Catégorie : Suisse

La Suisse veut jouer un rôle de leader dans la reconstruction de l’Ukraine

La Suisse organisera début juillet une grande conférence internationale pour la reconstruction de l’Ukraine. L’agenda et la liste des participants se précisent. Mais la question de savoir si le projet est bien coordonné au niveau international reste ouverte. La coopération internationale avec l’Ukraine se négociait bien avant la guerre, dans le cadre de conférences régulières sur les réformes à mener. Celle de cette année était prévue les 4 et 5 juillet à Lugano. La Suisse n’a jamais annulé ce rendez-vous et le président de la Confédération Ignazio Cassis veut désormais en faire une conférence sur la reconstruction. Rencontre de «très haut niveau» Selon Ignazio Cassis, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), qu’il dirige, a invité 41 pays et 19 organisations internationales, dont la Banque mondiale et l’ONU. Le ministre des Affaires étrangères et actuel président de la Confédération parle d’une conférence et de très haut niveau avec des participants «à partir du…

Cette immigration turque «non souhaitée» par la Suisse

Moins connue que l’immigration italienne ou espagnole, l’immigration turque a aussi participé à l’essor économique de la Suisse de l’après-guerre. Basée sur des albums de famille, une exposition lève le voile sur la vie de ces personnes, entre accueil et discriminations. «J’ai dit à mon ami Sabit de me faire traverser le fleuve en barque, car je ne voulais plus rencontrer personne avant de partir. Ils ne m’auraient pas laissé faire!» Hüseyin Yavas raconte son départ de Turquie pour la Suisse, synonyme de libération, mais aussi de déchirement. Il fait partie de ces milliers d’hommes trucs qui, dans les années 1960, ont répondu à l’appel de grandes entreprises suisses à la recherche de main d’œuvre, en quête d’une vie meilleure. Cinquante ans plus tard, sa fille, la photographe Ayse Yavas, raconte son histoire et celle de sa famille élargie à travers une exposition au Musée de la ville d’Aarau. Intitulée «Und dann fing das Leben an …» («Et la vie commença…»), elle rassemble…

Un pays où tracteurs et trottinettes électriques font route commune

En Suisse, la population vit le plus souvent au milieu d’un mix entre rural et urbain. Cette «rurbanité» est quelquefois un peu ennuyeuse, parfois même guère esthétique. Mais elle contribue largement à la paix sociale, jugent les spécialistes. Exemple à Bulle, cité gruérienne et «ville à la campagne». La gare de Bulle est un chantier. Les nouveaux bâtiments y fleurissent. Avec ses 25’000 habitantes et habitants, la cité fribourgeoise table sur l’arrivée de 7000 personnes supplémentaires d’ici 2030. Les transports publics fribourgeois, propriétaires du terrain, édifient à côté des voies un quartier entier d’appartements, de bureaux, de magasins et de cafés. L’ensemble est sur le point d’accueillir la vie. Nous sommes en mai, un café branché vient d’ouvrir ses portes. L’architecture des lieux évoque les caissons élevés ces dernières années à la gare de Zurich. Et ici aussi, à chaque coin de rue, trônent des trottinettes en location. Mais la comparaison s’arrête là. L’air est…

«La guerre en Ukraine fait ressurgir beaucoup de choses»

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Oskar Zwicky, âgé de dix ans, avait dû fuir avec sa famille l’ancienne colonie viticole suisse de Chabag, dans l’Ukraine d’aujourd’hui. S’ensuivirent six ans d’errance avant d’être autorisé à rentrer sur territoire suisse. Coup de rétroviseur sur une vie chahutée. Le soleil se reflète dans les eaux du lac de Walenstadt et les sommets des montagnes alentour forment un croissant dans le ciel bleu clair. Ursi Bigger nous attend déjà dans sa voiture. Assis à ses côtés, son père Oskar Zwicky, un ancien Suisse de l’étranger âgé de 91 ans nous salue en souriant. Nous crapahutons ensuite pendant une dizaine de minutes jusqu’au village de Oberterzen, dans le canton de Glaris, où sa fille possède une maison. Aidé de sa canne mais encore alerte, son père nous rejoint au premier étage où café et gâteaux sont servis. Oskar Zwicky commence à nous débiter son récit. L’arrivée à Shabo «Mon arrière-grand-père Johann Heinrich Zwicky a émigré à Shabo (Chabag en…

James Webb scrute les confins de l’univers

Le télescope spatial James Webb regarde dans l’infrarouge. Galaxies lointaines, systèmes planétaires en formation, trous noirs, exoplanètes: il voit tout mieux que ses prédécesseurs – en partie grâce à des technologies développées en Suisse. James Webb est le plus gros et le plus puissant télescope jamais envoyé dans l’espace. Si les astrophysiciens s’attendaient à une précision pareille, les premières images-test qu’il a envoyées le 9 mai ont totalement bluffé le grand public. Avec ses capacités exceptionnelles, James Webb est considéré comme le successeur (mais non le remplaçant) du télescope spatial Hubble lancé en 1990 par la NASA. Car Hubble regarde dans la lumière visible. La lumière perçue par l’œil est composée de plusieurs longueurs d’onde. Cette lumière visible émane d’objets comme le Soleil et nos ampoules électriques. Dans les plus grandes longueurs d’onde, la lumière devient infrarouge, et nos yeux ne la voient plus. Certains objets, comme les étoiles «froides»…

La Tunisie apprentie sorcière d’une Suisse qui prône la démocratie

Le tournant pris par la Tunisie dérange les sentinelles de la démocratie dans le monde, tandis que le président Kaïs Saïed met à mal des droits populaires chèrement acquis. Les efforts de la Suisse pour soutenir la démocratisation n’ont guère porté leurs fruits dans un pays où, par chance, des femmes résistent. Nous sommes allés à leur rencontre. Qu’advient-il de la Tunisie sous le règne de Kaïs Saïed ? Ce pays décline. C’est du moins l’avis de la politologue Monica Marks, spécialiste de cette région. Elle décrit aujourd’hui ce pays comme «une ancienne démocratie en rupture de constitutionnalité et fonçant vers l’autocratie»*. Au lendemain du Printemps arabe et de la destitution de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, la démocratie tunisienne avait pourtant fait miroiter de belles promesses. Berceau de la révolution, ce pays fut le seul à connaître un véritable tournant politique. Mais ces espoirs ont été douchés depuis. Fin mars dernier, le président Saïed a décidé de…

Recueillir des preuves de crimes de guerre en Ukraine, un engagement suisse

Le procureur général de la Confédération a mis en place un groupe de travail chargé de recueillir les preuves d’éventuels crimes de guerre commis en Ukraine. Des ONG à Genève s’attellent également à cette question. Tour d’horizon. «L’idée est très simple», a déclaré le procureur général Stefan Blättler à l’occasion d’une interview accordée à swissinfo.ch. «Nous ne pouvons pas poursuivre les crimes de guerre tant que le suspect ne se trouve pas en Suisse. Mais d’un autre côté, nous avons beaucoup de réfugiées et réfugiés [d’Ukraine], tout comme d’autres pays européens, et je suis sûr que ces gens pourraient avoir vu quelque chose ou fournir des témoignages en vue d’éventuels procès pour crimes de guerre. C’est pourquoi nous devons nous assurer que toutes ces preuves potentielles sont à notre disposition.» À l’heure actuelle, la Suisse n’a pas de suspects sur son territoire, précise Stefan Blättler. Il n’empêche que cela pourrait arriver ou que des procès pourraient avoir lieu un…

Partir ou rester? Le dilemme cornélien des entreprises suisses en Russie

Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, plusieurs entreprises suisses ont suspendu leurs activités sur le marché russe en raison du risque important pour leur réputation. Mais le choix de quitter le pays n’est pas toujours évident. Notre enquête. Juin 2019, les ministres des Affaires étrangères Ignazio Cassis et Sergueï Lavrov portent un toast en l’honneur de la nouvelle ambassade de Suisse à Moscou. La fête a coûté environ 700’000 francs, dont une grande partie payée par des sponsors privés. Parmi eux, des entreprises contrôlées par des oligarques suisses basés en Russie: Eurochem, le géant des engrais basé à Zoug et dirigé par Andrey Melnichenko, Volga Group de Guennadi Timtchenko, ainsi que Sulzer et OC Oerlikon, deux entreprises industrielles helvétiques de tradition dont Viktor Vekselberg est actionnaire. Parmi les soutiens figurent également Nord Stream 2, une société basée à Baar, dans le canton de Zoug, qui exploite le gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne et…

Le monde est-il déterminé à rendre l’OMS plus forte?

L’Assemblée mondiale de la santé (AMS), l’organe décisionnel suprême de la principale autorité de santé globale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), se réunit cette semaine à Genève. Objectif: mieux préparer le monde à la prochaine pandémie. «S’il y avait une nouvelle menace de pandémie cette année, l’année prochaine ou dans deux ans, nous serions quasiment dans la même position qu’en décembre 2019.» Voici le constat posé par Helen Clark, ancienne coprésidente du Panel indépendant pour la préparation et la réponse aux pandémies (Panel indépendant), lors d’une conférence de presse la semaine dernière. Le Panel indépendant a été mis sur pied en 2020 pour tirer les leçons de la pandémie et suggérer des réformes de l’OMS qui lui permettraient de mieux faire face aux futures menaces sanitaires. Ses anciennes coprésidentes ont publié en mai un rapport pour évaluer le suivi de leurs recommandations. «En termes de réformes, il y a eu quelques petits pas, mais pour nous, ils…

La Suisse en fait-elle assez pour geler les avoirs russes?

Les pressions sur la Suisse se renforcent pour l’inviter à mettre plus de zèle dans la traque et le gel des avoirs russes sous sanctions. Mais peut-elle vraiment en faire davantage? 6,3 milliards de francs, est-ce suffisant? La Suisse, premier centre de gestion de fortune offshore de la planète, qui est également leader du négoce de matières premières, a gelé jusqu’ici 6,3 milliards de francs et identifié 11 propriétés appartenant à des oligarques russes. Mais des voix critiques, dans le pays comme à l’étranger, en attendent davantage. L’Association suisse des banquiers (ASB) estime jusqu’à 200 milliards de francs les avoirs de clients russes détenus dans les banques suisses, en majorité épargnés par les sanctions. Ce qui explique que ces seuls 6,3 milliards soient gelés. En politique nationale, les partis de gauche jugent que la Suisse devrait en faire davantage pour geler les avoirs. Les socialistes (PSS) par exemple ont réclamé sans succès la création d’une taskforce fédérale…