avait pourtant lancé un avertissement contre l’usage de ce produit pour les patients Covid hospitalisés, quelle que soit la gravité de leur maladie. Le gouvernement suisse n’en a pas moins confirmé à swissinfo.ch qu’il était en discussions avec la pharma américain Gilead, qui fabrique le médicament, pour obtenir davantage de doses, sur la base d’un accord passé au mois d’août. L’OMS a basé sa recommandation sur l’essai clinique à grande échelle Solidarity, déclarant qu’il n’y a…

La Suisse aussi prend des mesures pour «décoloniser» les biens culturels

Tandis que les pays européens réévaluent leur histoire coloniale, la restitution de biens culturels mal acquis est devenue une question brûlante. Elle concerne non seulement les pays d’origine, mais aussi le lien que nous entretenons avec notre propre passé. Cette problématique touche aussi la Suisse. «C’est le bon moment pour réfléchir à cette question, estime Marc-André Renold, professeur de droit de l’art à l’Université de Genève (UNIGE), en raison du débat actuel sur la restitution des biens culturels soustraits durant la période coloniale. Black Lives Matter a accru la pression, alors que des pays comme la France et l’Allemagne s’impliquent fortement dans le réexamen de leur passé colonial. Dans l’Hexagone par exemple, le Parlement a récemment voté la restitution au Sénégal et au Bénin de divers artefacts saisis pendant la période coloniale et exposés dans les musées parisiens. La Suisse n’a pas eu de colonies. Mais, comme le souligne Boris Wastiau, directeur du Musée…

Ca(ch)ophonie sur le Covid

Covid : cacophonie générale en Suisse

Chacun des 26 cantons de la Confédération édicte ses propres règles sanitaires face à l’épidémie. Pendant ce temps-là, la situation se détériore.

Les Genevois vont se faire couper les cheveux dans le canton de Vaud, les Neuchâtelois s’attablent dans les restaurants à Berne, et les Bernois vont à la salle de sport à Soleure, résume un quotidien de Lausanne pour expliquer la cacophonie qui règne actuellement en Suisse.

Lors du premier confinement, c’est le Conseil fédéral (gouvernement) qui avait pris la main et l’épidémie avait été plutôt bien maîtrisée. Mais aujourd’hui, chaque canton prend souverainement ses décisions, et c’est la catastrophe. Ce petit pays de 8,5 millions d’habitants a enregistré en une seule journée 5 086 nouveaux cas de contamination et 117 décès. La situation est d’autant plus compliquée que certaines communes sont enclavées dans le canton voisin, comme la genevoise Céligny dans le canton de Vaud, ou Raach, commune du canton de Saint-Gall, isolée dans celui de Thurgovie

Pour freiner cette cacophonie, les cantons francophones avaient décidé d’harmoniser leurs règles sanitaires et d’ouvrir jeudi 10 décembre leurs restaurants et leurs bars jusqu’à 23 heures. Seul le Valais montrait sa (petite) différence en choisissant la date du 14 décembre. Chez les Alémaniques en revanche, chacun continue à tirer sur la corde. Quand l’un déconfine, son voisin reconfine. Les Soleurois, Argoviens, Thurgoviens et Appenzellois n’ont ainsi jamais cessé de fréquenter les restaurants. « Dans un tel système, les incitations sont fortes pour les cantons d’adopter une attitude passive, dans l’espoir peut-être que les régions voisines réagissent plus rapidement et que cela avantage son propre canton », constate Jan-Egbert Sturm, directeur du centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique de Zurich, dans le quotidien Le Temps.

Une réouverture de… 48 heures

« Nous n’avons pas non plus le même mode de vie, un Alémanique a fini de dîner à 19 heures, alors qu’un Romand [un francophone] n’arrive pas au restaurant avant 20 heures, et je ne parle pas des Tessinois [un italophone], ils débarquent juste avant la fermeture », souligne le patron d’un grand établissement genevois près de la gare Cornavin. Bref, le système fédéraliste concurrentiel semble mener à la pagaille intégrale. Résultat, le socialiste Alain Berset, le ministre fédéral de la Santé (et par ailleurs ministre de l’Intérieur), a décidé de reprendre la situation en main, annonçant que les chiffres de la pandémie ne permettent pas de desserrer la vis, bien au contraire. Ce francophone (il est élu du canton de Fribourg) n’a pas hésité à remettre en cause les réouvertures de jeudi dans les cantons francophones…

Que devrait annoncer Alain Berset ? Vraisemblablement que les restaurants devront fermer à 19 heures, alors que depuis jeudi, après une fermeture de sept semaines, ils sont ouverts jusqu’à 23 heures sur les bords du lac Léman et dans le Jura ! Que les activités culturelles, cinémas, musées, spectacles, discothèques, resteront interdites jusqu’en janvier, que les réunions privées seront limitées à cinq personnes au maximum, que dans les magasins, il faudra compter un espace de 10 m2 par client, contre 4 m2 actuellement. Imaginez la colère d’un patron de café qui a ouvert son établissement jeudi et qui devra le refermer deux jours plus tard ! Dans la cité de Calvin, 30 % des bars ont déjà mis la clé sous la porte.

Le fossé du rösti

Il n’en faut pas davantage pour que l’on ressorte le « Röstigraben », comprenez le fossé du rösti. Le rösti étant une galette de pommes de terre, un plat typique de Suisse alémanique qui a donné son nom à la frontière symbolique séparant les francophones des germanophones. « Pour de nombreux Romands [francophones], les bons élèves font les frais des cancres alémaniques », dénonce La Tribune de GenèveMarianne Maret, députée du canton du Valais, parle de « punition collective », Mauro Poggia, le ministre genevois de la Santé, dénonce l’« irrespect » du gouvernement fédéral. Jacques Gerber, ministre de la Santé du canton du Jura, est quant à lui « amer », constatant que le gouvernement « nous met devant le fait accompli ».

C’est encore pire pour le canton de Fribourg qui vient tout juste d’annoncer la réouverture des cinémas, des théâtres, des salles de spectacle et de concerts, des patinoires. Les francophones n’ont pas tout à fait tort, les cantons les plus touchés par le coronavirus sont ceux de Saint-Gall, de Bâle-Campagne et de Bâle-Ville, et celui du Tessin, qui parlent allemand et italien. Mais comme rien n’est jamais simple en Suisse, alors que les cantons francophones ont demandé au Conseil fédéral (gouvernement) en termes polis « d’adoucir les mesures envisagées », le canton de Genève n’a pas signé le communiqué commun, expliquant qu’il « n’aime pas travailler dans la précipitation ».

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