Auteur/autrice : maitrepadpad

Nul ne peut se prévaloir d’un droit acquis à une jurisprudence figée, pas même un consommateur

La sécurité juridique, invoquée sur le fondement du droit à un procès équitable pour contester l’application immédiate d’une solution nouvelle résultant d’une évolution de la jurisprudence ne saurait consacrer un droit acquis à une jurisprudence figée. Cette évolution relève de l’office du juge dans l’application du droit.

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La Suisse aussi prend des mesures pour «décoloniser» les biens culturels

Tandis que les pays européens réévaluent leur histoire coloniale, la restitution de biens culturels mal acquis est devenue une question brûlante. Elle concerne non seulement les pays d’origine, mais aussi le lien que nous entretenons avec notre propre passé. Cette problématique touche aussi la Suisse. «C’est le bon moment pour réfléchir à cette question, estime Marc-André Renold, professeur de droit de l’art à l’Université de Genève (UNIGE), en raison du débat actuel sur la restitution des biens culturels soustraits durant la période coloniale. Black Lives Matter a accru la pression, alors que des pays comme la France et l’Allemagne s’impliquent fortement dans le réexamen de leur passé colonial. Dans l’Hexagone par exemple, le Parlement a récemment voté la restitution au Sénégal et au Bénin de divers artefacts saisis pendant la période coloniale et exposés dans les musées parisiens. La Suisse n’a pas eu de colonies. Mais, comme le souligne Boris Wastiau, directeur du Musée…

Ca(ch)ophonie sur le Covid

Covid : cacophonie générale en Suisse

Chacun des 26 cantons de la Confédération édicte ses propres règles sanitaires face à l’épidémie. Pendant ce temps-là, la situation se détériore.

Les Genevois vont se faire couper les cheveux dans le canton de Vaud, les Neuchâtelois s’attablent dans les restaurants à Berne, et les Bernois vont à la salle de sport à Soleure, résume un quotidien de Lausanne pour expliquer la cacophonie qui règne actuellement en Suisse.

Lors du premier confinement, c’est le Conseil fédéral (gouvernement) qui avait pris la main et l’épidémie avait été plutôt bien maîtrisée. Mais aujourd’hui, chaque canton prend souverainement ses décisions, et c’est la catastrophe. Ce petit pays de 8,5 millions d’habitants a enregistré en une seule journée 5 086 nouveaux cas de contamination et 117 décès. La situation est d’autant plus compliquée que certaines communes sont enclavées dans le canton voisin, comme la genevoise Céligny dans le canton de Vaud, ou Raach, commune du canton de Saint-Gall, isolée dans celui de Thurgovie

Pour freiner cette cacophonie, les cantons francophones avaient décidé d’harmoniser leurs règles sanitaires et d’ouvrir jeudi 10 décembre leurs restaurants et leurs bars jusqu’à 23 heures. Seul le Valais montrait sa (petite) différence en choisissant la date du 14 décembre. Chez les Alémaniques en revanche, chacun continue à tirer sur la corde. Quand l’un déconfine, son voisin reconfine. Les Soleurois, Argoviens, Thurgoviens et Appenzellois n’ont ainsi jamais cessé de fréquenter les restaurants. « Dans un tel système, les incitations sont fortes pour les cantons d’adopter une attitude passive, dans l’espoir peut-être que les régions voisines réagissent plus rapidement et que cela avantage son propre canton », constate Jan-Egbert Sturm, directeur du centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique de Zurich, dans le quotidien Le Temps.

Une réouverture de… 48 heures

« Nous n’avons pas non plus le même mode de vie, un Alémanique a fini de dîner à 19 heures, alors qu’un Romand [un francophone] n’arrive pas au restaurant avant 20 heures, et je ne parle pas des Tessinois [un italophone], ils débarquent juste avant la fermeture », souligne le patron d’un grand établissement genevois près de la gare Cornavin. Bref, le système fédéraliste concurrentiel semble mener à la pagaille intégrale. Résultat, le socialiste Alain Berset, le ministre fédéral de la Santé (et par ailleurs ministre de l’Intérieur), a décidé de reprendre la situation en main, annonçant que les chiffres de la pandémie ne permettent pas de desserrer la vis, bien au contraire. Ce francophone (il est élu du canton de Fribourg) n’a pas hésité à remettre en cause les réouvertures de jeudi dans les cantons francophones…

Que devrait annoncer Alain Berset ? Vraisemblablement que les restaurants devront fermer à 19 heures, alors que depuis jeudi, après une fermeture de sept semaines, ils sont ouverts jusqu’à 23 heures sur les bords du lac Léman et dans le Jura ! Que les activités culturelles, cinémas, musées, spectacles, discothèques, resteront interdites jusqu’en janvier, que les réunions privées seront limitées à cinq personnes au maximum, que dans les magasins, il faudra compter un espace de 10 m2 par client, contre 4 m2 actuellement. Imaginez la colère d’un patron de café qui a ouvert son établissement jeudi et qui devra le refermer deux jours plus tard ! Dans la cité de Calvin, 30 % des bars ont déjà mis la clé sous la porte.

Le fossé du rösti

Il n’en faut pas davantage pour que l’on ressorte le « Röstigraben », comprenez le fossé du rösti. Le rösti étant une galette de pommes de terre, un plat typique de Suisse alémanique qui a donné son nom à la frontière symbolique séparant les francophones des germanophones. « Pour de nombreux Romands [francophones], les bons élèves font les frais des cancres alémaniques », dénonce La Tribune de GenèveMarianne Maret, députée du canton du Valais, parle de « punition collective », Mauro Poggia, le ministre genevois de la Santé, dénonce l’« irrespect » du gouvernement fédéral. Jacques Gerber, ministre de la Santé du canton du Jura, est quant à lui « amer », constatant que le gouvernement « nous met devant le fait accompli ».

C’est encore pire pour le canton de Fribourg qui vient tout juste d’annoncer la réouverture des cinémas, des théâtres, des salles de spectacle et de concerts, des patinoires. Les francophones n’ont pas tout à fait tort, les cantons les plus touchés par le coronavirus sont ceux de Saint-Gall, de Bâle-Campagne et de Bâle-Ville, et celui du Tessin, qui parlent allemand et italien. Mais comme rien n’est jamais simple en Suisse, alors que les cantons francophones ont demandé au Conseil fédéral (gouvernement) en termes polis « d’adoucir les mesures envisagées », le canton de Genève n’a pas signé le communiqué commun, expliquant qu’il « n’aime pas travailler dans la précipitation ».

https://www.lepoint.fr/monde/covid-cacophonie-generale-en-suisse-11-12-2020-2405327_24.php

Le Jura et la quatrième guerre mondiale

Des fêtes de fin d’année sans ski? La Suisse réagit aux propos de Macron

Emmanuel Macron a déconseillé aux Français d’aller skier à l’étranger pendant les fêtes de fin d’année. En Suisse, on hésite entre rire et énervement.

POLITIQUE – Redoutant une reprise de l’épidémie de Covid-19 au retour des congés de fin d’année, Emmanuel Macron a ciblé les vacanciers français en mal de poudreuse qui voudraient slalomer en dehors du territoire national où les domaines skiables resteront fermés. “S’il y a des pays de l’Union européenne et hors UE qui maintiennent des stations de ski ouvertes, il y aura des contrôles pour dissuader les Français” a averti le chef de l’État lors d’une conférence de presse ce mardi 1er décembre.

Dans le viseur d’Emmanuel Macron se trouve particulièrement la Suisse où cette annonce a été mal ressentie, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-suisse-fait-de-la-resistance-face-aux-gesticulations-de-macron-sur-le-ski_fr_5fc92470c5b68107712701f8

“On est assez résistants à la pression. Cela n’a pas d’impact sur nous. Nous attendons que l’on respecte nos décisions, c’est-à-dire de rester ouvert”, a ainsi réagi Bruno Huggler, le directeur de Crans-Montana, station touristique située dans le canton du Valais, interrogé mercredi 2 décembre par France 3 Alpes. Si la Suisse a déjà décidé d’ouvrir certaines stations, le détail et l’application du protocole sanitaire font encore débat.

“Les plus sévères parlent d’intimidation”

Mais c’est surtout au travers des journaux télévisés helvètes que s’est exprimé l’agacement. Le JT de la télévision publique RTS a ouvert ses deux dernières éditions du soir en pointant un soupçon d’ingérence de la France et en soulignant des contradictions dans la gestion de cet épisode. Seulement “8% des Français partent aux sports d’hiver” ironise le commentaire de la correspondante à Paris de la RTS qui se demande aussi “comment distinguer les [travailleurs] frontaliers des touristes frondeurs?”

Si aucune personnalité politique suisse n’intervient face caméra, le correspondant à Berne de la télé suisse, “ville fédérale” du pays, décrit ce qui se raconte en coulisses, entre rire et énervement. “Ici, on sourit gentiment tout en rappelant que la Suisse est un pays souverain (…) Alors c’est vrai, Emmanuel Macron agace. Les plus sévères parlent de gesticulation et d’intimidation”. Et d’annoncer qu’afin de ne pas refroidir ses relations avec ses voisins européens et pour que “la Suisse ne passe pas pour une profiteuse cet hiver si les stations sont ouvertes”, il a été décidé de ralentir “la promotion touristique pour éviter la polémique et la provocation”.

À la frontière suisse, côté français, le maire Les Républicains de Châtel, commune française partageant un domaine skiable avec la Suisse, exprime sa solidarité à l’égard de ses voisins montagnards. Interrogé à la fois par le JT de la chaîne locale Léman bleu et lors d’un long duplex sur la RTS, Nicolas Rubin s’en prend aux décisions françaises. “Pourquoi fixe-t-on le ski comme sanction lors du retour de Suisse? On pourrait aussi s’interroger sur les départs en vacances vers les plages à l’autre bout du monde et peut-être assigner aussi à résidence les Français au retour de ces endroits. C’est la montagne qui est pointée du doigt, et nous, on n’apprécie pas forcément”, peste-t-il.

Peut-on skier avec un cornet de popcorn dans la main gauche ?

Bah oui parce que là, depuis les dernières « annonces » c’est reparti pour le popcorn sauce Poujade de la grande époque.

Ben oui y’a une crise sanitaire. Ca ce n’est pas nouveau.
Ben oui, y’a différentes façons de l’aborder.

L’allemande
qui semble avoir un système de santé plus robuste que le nôtre.

On notera au passage que l’Allemagne a deux fois plus de lits par habitants que la France, alors que le budget n’est « que » de 360 milliards alors qu’il est de 260 milliards en France. Rapporté au nombre d’habitants, l’Allemagne ne dépense « que » 13% de plus par habitant pour un nombre de lit deux fois plus élevé.
On murmure que l’Allemagne a un peu plus de gens debout au lit des malades dans les hôpitaux et un peu moins d’administratifs dans les bureaux du ministère de la santé.
Notons au passage que la France reste en tête de ce qu’elle sait bien faire, la dépense de santé rapportée au PNB.
Notons aussi au passage qu’en Allemagne, la santé repose moins intégralement sur les fonds publics ce qui est – en France – un tabou.

https://www.touteleurope.eu/actualite/les-depenses-de-sante-dans-les-pays-de-l-union-europeenne.html#:~:text=Les%20dépenses%20courantes%20de%20santé,260%20milliards%20d%27euros).

La suisse qui a choisi une version un peu plus libérale, pour diverses raisons.
A cause de son système fédéral qui rend compliqué et souvent inopportun les tentatives de « ne voir qu’une tête ».
Mais surtout parce que en Suisse, on préfère faire appel à la responsabilité individuelle, plutôt que de réglementer ad nauséam.
On notera qu’en termes de contrôle de l’épidémie, ça a très bien marché au début, et très mal en phase 2, ce qui conduit à une certaine modestie.

La francaise, où 60 millions de sélectionneurs au chômage depuis la fin de la coupe du monde se sont reconvertis en 60 millions de spécialistes de l’épidémiologie, de la stratégie vaccinale, de la santé publique et du droit des libertés fondamentales.
Des recherches poussées ont été menées sur comment sortir 2h avec une attestation dans la poche droite et une dans la gauche. Médor aboie pour le déconfinement car il en a ras le poil qu’on s’obstine à le sortir 12 fois par jour et à le prêter aux voisins comme alibi alors qu’avant il devait pleurer pour aller prendre l’air.

Et maintenant le ski. Vu la bêtise de sa population qui s’est ruée sur les plages et ailleurs cet été, à peine le confinement assoupli, le gouvernement a renoncé à appeler à la responsabilité pour les sports d’hiver, et décidé, au grand dam du secteur économique de fermer les stations. Pas mal de pays européens aussi.

Mais voilà, on redécouvre que la Suisse, à qui l’UE adore reprocher de ne pas faire partie du machin qui est tellement bien que tout le monde l’adore, sauf les Anglais qui sont un peu c… mais pas au point d’y rester, ne fait pas partie de l’UE.

Pire encore elle est fédérale, donc on en peut pas taper sur la table et fermer temporairement les rayons livres des supermarchés, qui, c’est bien connu, ne portent préjudice aux librairies que pendant les confinements. D’ailleurs on se demande pourquoi on n’a pas aussi interdit aux librairies suisses de vendre des bouquins en français, langue qui appartient exclusivement à la France, c’est bien connu.

Donc on ferme les stations en France ( enfin non, pas vraiment mais ça revient au même), et on s’apprête à vérifier que personne ne passe la frontière avec des skis dans le coffre.

Pendant ce temps là des stations comme Châtel tentent d’expliquer ce que va leur coûter de devoir s’isoler des « Portes du soleil » . Mais autre temps autres moeurs, plus personne ne skie avec des carnets de laits dans le Rücksack, donc tout va bien.

Le concept de base de « b..el, restez chez vous quand vous le pouvez, diminuez dans toute la mesure du possible vos interactions sociales physiques et vos déplacements » n’imprime décidément pas dans certaines cultures qui préfèrent un partie géante de sur-réglementation versus contournement institutionnalisé.

Et c’est comme ça que le tome II de « Le Cervin est-il africain ? » va s’appeler « une lionne peut-il chasser l’abominable homme des neiges ? « .

Quand le tout nouveau patron de l’ANMSM glisse sur une plaque de verglas

Les professionnels des sports d’hiver ne digèrent pas l’obligation de maintenir fermées les remontées mécaniques pour les vacances de Noël, en raison de l’épidémie de coronavirus. Alors que les stations voisines de Suisse peuvent ouvrir leurs télécabines, les stations de ski françaises dénoncent une concurrence déloyale imposée par le gouvernement. Invité de franceinfo jeudi 26 novembre, le président de l’Association des maires de stations, Jean-Luc Boch, reconnait que la Haute-Savoie détient le record national de taux d’incidence, mais il affirme qu’en Suisse, « ce taux est deux  fois supérieur et pourtant les stations sont ouvertes« . C’est faux et on vous explique pourquoi.  

Le taux d’incidence suisse nettement inférieur à celui de la Haute-Savoie

Le taux d’incidence de la Haute-Savoie est de 430 cas pour 100 000 habitants sur la semaine du 16 au 22 novembre, selon les dernières données de Santé publique France. Il s’agit du record en France. Alors qu’en Suisse, au niveau fédéral, le taux d’incidence est à 348 pour 100 000 sur la même semaine, selon l’Office fédéral de la santé publique. C‘est clairement moins que le taux haut-savoyard.    

On peut se demander pourquoi Jean-Luc Boch a fait cette confusion. La réponse se trouve vraisemblablement dans les dates retenues pour avancer ces chiffres. Le maire de la Plagne est peut-être resté fixé sur des chiffres qui datent du début du mois de novembre quand la Suisse a connu une véritable flambée de l’épidémie, avec un taux d’incidence fédéral dépassant largement celui de la France (648 cas pour 100 000 habitants contre 486 pour 100 000 en France).

La situation était particulièrement dramatique dans les cantons de Genève ou du Valais, où se trouvent de nombreuses stations de ski, dont certaines touchent la France comme Champéry. Dans le Valais, le taux d’incidence a grimpé à ce moment-là à plus de 1 420 pour 100 000 habitants. Mais depuis, ce canton a pris des mesures sanitaire fortes et le taux d’incidence a été divisé par 3,5.  

Les stations suisses ouvertes  

Quoiqu’il en soit, les stations suisses sont bel et bien ouvertes … quand elles ont suffisamment de neige, car les flocons se font cruellement attendre. Cependant, à Zermatt dans le Valais, les skieurs peuvent dévaler les pistes depuis plusieurs semaines. D’ailleurs, des photos de skieurs agglutinés dans une file d’attente pour une télécabine ont fait jaser il y a deux semaines. La police est intervenue et tout est rentré dans l’ordre. Au niveau fédéral, les stations suisses ont mis en place un protocole sanitaire. Le masque est obligatoire, sauf au moment de la descente.    

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/stations-de-ski-les-cas-de-covid-19-sont-ils-deux-fois-plus-eleves-en-suisse-quen-haute-savoie_4179583.html

« L’hôpital capital bien en cour ne se moque même plus de la charité »…

https://blogavocat.fr/space/gilles.huvelin/content/lhôpital-capital-bien-en-cour-ne-se-moque-même-plus-de-la-charité…_

L’auteur des « lettres persanes » était prolixe. Sa correspondance a été dispersée et des fragments ont subi les avanies des évènements. Une lettre encore inconnue du public a été retrouvée dans un vieux grenier d’un manoir flanqué de deux tours rondes, pompeusement appelé château. Cette demeure contemporaine de Montesquieu me fait penser par son architecture au château de Monthyon. N’y voyez pas là un aveu ou une piste pour révéler l’identité du dernier détenteur de cette correspondance romanesque parvenue jusqu’à nous par les méandres de l’histoire. L’authenticité du texte, dont malheureusement l’introduction s’est perdue, ne permettant pas d’identifier la ville de l’immersion du scripteur, n’est pas contestée par les érudits qui se sont penchés dessus. Dans une version moderne, il m’est donné d’en porter connaissance au plus grand nombre car je le trouve édifiant pour nos mœurs contemporaines, la nature humaine ne changeant pas à travers les âges. Toutefois, en le relisant, je le trouve chaque fois plus transposable au fonctionnement d’une autre institution dans les couloirs de laquelle il m’arrive encore de me promener pour me rendre dans la vénérable Bibliothèque dont l’accès m’est autorisé car il est lié à mon état. Plus je lis ce texte et plus je me dis qu’il est descriptif des effets de « la réforme Magendie » en l’état des moeurs et de leurs effets, sur le fonctionnement de notre Cour d’Appel. Je me fais la réflexion que l’auteur a commis des textes qui sont contemporains à toutes les époques, tant les hommes sont de tous les temps et partout les mêmes et reproduisent en chaque occasion l’application de leurs constantes qualités.
Je vous souhaite bonne lecture, gens de bonne intelligence et de réflexion sur notre époque.

« Il s’agissait d’un hôpital. Pas un petit hôpital, un grand hôpital, même un hôpital capital .. mais sans une capitale au début de son nom, contrairement à l’Hôpital contigu. Cet hôpital était installé dans des locaux très anciens; régulièrement modifiés de nombreux ajouts alambiqués accumulés à travers les âges; qui ont subi autrefois un grand incendie détruisant beaucoup, mais restés aussi prestigieux que peu fonctionnels et très vastes au point de ne plus savoir quoi faire des espaces au moment où survenait la fermeture de lits ainsi que le regroupement des services sanitaires dans des constructions neuves d’empilement excentrées édifiés à la gloire de potentats dispendieux. De fait, ce lieu chargé d’histoire était tristement vide, depuis que les premiers soins avaient été déménagés dans l’amoncellement un peu pharaonique que j’ai décrit, façon astucieuse sans doute de soigner leur éventuelle peur d’être regardés de haut ou de les entraîner à avoir moins peur du vide conceptuel de l’inanité de la fonction de soigner des gens qui doivent un jour mourir quoiqu’il arrive. Cet hôpital pourtant « capital », ainsi vu par tous en ce pays, ne soignait pas n’importe qui. Ne pouvaient prétendre à s’y faire soigner que ceux sur qui les premiers secours déménagés avaient échoué, sauf à ce qu’ils soient mécontents des soins donnés ou qu’ils souhaitent des soins plus radicaux ou plus simplement qu’ils aient pris goût à l’odeur de la bétadine. Il y avait aussi des malades relevant de rares spécialités qui ne pouvaient donc dépendre d’hôpitaux régionaux. Une partie de l’hôpital n’était accessible qu’aux patients accompagnés d’un brancardier spécialisé, tout de noir vêtu à l’exception d’une forme de jabot plat, parfois jauni à la pliure du col. La complexité du brancardage avait même conduit à la pratique de brancardier spécialisé évitant aux patients et aux brancardiers amateurs de se perdre dans les couloirs formés de dédales sur plusieurs étages de l’hôpital. Ce métier avait ensuite été supprimé, au grand dam des patients qui devaient payer le coût de brancardage sans avoir de brancardier aguerri. Et on ne comptait plus les accidents de couloir générés par des amateurs, plus branquignols que brancardiers. Ce n’est un secret pour personne, les hôpitaux sont encombrés. Les médecins locaux avaient donc élaboré des examens préalables extrêmement efficaces pour expulser les patients. Avant même de commencer à étudier la maladie du patient, un examen attentif de la couleur, du format, des agrafes et reliures de son dossier permettait de le renvoyer chez lui, avec une bonne ordonnance qui en général ne le soignait pas, mais le guérissait de l’envie de revenir. On avait amélioré la technique du “dites trente-trois  » en un terrible “dites neuf cent et un chiffre de votre choix », histoire de voir si la victime potentielle des Diafoirus avait son autonomie mentale. S’il ne proférait pas le bon nombre ainsi composé de neuf cent et du chiffre auquel le Docteur pensait, le malade était éconduit. Il pouvait toujours se plaindre de l’ineptie du procédé, le recours était porté devant un collège qui usait de la même façon, de sorte que le hasard appelé chance permettait d’accèder à l’étape suivante du parcours hospitalier, car c’est de cela qu’il s’agit. Car malgré cette barrière d’entrée, certains patients arrivaient encore à entrer dans le couloir des consultations. Du coup, une seconde technique était mise en place. Elle consistait à les entasser dans des lits superposés pour un ou deux et les laisser mûrir deux ou trois ans, en leur disant de loin en loin que leur tour surviendrait. Premier avantage, le patient pouvait mourir en attendant. Second avantage, pour peu qu’il vieillisse un peu, il aurait oublié de quoi il était malade. Et comme certains pharmaciens se faisaient un plaisir de lui faire payer la location du lit, il y avait aussi ceux qui avaient la bonne idée de rentrer chez eux tous seuls. Pour en dissuader d’autres, on pouvait aussi leur prescrire de coûteuses réunions avec un psychologue chargé de les convaincre à leurs frais qu’ils n’étaient pas malades. Une troisième technique était mise en place, consistant à considérer qu’un patient qui n’avait pas sonné ou hurlé qu’il avait mal depuis deux ans était sans doute mort. Son lit pouvait être libéré à la demande de tout autre patient debout. Du coup, les patients astucieux s’étaient munis de coucou-clocks qui sonnaient “aie” à intervalles réguliers. Mais malgré tout, tous les patients ne mourraient pas en route. Bien que certains qui s’étaient perdus dans les couloirs à la recherche du sort de leur dossier médical avaient été retrouvés morts et desséchés. Ce qui arrivait aussi à des brancardiers qui ne trouvaient pas la sortie. Et soigner sans arrêt des patients qui viennent perturber les moments de tranquillité, en se plaignant tous des mêmes maladies et en s’obstinant à ne pas suivre le traitement préconisé par les premiers soins …. disons le tout net, c’était fatigant. Alors pour délester un peu le travail, l’hôpital engageait chaque semestre une armée d’internes. Cette population, jeune et inexpérimentée, était chargée de déshabiller le patient, de l’ausculter, de lui faire les analyses nécessaires, de mettre au propre son histoire et éventuellement de préconiser des traitements. Elle se relayait d’année en année, trop contente d’apprendre comment soigner si elle rêvait de devenir médecin ou d’apprendre comment patienter si elle rêvait de devenir patient ou brancardier. Ces hordes de jeunes évitaient à ceux des médecins qui n’ont pas une passion pour le contact avec les patients de risquer d’attraper une maladie en approchant desdits patients. Les internes en question ne semblaient pas trop se plaindre de leur sort. Ils étaient certes rémunérés au tarif de celui qui travaille et qui ne sait pas, très inférieur au tarif de celui qui – notamment – sait. Mais ils pouvaient en profiter pour parfaire leur bronzage sur les marches de l’hôpital et assister à des opérations, ce qui leur permettait pour plus tard de s’entraîner à souffrir ou à charcuter selon le camp qu’ils choisissaient. Et c’était particulièrement utile car à devenir brancardier, avant de bien maîtriser leur métier dans la circulation des couloirs tordus, au parquet dangereux, à la lumière défaillante, il y avait toujours des bras cassés. On parlait à demi-mots de médecins qui, en fréquentant trop les patients, avaient attrapé des tours de reins, des insomnies, voire même une terrible maladie, l’empathie. Mais heureusement, la mise en place de cabinets de consultations avec vitre de protection, et la quasi-interdiction aux malades d’ouvrir la bouche en présence des médecins avait rapidement mis fin à tout risque que l’un fracture les oreilles de l’autre en essayant de lui expliquer ce qu’il ressentait. D’autres mesures dissuasives avaient été mises en place. Notamment l’obligation de fournir un certificat de vie de celui qui vous avait rendu malade et qu’on souhaitait assassiner. Au cas où le responsable serait mort de mort naturelle, cela faisait un cas de moins. Cette procédure permettrait avec régularité de vider les lits. Deuxième mesure astucieuse, obliger le patient à rapporter l’entier de son dossier médical, imprimé sur des feuilles dont la couleur était soigneusement choisie, et attaché avec des pansements dont le format était imposé. Et tant qu’à faire obliger le patient à apporter son dossier deux semaines avant tout espoir de consultation afin de pouvoir pendant la consultation lui fermer le bec d’un sec “ la faculté a lu votre dossier, finissez”. Troisième mesure encore plus astucieuse, d’autant plus que ne figurant dans aucun traité de médecine, obliger le patient à apporter un échantillon de son sang et de ses urines dans une petite fiole transportable. Pourquoi faire alors que leurs analyses étaient disponibles dans le volumineux dossier obligatoire ? Ah bah oui mais le dossier était bien lourd à transporter et les médecins souhaitaient parfois se dispenser d’avoir à le porter et préféraient renifler les urines eux-mêmes. Certes, la plupart du temps, les précieuses fioles scellées à la cire étaient retournées aux patients, non ouvertes, mais c’était néanmoins devenu une coutume. On raconte que l’expression “il se paye ma fiole” vient de là. Les médecins n’étaient bien sûr pas les seuls à travailler à l’hôpital. Il y avait aussi les infirmières. Les deux corporations, bien que travaillant ensemble avaient une forte propension à rappeler régulièrement qu’elles n’avaient pas gardé les microbes ensemble et que chacun avait sa place et sa fonction dont il convenait de ne pas sortir. Les unes étaient sous l’autorité d’une direction des soins infirmiers dont la principale préoccupation était l’absence de bruit dans les couloirs et d’éviter à tout prix une élévation de température. Une méthode imparable avait été développée, casser le thermomètre ce qui évitait tout coup de chaud. Quant aux médecins, ils dépendaient plus ou moins d’un médecin chef, mais avec une grande habitude d’autonomie, issue pour certains d’entre eux du fait qu’il était quasi-impossible de les changer de salle d’opération contre leur gré. L’hôpital est toutefois un milieu éminemment dangereux et où les médecins auraient pu attraper les pires maladies. Pour éviter cela on s’efforçait de les changer régulièrement de spécialité car la compétence acquise pouvait se révéler nuisible à ceux qui ne l’avait pas atteinte. On les changeait aussi de lieu afin qu’ils ne copinent pas inutilement avec les malades ou les brancardiers. Du coup, certains habitant un peu loin de leur salle d’opération commençaient de réfléchir à la bonne technique opératoire de chez eux, et continuaient la réflexion dans le train. Ainsi de trois jours de présence obligatoire à l’hôpital, il en faisait une après-midi, puis une journée complète et une matinée, de sorte qu’ils pouvaient prétendre être bel et bien trois jours à l’hôpital. De toutes les façons, chaque trimestre, une période de sanatorium était organisée pour s’assurer qu’ils ne s’habituent pas inutilement à voir passer des patients. Et pourtant, tous n’en mourraient pas même si tous étaient frappés.
Pour les soins qu’ils recevaient, soyons honnêtes. Si l’on se donnait le mal de regarder le détail des sutures et des coups de bistouris, on y voyait au microscope la trace d’un travail extrêmement soigneux et extrêmement technique quelle que soit la complexité de la pathologie. Et finalement, si les patients se plaignaient de n‘être pas assez bien traités, ils n’avaient qu’à s’en prendre à leur absence de syndicat. Les médecins avaient un syndicat, les infirmiers avaient un syndicat, les brancardiers avaient plus ou moins un syndicat, et les patients, bien que rémunérant directement ou indirectement l’ensemble des trois autres corporations n’avaient pas de syndicat. Avec philosophie, m’a-t-on dit, un Docteur appelé Choron aurait énoncé .. « qu’ils crèvent.» La Cour des Aides qui autrefois avait siégé dans les lieux vénérables, constatait amèrement qu’il n’existait aucun outil pour mesurer l’efficacité des hôpitaux principaux et encore moins de celui capital, ce qui paraissait à la Cour des Aides un privilège extraordinaire … »

Ainsi se termine le texte de ce récit persan du correspondant de l’illustre auteur, disponible aux yeux de son inventeur qui a bien voulu m’en rapporter la substance quelque temps après sa découverte. Un morceau de page qui semble pouvoir se rattacher aux extraits ci-dessus, révèle toutefois un usage assez constant dans ce pays aux moeurs étranges selon lesquelles le directeur de l’hôpital capital est destiné à devenir le grand coordinateur des prescriptions à destination des hôpitaux principaux et centraux,ces-derniers appelés ainsi parce qu’ils sont situés au coeur de chaque provinces du pays. Rarement ces fonctions ont été accordées à une femme. Il semble selon des archives, cependant parcellaires parvenues jusqu’à nous,  que deux d’entre-elles soient arrivées à ce poste.